
Alors qu’il rentrait chez lui en voiture peu après minuit, Mugabe Were, membre du Mouvement démocratique Orange (ODM) de Raila Odinga, a reçu deux balles dans la tête. Selon la police, les agresseurs ont fui sans rien emporter. Mais pour la foule amassée devant le domicile du député, la cause de cet assassinat est purement politique. « Ca n'a rien à voir avec un vol, c'est une affaire politique », s'est écrié un jeune militant de 26 ans.
Plus tard dans la matinée, des affrontements interethniques ont éclaté à Kibera, non loin du lieu de l'assassinat. Les violences se poursuivent également dans la vallée du Rift, où des groupes pillent et incendient les maisons et les biens des familles qui tentent de fuir la ville de Naivasha, située au nord de Nairobi. On a pu voir des colonnes de fumée s’élever de plusieurs quartiers. Des Luos, des Luhyas et des Kalenjins considérés comme partisans de l’opposition ont été pourchassés par des groupes appartenant à l'ethnie Kikuyu du président Kibaki.
Environ cent personnes ont été tuées à Naivasha et Nakuru, deux paradis touristiques devenus l’enfer pour les habitants.
Dans ces conditions, il est difficile de voir les progrès des efforts de médiation de Kofi Annan. Après avoir rappelé aux deux leaders qu’il n’allait pas rester pendant des mois au Kénya, l'ancien secrétaire général de l'ONU a indiqué qu'un « dialogue formel » devait débuter mardi à 16h00 entre les deux camps.
Par ailleurs, le chef de l'ODM, Raila Odinga a appelé au calme ce mardi matin. Mais la tension et le climat de haine ethnique qui règnent au Kénya annoncent d’autres affrontements dans les jours à venir.
Mugabe Were est la première personnalité tuée dans les violences post-électorales, qui depuis le 27 décembre ont fait déjà plus de 900 morts et 250 000 déplacés.
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