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François Fillon et Yves Jégo en réunion à Matignon le lundi 9 janvier
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daylife |
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Alors qu’il s’apprêtait à finaliser un accord pour mettre fin à la paralysie générale en Guadeloupe, Yves Jégo a été sommé par Paris de rentrer illico presto en métropole. Hier, le Premier ministre, François Fillon, l’a reçu à Matignon. Officiellement, pour finaliser l’accord négocié sur place par le secrétaire d’État pour sortir de la crise. Officieusement, pour un gros rappel à l’ordre de ce ministre jugé bien trop généreux. Un beau rétropédalage, avant une nouvelle réunion ce mardi...
Sur place depuis le 1er février, Jégo avait en effet annoncé qu’il n’avait pas "de calendrier de retour", et que "grâce aux moyens modernes de technologie", il pouvait "gérer l’Outre-Mer comme [il] le ferai[t] de la rue Oudinot", adresse du secrétariat d’État. Alors plus d’Internet ni de téléphone ? "Yves Jégo lâchait trop", explique laconiquement l’entourage du Premier ministre. Aux termes d’un accord intervenu en Guadeloupe entre le patronat et le comité LKP - "Collectif contre l’exploitation outrancière" (LKP) à l’origine de la grève générale lancée le 20 janvier - des allègements de charges sociales sont prévus pour les entreprises fragilisées. Des allègements qui doivent se répercuter sur les salaires. Depuis le début du conflit, le comité des grévistes réclame une hausse de 200 euros pour les bas revenus… le tout pour un coût de 108 millions. Aussitôt, le patronat fait savoir que l’addition est salée et en appelle au financement de l’État. Donc à un feu vert de Matignon. |
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Élysée et Matignon craignent une '' contamination '' |
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Yves Jégo ''convoqué'' à Paris par François Fillon
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afp/getty |
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Gloups, en ces temps de crise générale, 200 euros à verser à 85 000 salariés...Le cabinet du Premier ministre fait rapidement les comptes avant de manquer de s’étrangler. Et se demande si Yves Jégo n’a pas abusé de l’excellent Ti Punch local. Surtout que dans le même temps, la grève générale a gagné la Martinique. Dans ce contexte, l’Élysée et Matignon craignent une "contamination" : en clair, que les Martiniquais réclament les mêmes 200 euros que les Guadeloupéens viennent de négocier. Depuis le 5 février, la mobilisation s’est en effet intensifiée en Martinique, avec des fermetures forcées par les manifestants de la totalité des grandes surfaces. Et dans ce tohu-bohu, avec les piquets de grève, un certain nombre de clients sont sortis s’en payer. De quoi déplaire fortement au patronat martiniquais qui a toutes ses entrées au plus haut sommet de l’État.
Plus qu’en Guadeloupe, le pouvoir économique y est concentré entre très peu de chefs de famille, qui ont toujours su se faire entendre. Pas question dès lors de toucher au quasi-monopole qu’ils exercent sur l’activité la plus rentable de l’île : la grande distribution ! Ces patrons veillent au grain et s’arrangent entre eux pour éviter toute concurrence réelle, malgré la multiplicité des enseignes. Pour eux, l’idée de faire baisser de 30% les prix d’une centaine de produits de base et d’augmenter les bas salaires, négociée en Guadeloupe, n’est donc en aucune manière recevable par "Les derniers maitres de la Martinique", comme les qualifiaient un reportage diffusé sur Canal+, le 30 janvier dernier, qui a suscité bien des remous sur place avant même sa diffusion. |
Mais à quoi joue la métropole avec l’Outre-Mer ? |

Descendants en ligne directe des maitres esclavagistes de l’île, les "Békés" semblent avoir fait remonter leur hostilité à tout accord, au plus haut du pouvoir à Paris, comme le laisse entendre le communiqué de Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP : "il ne peut pas y avoir deux lois de la République", en métropole et Outre-mer. Il faut "trouver des solutions qui viennent en aide évidemment à nos compatriotes" de Guadeloupe et de Martinique, "mais qui en même temps ne peuvent être éloignées de la situation de nos compatriotes en métropole". La crise a bon dos.
Mais à quoi joue la métropole ? Dans une situation qui dégénère tous les jours un peu plus sur place - plus d’essence, plus de denrées, des écoles fermées et 10 000 manifestants par jour dans la rue, l’équivalent de 5 millions de personnes en métropole - les couacs s’enchaînent au sommet de l’État. La communication est de plus en plus brouillonne, le discours incertain...voire inexistant. Dans son allocution télévisée, jeudi 6 février, Nicolas Sarkozy ne dit mot de l’Outre-Mer. "Ses fiches étaient pourtant prêtes", se défend son entourage. Sauf que d’habitude, le président n’a pas la langue dans sa poche et arrive à caser ce dont il veut parler...Deux poids, deux mesures ? |
Mauvais jeu de Jégo |

Comme si les collectifs contre l’exploitation (la pwofytasyon en créole) ne suffisaient pas, voilà qu’un rappel télévisé du douloureux passé et des criantes inégalités que connait toujours la Martinique, est venu chatouilller des sensibilités à fleur de peau. Canal+, en diffusant son documentaire "Les derniers maitres de la Martinique", un reportage sans complaisance sur les "Békés", les descendants en ligne directe des maitres esclavagistes de l’île qui continuent à se tailler la part du lion dans toutes les activités économiques, a remué le couteau dans la plaie.
Bien que Canal+ compte peu d’abonnés aux Antilles, l’impact de ce reportage, facilement accessible sur Internet, a été tel que France O Martinique ne pouvait l’ignorer. Dans son journal télévisé du 7 février, quelques extraits, dont une interview du patriarche de la famille Huygues-Despointes qui proclamait son attachement à la "pureté de la race" (blanche), ont suscité de nombreuses réactions. Des Martiniquais blancs et noirs ont manifesté leur indignation à l’encontre des propos racistes tenus par M. Huyghes-Despointes.
Le brutal rappel à Paris d’Yves Jégo a été perçu sur place comme une confirmation de l’influence prépondérante des réseaux békés dans la politique française. |

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