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Bonjour Francis Taptue. Vous êtes le réalisateur du documentaire "Visa étudiant" qui évoque la vie des étudiants africains en Europe (France, Allemagne) et aux Etats-Unis. Pourquoi vous êtes-vous intéressé à ce thème ?
L’idée de réaliser ce film m’est venue lors d’un séjour en Allemagne en 2003. J’étais dans un restaurant universitaire avec des étudiants africains. Lors de nos échanges certains se peignaient de la vie dure, des problèmes d’adaptation, d’autres déploraient le manque de préparation et d’information en Afrique avant le départ.
Moi-même étant un ancien étudiant originaire du Cameroun, j’ai le souvenir qu’une fois le visa étudiant en poche je ne me suis même pas posé la question de savoir quelles étaient les réalités de mon pays d’accueil en matière d’intégration, d’adaptation et de vie. Je n’avais qu’une chose en tête : partir. Je me disais qu’une une fois sur place on verrait.
On apprend dans l’introduction de votre documentaire un fait assez peu connu : les étudiants africains sont les plus mobiles du monde puisque plus de 5,8% d’entre eux étudient à l’étranger (ce qui est le triple de la moyenne mondiale)...
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Le futur de l’Afrique ne se bâtira pas sans ses diplômés, ses ingénieurs, ses médecins, ses chercheurs...Que l’on ait fait le choix détudier et/ou travailler à l’étranger ou en Afrique, Il appartient à chacun d’imaginer et de faire vivre le continent |
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| Francis Taptue |
C’est vrai, il faut noter que dans ces chiffres le continent africain se taille la part du lion. Au départ je pensais plus aux étudiants chinois et lors de mes différents passages dans les campus à Paris en Allemagne et à Chicago, j’ai été surpris par les chiffres que m’annonçaient les responsables de département étranger.
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Aller étudier à l’étranger attire toujours autant les jeunes Africains, mais vous montrez qu’il y a un décalage entre les conditions de vie réelle dans les pays d’accueil et l'image idéalisée que ces jeunes Africains avaient avant leur départ...
Nombreux sont les étudiants qui rêvent d’émigrer en Europe et au Etats-Unis pour un meilleur cursus dans les grandes écoles et universités. 98 % de ces étudiants n’ont jamais quitté leur pays natal avant le baccalauréat. Ils n’ont pour idée de leur pays d’accueil que l’image idéalisée véhiculée par les chaines de télévisions. Image bien loin de la réalité qui les attend.
Pour un astronaute qui se prépare à aller sur la lune pour la première fois, on prend bien soin d'évaluer non seulement ses aptitudes intellectuelles, mais aussi et surtout ses capacités à vivre et à s’adapter dans un nouvel environnement. Aujourd’hui en Afrique, rares sont les supports pédagogiques qui préparent, de manière générale, "l’émigré étudiant" aux conditions de vie, d’adaptation et d’intégration à l’extérieur du continent.
Vous suivez plus particulièrement quelques étudiants comme Alain Richard qui a intégré Sciences Po sur dossier, Alex qui fait des études scientifiques dans une université à Chicago et qui travaille pour financer ses études, Nathalie effectue des études littéraires aux Usa après avoir commencé en France...
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Dieu serait descendu sur terre en me disant de ne pas partir étudier à l'étranger, je lui aurais dit "seigneur attends d'abord". Il faut que j'aille voir ce qu'il y a de l'autre côté |
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| un étudiant interrogé dans "visa étudiant" |
Ces étudiants nous montrent à travers leurs singularités, le parcours long et difficile des étudiants africains, loin de leur patrie, loin de leur famille avec pour seule ambition, la réussite. Alain Richard est arrivé à Sciences Po Paris avec une licence. Après son diplôme et après avoir évalué la situation, il décide de rentrer au Cameroun. Alex arrive aux USA avec un baccalauréat et est contraint de le refaire. Entre autre galère, il doit travailler un an pour financer un an d’étude...
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Alain Richard, étudiant de Sciences Po suivi dans ''Visa Etudiant''
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Vous vous êtes aussi attaché à montrer la façon dont ces étudiants étaient perçus par leurs camarades et par leurs professeurs...
C’était très intéressant, j’ai pu constater que les étudiants français par exemple aimaient plus avoir les ami(e)s africain(e)s que français(es). Ils trouvent l’échange moins hypocrite. Les professeurs, en Europe comme aux USA trouvent enrichissant le mélange des cultures tandis que les chefs d’entreprise qui emploient ces étudiants saluent leur détermination et leur abnégation.
Vous analysez aussi la question du dilemme qui se pose à ces étudiants à la fin de leurs études : travailler dans le pays d’accueil ou rentrer dans le pays d’origine. Dans le documentaire, on a les deux cas...
Le grand dilemme...rester ou rentrer. Vous savez, pour certaines familles en Afrique, le départ d’un enfant à l’étranger est synonyme de "réussite sociale", un gage de revenus pour toute une famille ou même tout un village. Alors très souvent l’étudiant porte sur ses épaules une lourde responsabilité, celle de rester et travailler pour subvenir aux besoins de la famille ou de la communauté.
Aujourd’hui, les Etats-Unis offrent aux étudiants étranger la possibilité de rester un an après les études pour trouver du travail, ils ont mis en place l’OPT (Operational pratical Training) qui permet de changer de statut afin de faciliter l’insertion des étudiants étranger sur le territoire Américain.
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En Europe chaque pays applique sa propre politique de séduction des cerveaux africains. En France, depuis 2010, des réformes ont été entreprises pour faciliter l'emploi des étudiants étrangers. La carte compétence et talent donne droit, aux étudiants étranger porteurs de projet, à trois ans de travail sur le territoire français après le diplôme.
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Selon l'Unesco, les étudiants africains sont les plus mobiles du monde. En 2004, 6% d'entre eux étudiaient à l'étranger, soit le triple de la moyenne mondiale
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Si on s'en tient uniquement au discours et aux promesses des hommes politiques africains, on attendra longtemps pour voir rayonner le continent. Pour ma part et comme je le souligne dans le film, le futur de l’Afrique ne doit pas être dans l'immobilisme, les prières et ses attentes, c’est dans la volonté et la détermination de tous à se lever pour bâtir un continent prospère avec responsabilité et audace. La prospérité de l’Europe après les guerres et la Chine après Mao ne doit pas être utopique aujourd'hui en Afrique.
Le futur de l’Afrique ne se bâtira pas sans ses diplômés, ses ingénieurs, ses médecins, ses chercheurs...Que l’on ait fait le choix de travailler à l’étranger ou en Afrique, Il appartient à chacun d’imaginer et de faire vivre le continent.
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"Visa Etudiant" sera t-il visible à la télévision ? Sera-t-il diffusé sur le continent africain puisque le sujet intéresse au plus haut point les jeunes Africains vivant sur le continent… ? Y a-t-il des démarches entreprises dans ce sens ?
La production (TFMEDIAS) fait des démarches dans ce sens auprès de TV5 Afrique et d’autres chaînes du continent. C’est un film destiné aux futurs étudiants qui souhaitent quitter le continent. Le documentaire, veut également montrer aux parents et familles en Afrique, à ces parents qui attendent beaucoup de ces étudiants, un aperçu de la vie réelle de leur progéniture.
Nous sommes ouverts à une discussion avec toutes les chaînes qui souhaiteraient acquérir les droits de diffusion sur le continent africain. Nous sommes également ouverts à des discussions avec des centres culturels, ou des associations d’étudiants en Europe ou aux USA pour une projection. Pour tout autre renseignement nous écrire via le site www.tfmedias.com. Les grioonautes qui seraient intéressés peuvent commander en ligne le dvd pour 25€, frais de port inclus.
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Vidéo : Bande annonce de ''Visa Etudiant'' |
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