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Alpha Condé et Sékouba Konaté lors de son investiture
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lefaso.net |
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Pas de doute, un homme doit être très embarrassé en ce moment à Conakry : Alpha Condé, le vieil opposant de l’histoire de la Guinée. Investi hier mardi à la tête de son pays comme président de la République naissante, le professeur et éminent dialecticien aura enfin l’occasion d’expérimenter toutes les thèses échafaudées dans le sanctuaire des universités en France, et sur le terrain en Afrique, durant les années de plomb.
Il faut sortir la Guinée, à la fois si riche et si pauvre, de sa léthargie devenue légendaire. Encore faut-il savoir à quoi donner la priorité, tellement les attentes sont grandes ! Avec Condé, longtemps incompris, rejeté, adulé, donné gagnant, investi et installé, c’est assurément une autre page de l’histoire de la Guinée qu’on vient de tourner.
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Il faut espérer que Alpha Condé ne soit pas à son tour victime du syndrome de l’opposant historique qui, une fois au pouvoir, déçoit continuellement les Africains. Parce que vite gagné par la boulimie du pouvoir et la mégalomanie (...) Comme Abdoulaye Wade au Sénégal et Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire |
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Condamné à mort sous Sékou Touré, emprisonné sous Lansana Conté, il est devenu le premier président démocratiquement élu de la Guinée.
Après toutes les conjectures et les incidents qui ont marqué le second tour du scrutin présidentiel en novembre dernier, voilà à présent l’occasion rêvée, pour le nouveau président, de formater les consciences pour mieux bâtir le pays qui a trop attendu. De quoi faire chanter et danser les nombreux partisans de l’intérieur comme de la diaspora. Mais la Guinée s’en sortira-t-elle pour autant ? Un grand pas a été franchi, et une page importante tournée. |
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Mais la demande sociale est très élevée et donc la tâche immense. Condé peut bien décevoir avant la fin des cinq ans de mandat présidentiel. Il n’empêche, l’espoir d’une sortie de l’impasse est permis. Au "professeur" et à son équipe de s’empresser de poser des actes concrets dans le sens de satisfaire la demande sociale et surtout d’amener le pays à se réconcilier avec lui-même.
Il appartient aussi aux Guinéens, qui ont longtemps rêvé de voir le pays s’en sortir un jour, de lui accorder également du répit. Tout ne se fait pas en un jour. Patience, patience et encore patience. Mais il faudra également compter avec la vigilance de son adversaire du second tour, Cellou Dalein Diallo. Ce dernier a beaucoup œuvré pour la paix et la démocratie républicaine en reconnaissant sa défaite. Il faut espérer que Alpha Condé ne soit pas à son tour victime du syndrome de l’opposant historique qui, une fois au pouvoir, déçoit continuellement les Africains. Parce que vite gagné par la boulimie du pouvoir et la mégalomanie.
Comme Abdoulaye Wade au Sénégal et Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire. Le continent souffre beaucoup de la métamorphose soudaine de ces anciens opposants. En effet, l’on comprend mal que parvenus au faîte du pouvoir après avoir longtemps souffert le martyre dans l’opposition, les opposants africains agissent comme leurs prédécesseurs, envers et contre tous. Une fois sûrs de leur mainmise sur l’appareil d’Etat, ils se préoccupent de liquider toute velléité de contestation. |
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Cellou Dalein Diallo candidat malheureux au second tour, a reconnu sa défaite
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Par un tour de passe-passe, ils bafouent impunément les sacro-saints principes de la démocratie républicaine. Il est vrai qu’en Afrique, il est difficile d’échapper à l’emprise du virus du pouvoir, mais tout de même ! Aussi Alpha Condé doit-il prendre des dispositions afin que le pouvoir ne lui tourne pas la tête. Par exemple : savoir s’entourer de gens sérieux qui disent constamment la vérité. Des alliés qui veulent et savent travailler sans d’abord penser à se remplir les poches, en renvoyant chaque fois à plus tard les aspirations des Guinéens. Certes, cette espèce d’acteurs politiques et d’agents du changement et du développement se fait de plus en plus rare sur le continent.
Mais en regardant bien, on en trouve toujours. Prendre pour cela le temps qu’il faut, et surtout éviter de se laisser distraire. Ne s’estimant pas tenu par la signature du régime précédent, Alpha Condé se réserve le droit de faire réviser certains contrats miniers s’il juge que les intérêts du pays sont lésés. L’on comprend alors pourquoi il entend s’entourer de ministres au-dessus de tout soupçon ; autrement dit, des personnalités n’ayant pas été associées au moindre scandale politico-financier.
Dans ce pays si fertile et si doté de ressources naturelles, Alpha Condé et les siens devront gérer les biens publics avec méthode et rigueur, promouvoir les libertés démocratiques et veiller au respect des droits humains. Il leur faudra éviter de s’empêtrer dans les débats de la politique politicienne, refuge habituel des démagogues qui distraient des obligations et dispersent les énergies. On le voit, les défis sont nombreux. Entre autres problèmes à évacuer : le fossé ethnique qui divise la Guinée. La question ne doit pas être négligée. Après les tumultes, les assassinats et les pillages éhontés qui ont assombri l’histoire de la Guinée, la réconciliation apparaît comme un impératif. |
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Des étudiants guinéens victimes de coupure de courant, étudient sous les lampadaires de l'aéroport de Conakry : les chantiers sont immenses pour le nouveau président
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Toutefois, il faut se garder de la laisser peser sur l’exécution du mandat. L’urgence aujourd’hui, c’est de nourrir les Guinéens en repensant le développement agricole, leur donner de l’eau, de l’électricité, des soins, une éducation digne de ce nom et leur assurer la sécurité. C’est aussi leur trouver du travail, notamment en construisant des infrastructures (routes, ponts, bâtiments, etc.).
Dans cette optique, il faudra faire appel à une expertise que le pays peut mobiliser au niveau de sa diaspora dont le potentiel est énorme. Parallèlement, il faut revivifier le riche patrimoine culturel qui a nourri l’Afrique entière. Il peut bien aider à apaiser les cœurs, et à réconcilier les peuples de Guinée dont la contribution à l’histoire de ce continent est exemplaire à plus d’un titre.
Cette présidentielle est bien lourde de responsabilités. Condé dispose d’un seul mandat de cinq ans pour évacuer les rancoeurs et réconcilier ses compatriotes. Ce n’est pas facile mais ce n’est pas impossible. Il doit savoir construire ou reconstruire, avec le concours de tous et de chacun. Cependant, ce mandat ne sera pas celui d’Alpha Condé seul, mais bien celui de tous les démocrates guinéens. Ceux qui, un jour, ont rêvé d’un changement dans ce pays, comme peuvent en rêver les Africains pour ce continent victime de l’indifférence des acteurs politiques, et d’une certaine manière, de l’intolérance et du manque de solidarité de nombre de ses enfants.
"Le Pays"
www.lefaso.net |

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