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La victoire d’Obama contre Hillary Clinton est là, implacable et incontestable. Il faut remercier les deux acteurs pour leur combativité et pour leur capacité future de travailler ensemble si Obama devient Président des Etats Unis. Pour la première fois, deux symboles minoritaires, une femme et un homme noir, sont capables de parler au nom des Etats Unis et de dire que la démocratie américaine a encore et toujours des leçons à donner au reste du monde et surtout à la vieille Europe et à la France pays dans lequel est concentrée la plupart des Noirs venus d’Afrique : le papa d’Obama est kenyan et lui avait choisi la destination américaine, histoire de la colonisation anglaise et facilité de la langue oblige.
La victoire d’Obama s’est construite sur un projet politique et sur une stratégie visant à réconcilier toutes les populations communautaires américaines, les Blancs, les Afro-américains, les Africains immigrés, les Indiens, les Hispaniques. Obama a évité le piège de fossilisation dans le camp noir vers lequel Hillary Clinton a voulu le pousser. Il reste à analyser le programme économique de politique étrangère de Obama. Mais là n’est pas l’essentiel car, à la différence des élections dans la vieille Europe où les programmes économiques jouent un rôle important le temps de l’élection sans être jamais mis en œuvre concrètement au moment où le parti majoritaire est aux affaires, aux Etats Unis c’est plus la problématique du leadership et du dirigeant qui compte. Kennedy et Bill Clinton, pour ne prendre que ces deux exemples de présidents démocrates élus, correspondent à cette analyse de l’élection américaine.
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Si Barack Obama est élu Président des Etats Unis au mois de novembre, il ne fera que respecter la règle implicite des élections américaines : le leadership pour une Amérique forte vis-à-vis du reste du Monde.
Pour les populations noires dans le Monde, la victoire de Barack Obama pour l’investiture et éventuellement pour la présidence de la République, n’est pas anodine.
Elle symbolise de manière précipitée après l’abolition de l’esclavage, après le rêve de Martin Luther King en 1963, après la lutte pour les droits civiques des Noirs américains symbolisée par la main levée et gantée de l’athlète noir-américain Carlos aux jeux olympiques de Mexico en 1968, le début de l’aboutissement de la reconnaissance réelle des droits en faveur des Noirs américains d’abord et des Noirs du reste du Monde ensuite sur leur capacité comme les autres, sans plus ni moins, à être à la tête des entreprises, des organisations et des Etats.
Concernant les populations noires françaises, quelles peuvent être pour elles les conséquences éventuelles de la victoire d’Obama ? C’est d’abord une fierté et un moment de satisfaction générale. Il faut très vite dépasser ce moment pour en tirer les conséquences analytiques et ne pas se réfugier dans les simples incantations qui se sont jour en ce moment auprès des responsables d’associations noires qui se répandent dans les médias en disant que il nous faudrait un Obama en France.
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Pourquoi pas ? Encore faut-il que ces responsables d’associations expliquent aux populations noires et à la société française qu’Obama, avant d’être Sénateur de l’Illinois puis Sénateur des Etats Unis, a travaillé comme organisateur communautaire vis-à-vis des populations noires sur le terrain. Il a obtenu ses galons d’observateur et de connaisseur de la réalité américaine en s’impliquant dans les ghettos noirs au départ et autres ghettos minoritaires. Conte de fée magnifique, c’est pendant ce travail qu’il a rencontré sa femme Michelle Robinson qui faisait des études de Droit comme lui à Harvard.
Or, les dirigeants des associations noires, ou ceux qui s’en réclament, ne sont pas sur le terrain social, ne connaissent pas les problèmes sociologiques réels auxquels sont confrontées les populations noires en France et préfèrent l’adoubement des institutions républicaines pour leurs propres intérêts. Obama ne s’est pas exclu des compromis institutionnels mais il a su par une stratégie et une intelligence gagner ses galons de capitaine à la fois par son expérience académique (diplômé de Harvard, première dirigeant noir de Harvard Law School, travailleur social dans les ghettos et sénateur) et par sa volonté de changer la société.
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Son livre "The Audacity of hope" (l'audace d'espérer) l’atteste. Les populations noires françaises sont-elles capables de faire émerger un leadership à la Obama ? Rien n’est moins sûr car les dirigeants d’associations sont trop préoccupés par eux-mêmes, préoccupés à remercier les institutions, préoccupés à se coucher et à demander pardon, pour qu’on leur vienne en aide. La raison tient au fait que la plupart de ces dirigeants ne sont pas au clair avec leurs propres parcours académiques, les raisons de leurs implications vis-à-vis des populations noires en France (immigration, sans-papiers, accès à la nationalité) et leur coupure radicale avec la base surtout dans les banlieues.
Ces dirigeants se contentent de parler au nom des populations noires et de fantasmer le nom de Barack Obama surtout dans les banlieues, sans expliquer que le modèle français est différent du modèle américain dans lequel les noirs-américains se sont battus. Le modèle américain a permis aux afro-américains de se battre au nom de la reconnaissance des droits et de la justice alors que le modèle français fondé sur l’universalisme a caressé les noirs dans le sens du poil, les a endormis en leur faisant croire que tout était possible au nom de l’égalité, la fraternité, la liberté et la République unie. Pour endormir encore un peu plus les populations noires de France, la République a valorisé l’émergence d’associations et de leurs dirigeants pour représenter artificiellement les Noirs de France.
Barack Obama est un afro-américain, ce n’est pas un noir français : le modèle américain est différent du modèle français, c’est aux Noirs français de forger leur propre modèle pour que dans cent ans, voire moins, un Noir français accède à la fonction suprême de la Nation : Président de la République.
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Lucien Pambou
Conseiller Municipal UMP Alfortville
Administrateur, co-fondateur et ancien premier secrétaire général du Cran
Diplômé de Sciences Po Paris
Professeur d’économie
Président de DEDIP www.dedip.org
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