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Est-ce cette bienveillance qui conforte Yaya Djameh dans la conduite de son pays avec une main de fer ? Avec ses belles plages, la Gambie attire de nombreux touristes occidentaux. Que peuvent-ils demander de mieux si ce petit pays satisfait toujours leurs désirs de s’offrir des vacances de rêve sur des plages ensoleillées ? Toujours est-il que la mauvaise publicité sur les atteintes aux droits essentiels ne semble pas émouvoir outre mesure l’homme fort de Banjul qui s’est cependant paré d’habits de la démocratie en légitimant son pouvoir par une mascarade d’élections qu’il a remportées en 1996, 2001 et 2006. S’il a enlevé depuis lors sa tenue militaire, c’est pour se revêtir de gros boubous qui lui font ressembler à un marabout ou plutôt à un charlatan.
On ne saurait le qualifier autrement depuis qu’il a dit le plus sérieusement du monde être en mesure de soigner le Sida de façon mystique. Une sacrée longueur d’avance sur les chercheurs jusque-là incapables de trouver un remède à cette redoutable maladie. Il ne reste plus à ces derniers qu’à aller à l’école de ce président- guérisseur. Reste que tout cela sent l’arnaque et la fadaise auxquelles d’ailleurs des concitoyens de ce président ne croient pas, même s’ils se gardent de le dire ou de le faire savoir, par crainte de représailles. Combien de temps encore faudra-t-il supporter l’homme fort de Banjul qui ne fait rien contre les campagnes de chasses aux sorcières menées dans des villages ? Pour avoir enquêté sur ces pratiques d’un autre âge, un opposant, journaliste de son état, a été jeté en prison.
Cet énième emprisonnement de cet opposant s’ajoute à d’autres atteintes aux droits humains dont se rend régulièrement coupable le régime du jeune soldat devenu président à 29 ans. On a encore en mémoire l’assassinat en décembre 2004 du directeur de publication du quotidien privé "The Point", Deyda Hydara. Aujourd’hui, c’est cet opposant qui a pris la relève pour assurer la parution de ce seul quotidien privé qui a maille à partir avec la justice qui l’a inculpé en février dernier pour "publication et diffusion de fausses informations" et "obtention de documents personnels sur la base de fausses déclarations". Ainsi va la vie en Gambie qui devait pourtant être un pays de démocratie et de liberté pour être enclavé dans un pays de tradition démocratique comme le Sénégal.
Séni DABO
Le Pays
www.lefaso.net
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