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Dans "Le Monde" daté du 29 février 2008, Philippe Bernard, journaliste au service Afrique du quotidien, s’efforce de stigmatiser le livre "L’Afrique répond à Sarkozy" [1]. Piqué par on ne sait quelle tarentule il s’en tient hélas à une vocifération gratuite qui n’instruira que sur ses propres fantasmes les quelques lecteurs exigeants et entraînera l’adhésion de ceux – les plus nombreux – qui les partagent.
On commence par le cri du cœur : "Séculaire, l'histoire d'amour ambiguë que vivent la France et l'Afrique..." C’est désigner de façon assez subjective une domination pluriséculaire. Comme escamotage d’une histoire de la traite et de la colonisation cette "histoire d’amour" même "ambiguë" – pour qui ? – est à compter parmi les perles des ennemis de la "repentance", taraudés par le déni de l’histoire. On avait déjà eu les "bienfaits" de la colonisation. On ne nous avait pas encore fait le coup de "l’histoire d’amour".
Il est certain que les propos contenus dans ce livre d’une vingtaine d’intellectuels africains n’ont pu que décevoir tant d’amour, ce qui, on le sait, tourne vite à la haine. Et, en effet, on assiste ensuite au déversement d’un tombereau d’hostilité sur "un étalage souvent atterrant d'absurdités, d'approximations et de conformisme intellectuel". L’inconvénient est qu’il faut croire Philippe Bernard sur parole, puisqu’il n’apporte pas le moindre exemple de ce qu’il avance. |
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La caricature et la falsification sont également au rendez-vous de ce compte-rendu haineux. Ne pas surtout se permettre de rappeler l’utilisation raciste du mythe biblique de Cham, on se trouve alors tourné grossièrement en dérision pour être soupçonné de penser que "Nicolas Sarkozy n'est rien d'autre que l'héritier de l'Ancien Testament". Si on risque une allusion au mythe aryen de la race des seigneurs sur lequel s’appuya le nazisme on se trouve cloué au pilori pour avoir "dressé un parallèle entre Moïse et...Hitler".
Philippe Bernard est bien en peine de soutenir cette affirmation mensongère de la moindre citation. Ce serait pourtant la moindre des choses s’agissant d’une telle assertion. Là encore il faut le croire sur parole. Mais il s’agit pour lui d’extrapoler et chaque fois que les mots "Egypte" ou "Cheikh Anta Diop" sont prononcés, il convient de parler avec horreur de "thèmes chers aux groupuscules africains antisémites", précieux groupuscules, hyper médiatisés, qui ne semblent exister que pour permettre de stigmatiser par amalgame la recherche africaine émancipée des postulats coloniaux. |

Le discours des intellectuels africains sur leur histoire lui paraît un "monceau d'aigreurs accumulées" et il tranche péremptoirement sur ce qu’ils auraient dû faire, c’est-à-dire "développer des ripostes constructives et des analyses opérationnelles". Ah, que cette recommandation d’être "constructif" fleure bon le conservatisme patronal, mis devant ses errements !
Bref ce livre qui rassemble des sensibilités, des talents et des styles très divers, chacun avec sa note originale, mais tous évidemment témoignant d’une vision afrocentrée, a le don de taper sur les nerfs du bon Philippe Bernard, qui ne peut décidément entendre cela sans se replier sur ses réflexes conditionnés de suffisance bornée. Il a perdu une excellente occasion de se taire, qui a été la stratégie la plus radicalement efficace depuis toujours contre tout ce que l’Afrique a produit de brillant et fécond.
[1] "L'Afrique répond à Sarkozy. Contre le discours de Dakar" dirigé par Makhily Gassama. Ed. Philippe Rey, 480 pages, 19,80 € |

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