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Les méthodes du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) frisent parfois l’humiliation. En effet, on se demande à quel titre Moussa Dadis Camara, le patron du CNDD, se transforme en juge pour demander publiquement des explications à certains anciens dignitaires qui, semble-t-il, auraient trempé la barbiche dans les deniers publics.
A la télévision guinéenne, certains ministres et même un ancien chef du gouvernement ont été sommés, sans aucun égard, de s’expliquer sur des dossiers devant le chef de la junte. Cependant, si la méthode laisse un peu à désirer, le CNDD, pour certains, fait œuvre utile pour son pays en traquant ces délinquants au col blanc, ces commerçants et opérateurs économiques véreux, ces narcotrafiquants et tous ces bandits de grand chemin qui troublent la quiétude des populations, déjà confrontées à la pauvreté et à la misère. Si ce n’est aux conséquences désastreuses de la malgouvernance, érigée en système de gouvernement.
Dès sa prise du pouvoir au lendemain de la mort du général Lansana Conté, le président autoproclamé, le capitaine Moussa Dadis Camara, avait annoncé ses intentions en clamant à tout vent qu’il n’était nullement friand de naam (on aurait dit commandement dans son corps) et qu’il a pris les affaires en main pour combattre le trafic de drogue, les détournements de deniers publics, la corruption. Un beau programme de gouvernement qui a séduit plus d’un et qui a reçu l’assentiment populaire, même si l’histoire politique contemporaine de nombre de pays africains enseigne la prudence et la méfiance face à cette profession de foi sans cesse répétée des hommes en treillis venus au trône. |
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La preuve, au fil du temps, le doute commence à tarauder les esprits quand le nouvel homme fort de Conakry menace, par exemple, de troquer son bariolé contre les bazins riches et les costumes, sous le prétexte que les hommes politiques et les responsables de la société civile lui manqueraient de respect. Curieusement, au même moment, des jeunes se mobilisent pour que le capitaine-président reste encore longtemps aux commandes du navire battant pavillon Guinée. On peut légitimement se demander si ce ne sont pas là des manœuvres qui cachent mal une volonté de continuer l’aventure présidentielle par la voie des urnes. On n’a pas fini d’épiloguer sur ce sujet qu’un nouvel élément vient révéler certains agissements des militaires du CNDD.
En effet, selon un rapport rendu public par l’ONG Human Rights Watch, des soldats guinéens ont dévalisé des commerçants, cambriolé des entreprises, surgi dans les tribunaux pour intimider des juges et exercé la violence contre des hommes d’affaires et des citoyens ordinaires depuis l’arrivée de la junte. En toute impunité. Cela pourrait être l’œuvre d’éléments incontrôlés. Mais, dans tous les cas, ce sont les militaires qui dirigent le pays, et les hommes qui commettent les exactions sont de leurs rangs.
D’ailleurs, le CNDD n’est-il pas venu aux affaires pour lutter contre les injustices sociales ? Quel paradoxe ! Le capitaine Dadis Camara doit donc revoir son organisation et discipliner ses troupes, lui-même en premier. A défaut, il perdra la sympathie dont il bénéficie au sein d’une certaine population et pourrait rendre son régime impopulaire, si ce n’est pas devoir partir plus tôt qu’il ne l’espérait.
Par Adama Ouédraogo Damiss
L’Observateur Paalga
www.lefaso.net |

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