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Lansana Conte et Jacques Chirac le 21 juillet 1999
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reuters |
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La mort du Président Lansana Conte plonge la Guinée dans une situation confuse. Cette confusion est voulue par les différents protagonistes du pouvoir politique guinéen qui, au-delà des déclarations, souhaitent préserver leurs avantages politiques, économiques, financiers, sociaux et d’influence. Ainsi va l’Afrique qui, malgré les déclarations de ses dirigeants, continue de défier l’évolution du temps en considérant par l’intermédiaire de ses dirigeants que la modernité démocratique n’est pas pour elle, encore moins l’alternance politique.
En Guinée les faits sont connus. Après son arrivée au pouvoir en 1984, le Président Lansana a géré le pouvoir guinéen en s’entourant de ses principaux féaux représentés par les proches du Président (les membres de sa famille, les principaux généraux et les hommes d’affaire principalement Soussous issus de l’ethnie du Président défunt). Que va-t-il se passer maintenant ? L’ethnie est un élément fondamental en Afrique malgré les déclarations des intellectuels africains, qui, dans l’opposition, refusent l’ethnicisation de la vie politique, mais une fois arrivés au pouvoir, s’empressent de faire allégeance à l’ethnie dirigeante à laquelle ils appartiennent.
Qu’on me permette de dire à haute voix ce que d’autres veulent garder caché. Au-delà des aspects stratégico-politiques liés aux partis politiques, aux alliances de circonstance, au rôle de l’armée et d’une société civile en voie de création sur lesquelles je reviendrai, une inconnue ethnique demeure : le comportement des ethnies Peul, Malinkés et autres qui ne manqueront pas de demander leur part du gâteau à l’ethnie Soussou qui depuis Sékou Touré a toujours dirigé la Guinée. Pour la nouvelle politique que je préconise en Guinée, je souhaite que les luttes ethnico-politiques n’existent pas même si certains militaires ou membres du gouvernement ou de l’assemblée nationale n’hésiteront pas à emprunter cette voie chaotique. |
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Avant de préciser ce que doit être cette nouvelle politique, revenons aux différents acteurs du théâtre guinéen. Le comité national pour le développement et la démocratie, dirigé par le capitaine putschiste Moussa Dadis Camara, souhaite conserver le pouvoir au nom de la stabilité de la Guinée et organiser des élections en 2010. On n’est pas obligé de le croire, même si le capitaine dit que la prise du pouvoir est un acte de civisme qui répond à la volonté de sauver le peuple guinéen en détresse. Monsieur Moussa Dadis Camara dit que le Conseil national pour le développement et la démocratie n’a aucune ambition de s’éterniser au pouvoir.
Ce type de déclaration émotionnelle a souvent été utilisé par des putschistes militaires qui en Afrique ont utilisé ce mode d’expression politique pour rassurer les populations et la communauté internationale, qui, dans le cas guinéen, a condamné le coup de force en énonçant les différentes sanctions dont pourrait faire les frais la junte au pouvoir. Comme toujours, les injonctions velléitaires de la communauté internationale restent lettre morte car les putschistes ont appris à passer outre.
Le véritable problème est que le Président Lansana, comme toujours en Afrique, n’a pas préparé de dauphin, a établi une constitution sur mesure pour lui et les siens, constitution dont l’actuel Président de l’assemblée nationale Aboubacar Somparé et le premier Ministre Ahmed Tidiane Souaré sont les dépositaires. Or malheureusement pour eux, les textes constitutionnels élaborés de façon arbitraire et souvent pour un seul ne valent rien après la mort de celui-ci. La constitution « Contienne » mise en place par le Président défunt, prévoit que le Président de l’assemblée nationale succède au Président de la République et organise, dans les 60 jours qui suivent après la vacance du pouvoir, les nouvelles élections. |

Or nous savons tous que, malgré le brouhaha, l’émotion, les indignations, les critiques vis-à-vis du régime de Conté, ce sont les mêmes qui, hier d’accord avec lui, retournent aujourd’hui leur veste en critiquant son accès au pouvoir et tous ses actes pour préserver le pouvoir malgré sa santé défaillante. Que le peuple guinéen se réveille, que la société civile et les populations guinéennes qui ont subi un lourd tribut après les différentes émeutes (2007) ne se fassent pas voler l’avancée vers une nouvelle ère politique. La mésentente actuelle au sein de l’armée oppose la génération des anciens représentée par le Général Diarra Camara chef d’Etat Major et la nouvelle génération emmenée par le Capitaine Dadis Camara qui ne supporte plus l’injonction des anciens au nom du droit d’ainesse.
Nous sommes au cœur de ses ambigüités entre l’Afrique sur ses fondements anciens et l’Afrique dans sa modernité. Pour terminer je souhaite esquisser quelques grandes lignes de ce que peut être la nouvelle politique en Guinée mais valable aussi pour certains pays africains dont certains Présidents se comportent comme des autocrates ou des dictateurs éclairés par les constitutions taillées sur mesure. Les Guinéens doivent, sur le modèle malien et pour éviter des troubles, accepter, tout en restant vigilants, que la transition politique soit organisée par l’armée. Pendant ce temps, les partis politiques doivent s’entendre sur la nécessité d’une alternance politique après les élections en modifiant de façon collective la constitution qui doit valoriser l’alternance comme viatique démocratique.
Dans cette constitution, un statut doit être établi qui indique le chef de l’Etat, après sa défaite, doit être traité comme un dignitaire de haut rang avec salaire, avantages matériels à définir dignes de son rang, pour éviter les trop nombreuses guerres civiles souvent dues à l’humiliation du chef de l’Etat après son départ du à une défaite aux élections. Que les constitutionnalistes africains réfléchissent à cette proposition que je pense forte, opportune et équilibrée. |
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Moussa Dadis Camara et Kabine Komara, premier ministre désigné par le CNDD
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Il faut que les ethnies soient réintégrées dans le débat politique, non pas comme facteurs de division, mais facteurs de rassemblement. C’est parce que l’on parle d’une chose que l’on en est conscient et que l’on peut apporter des réponses. Ce n’est pas en se voilant la face, en jouant les autruches, comme on le voit trop souvent en Afrique, que l’on arrivera à construire une nouvelle politique. Tous les hommes politiques vous diront qu’ils sont pour l’unité nationale, mais tous pratiquent une politique volontairement ethnique valorisant les leurs. Voilà un des maux de l’Afrique.
Dernière remarque, la diaspora guinéenne au-delà des discours sur l’unité nationale, sur le rassemblement, sur la volonté de construire une nouvelle Guinée, doit prendre acte de la mort de Lansana Conte pour travailler avec les Guinéens restés au pays sans apparaitre comme les donneurs de leçon, ni les faiseurs de démocratie politique. Il y va de la santé politique et économique d’un pays dont le sous-sol est riche en Bauxite, en Or, en Diamant, et qui demande à ses fils une intelligence politique, économique et situationnelle afin que les richesses guinéennes, en dépit de l’absence de techniciens aguerris dans l’exploitation et la gestion des ressources, profitent à tous.
L’absence de spécialistes en exploitation technique n’exclue pas la capacité de créer les conditions pour que le pays profite de ses ressources. Regardez comment les pays du Moyen Orient arrivent à être maîtres et gestionnaires de leur pétrole, même si ce sont les compagnies étrangères qui l’exploitent.
Lucien PAMBOU
Diplômé de Sciences Po Paris
Professeur d’Economie et de Sciences Politiques
Conseiller municipal Alfortville |

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