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Harry Roselmack
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Collectif EPUAR / Thomas Laisné |
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Reçu par Charlotte Le Grix de la Salle dans le cadre de l'émission "Plus Clair" le samedi 28 février, Harry Roselmack a critiqué un éditorial de Christophe Barbier paru dans l'hebdomadaire "L'Express".
Ce dernier faisait,dans un éditorial qui montre qu'il n'a pas tout compris de la situation aux Antilles, l'amalgame entre l'élection d'Obama, la "fierté noire retrouvée", puis critiquait les "hérauts hallucinés de la repentance". S'il concédait du bout des lèvres qu'il fallait "briser les privilèges pour instaurer enfin, au pays des békés et des Blancs-créoles, le règne du mérite", il ajoutait aussitôt que l'Etat ne saurait cautionner une "spoliation vengeresse, ni ouvrir aux frais des métropolitains un guichet dégoulinant d'allocations injustifiées".
Mais le clou de l'éditorial allait arriver un peu plus tard, lorsque Christophe Barbier mettait en garde ses compatriotes "Français des tropiques" : Aux Français des tropiques qui veulent travailler à l'antillaise et consommer à la métropolitaine, rappelons qu'il faut labourer la terre arable pour qu'elle lève d'autres moissons que celle du songe et que, hors de la France, les Antilles seraient au mieux une usine à touristes américains, au pire un paradis fiscal rongé par la mafia, ou un Haïti bis ravagé par des "tontons macoutes" moins débonnaires qu'Yves Jégo...
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hors de la France, les Antilles seraient au mieux une usine à touristes américains, au pire un paradis fiscal rongé par la mafia, ou un Haïti bis ravagé par des "tontons macoutes" moins débonnaires qu'Yves Jégo |
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Christophe Barbier |
Un point qui n'aura pas échappé à Harry Roselmack qui s'est interrogé sur ce que voulait dire l'expression "travailler à l'antillaise" employée par Christophe Barbier. Plus globalement, on peut dire que l'éditorial de ce dernier n'est que le reflet de préjugés qui ont la vie dure chez les Français métropolitains. Et c'est d'autant plus grave dans le cas présent qu'il s'agit d'un journaliste reconnu, supposé être plus éclairé que ses compatriotes. Qui plus est, ces propos n'ont suscité quasiment aucune réprobation publique. A titre de comparaison, on se souvient par exemple de l'émotion provoquée par la banderole "anti Ch'tis" au stade de France lors de la finale de la coupe de la ligue 2008.
Par ailleurs, on peut s'étonner de cette obsession à pointer du doigt le fait qu'il existe aux Antilles des mouvements indépendantistes alors qu'il a été répété à maintes reprises par le LKP que le débat sur l'indépendance n'était pas l'objet de la grève. Dans le même registre que Christophe Barbier, le Quotidien Le Figaro qui a publié la semaine dernière un sondage selon lequel les français métropolitains étaient favorables à l'indépendance de la Guadeloupe, est beaucoup moins prompt à poser la même question quand il s'agit, au hasard, de la Corse ou du pays basque, où les mouvements indépendantistes sont pourtant beaucoup plus agressifs qu'en Guadeloupe.
On peut aisément conclure de tout ce qui précède que les Antillais en cette première décennie de 21ème siècle restent dans l'esprit de beaucoup de leurs compatriotes, comme des Français pas tout à fait comme les autres. Il serait (enfin) temps que ça change... |