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Un enfant joue au ballon dans le gymnase municipal de Vigneux-sur-Seine, le 19 juin 2008
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AFP |
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Le 19 juin 2008, un tournoi de basketball exclusivement féminin, organisé par une association musulmane dans un gymnase municipal de Vigneux-sur-Seine, dans l'Essonne, a été annulé. La controverse qui en a découlé était telle que le secrétaire d'État aux Sports, Bernard Laporte, s'est rendu sur place en personne dans l'après-midi.
Le maire UMP de Vigneux-sur-Seine, Serge Poinsot, a indiqué que, le 30 mai, l'association culturelle des musulmans de Vigneux (ACMV) avait déposé une demande auprès de la mairie pour obtenir l'autorisation d'occuper un gymnase le 29 juin, sans toutefois préciser que l'accès serait interdit aux hommes. Il n'aurait été informé de cet aspect des choses, « discriminatoire » selon ses propres termes, que le 11 juin. Il a alors refusé tout net de mettre à la disposition de l'association l'équipement public requis. Il a ensuite rencontré les responsables de l'ACMV pour leur expliquer les raisons de son refus.
Bernard Laporte a estimé que M. Poinsot avait pris la « bonne décision ». S’exprimant devant la presse, il s’est dit « rassuré » que l’intention n’ait pas été d’exclure les hommes. « Que ce soit un tournoi de sport féminin me ravit [...] mais qu'on exclut une catégorie, c'est-à-dire les hommes [...] dans un lieu public, ça c'est contraire aux lois de la République », a déclaré le secrétaire d'État. Il a cependant estimé que l'affaire n'était pas une question de religion ou de laïcité. « Tout le monde a fait amende honorable, c'est peut-être une erreur de communication, et je l'espère. On n'accepterait pas que ce soit autrement », a-t-il ajouté.
Thèse du manque de communication confirmée par le président de l'ACMV, Ezdine Ould Mohamed. Selon ce dernier, la mention litigieuse « entrée du gymnase strictement réservée aux femmes » aurait été rajoutée sur les tracts par une secrétaire chargée de l'organisation du tournoi. « On respecte les lois de ce pays, on les connaît très bien », a-t-il déclaré à l'AFP. « On ne peut pas interdire à quiconque de venir », a-t-il ajouté, assurant que cette affaire était « loin de l’idée de communautarisme ».
Question récurrente, cette affaire fait suite à une polémique du même ordre, survenue la veille dans l'Isère. Un créneau horaire réservé aux seules femmes, avec des maîtres nageurs féminins, avait été instauré à la piscine municipale de La Verpillère. Un élu d'opposition UMP avait alors dénoncé une atteinte à la laïcité. Ce à quoi le maire avait répondu : « c’est un essai, mais la piscine reste laïque. Il s’agit d’un projet du centre social au niveau de la femme. Plusieurs organismes de toutes origines nous avaient demandé la possibilité de bénéficier d’un créneau horaire à la piscine […] Une cinquantaine de nageuses de tous âges et de toutes nationalités, toutes en maillot de bain, sans signe distinctif de religion, ont pu se baigner ainsi que quelques enfants. Pour moi il s’agit d’un processus d’intégration ».
Il y a quatre ans, une affaire semblable avait défrayé la chronique lilloise. En février 2004, une heure hebdomadaire avait été réservée aux femmes à la piscine municipale de Lille-Sud. Le personnel était uniquement féminin. Aujourd'hui, cette heure hebdomadaire existe toujours, mais l'entrée n'est plus interdite aux hommes et le sexe des maîtres-nageurs n'a plus d'importance.
Interrogé par l'AFP, l'écrivain Marek Halter a défendu l'existence de communautés au sein de la République. « Je ne pense pas que les communautés représentent un danger pour la République. Je trouve au contraire que c'est un enrichissement. Les sociétés multiculturelles sont des sociétés beaucoup plus adaptées à affronter l'avenir, la mondialisation, que les sociétés monolithiques », a-t-il expliqué. Pour lui, « l'histoire de Vigneux est malheureuse parce que nous n'avons pas expliqué à mon avis à nos amis musulmans que l'islam est très bien mais à la mosquée ». « Il faut respecter les traditions mais, lorsqu'on est en France, on respecte les lois françaises », a-t-il conclu. |