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La Joconde noire, d'Elvire Maurouard : une histoire de crime et de vengeance
14/05/2008
 

La rédaction de Grioo.com est allée à la rencontre de Elvire Maurouard, enseignante d'origine haïtienne, qui vient de publier son premier roman, La Joconde noire. Son essai Les beautés noires de Baudelaire fait désormais partie des classiques des études littéraires.
 
Par Audrey Brière
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© grioo.com  

« En Haïti, être une femme noire reste compliqué. Mais naître noire et domestique, c'est prendre un ticket pour le malheur ». Jeanne Darfour, orpheline au passé inconnu – dont le personnage n'est pas sans rappeler la maîtresse qu'aima passionnément Baudelaire, Jeanne Duval – est élevée par une tante acariâtre et jalouse, flanquée de répliques des méchantes sœurs de Cendrillon. Pour elle, les jours se suivent et se ressemblent, en Haïti. La vie n'est qu'une succession de corvées pour cette esclave des temps modernes à la peau sombre, qui découvre progressivement sa grande beauté et son pouvoir sur les hommes.

Puis un jour, sa route croise bien malencontreusement celle de Legrand Pisquette, riche hommes d'affaires au commerce nébuleux. Au fur et à mesure que Jeanne tisse des liens étroits avec Clémentine, la fille de ce dernier, elle va réaliser à ses dépends qu'il n'est rien d'autre qu'un négrier noir, enrichi grâce au commerce du sexe, unique obsession de sa vie. Alors que la jeune fille, convoitée avec un acharnement frôlant la démence, supporte en serrant les dents les assauts répétés de ce marchand de chair humaine, elle médite sa vengeance. Celle qui, peut-être, lui rendra sa dignité arrachée. Celle qui fera d'elle une victime devenue bourreau. Mais la vengeance, comme chacun sait, est un plat qui se mange froid. Aussi prend-elle son temps, assurée d'une victoire qui, pourtant, aura bien du mal à réparer le mal enduré.

La plume sensuelle et originale d'Elvire Maurouard nous entraîne ensuite dans l'océan indien, sous les palmiers de l'île Maurice. Sous ces latitudes où les tensions entre noirs et blancs tourmentent la société, un jeune peintre, Christian Baker, enivre le lecteur de son extase amoureuse. L'une de ses idylles, la Malabaraise, correspond en tout point à la description que Baudelaire en fit dans son poème.

Une nouvelle fois, Grioo.com est allé à la rencontre de l'auteur.

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Elvire Maurouard  
Elvire Maurouard
© e-monsite.com
 

pourquoi ce titre, la « Joconde » ?

Elvire Maurouard : la Joconde est la femme la plus jeune et la plus âgée du monde. Nul n’a pu la détrôner. C’était la modeste épouse d’un marchand florentin. Mais aujourd’hui, elle incarne la vraie liberté, loin des mutilations corporelles auxquelles nous sommes soumises. La Joconde fut une arme de combat pour les surréalistes qui ne dédaignaient pas l’art populaire. Vous remarquerez d’ailleurs l’omniprésence de la peinture dans presque chaque scène du "songe de Jeanne" (la troisième partie du roman, ndlr).

Dans Les beautés noires de Baudelaire, vous vouliez présenter la femme noire comme un personnage littéraire positif, au delà de la consommation sexuelle. Est-ce différent ici ? Quelle dimension donnez-vous à la femme noire ? En définitive, quel message avez-vous voulu faire passer ?

En Haïti aussi, être une femme noire reste compliqué. Mais naître noire et domestique, c'est prendre un ticket pour le malheur. L'épopée de 1804 n'a pas suffi à réconcilier l'Haïtien avec l'Afrique. Les traits nègres ne sont pas suffisamment valorisés. Cette représentation d'une Afrique sur mesure, nuit gravement à la cohésion sociale. On admet aisément les traumatismes de l'esclavage, mais la 1ère République noire peine à accepter qu'elle secrète un sous-racisme insidieux. Dans la Joconde noire, les insultes de Mme Akassan portent essentiellement sur la couleur de la peau. L'obsession coloriste n'a pas déserté l'espace public. La mondialisation tend, malgré ses effets pervers, à ériger une femme noire universelle avec un triple atout: politicienne, artiste, scientifique. Cette image contraste avec celle de milliers d'adolescentes violées et réduites au silence. Si la communauté internationale peut apporter sa contribution, il revient d'abord aux dirigeants haïtiens d'éradiquer ce fléau.

Jeanne se venge de ce que Legrand Pisquette lui a fait subir. Mais la cruauté de son geste ne la fait-elle pas passer du statut de victime à celui de bourreau ? Cette vengeance répare-t-elle le mal qu'elle a enduré ?

Deux femmes s’affrontent chez l’Haïtienne, dans ces échanges basés sur le système gagnant-perdant, attaque-défense. Legrand Pisquette, le bourreau, puisqu’il faut l’appeler par son nom, utilise un pouvoir de répression, d’intimidation, alors que Jeanne ne peut que comploter. Jeanne Darfour sera le maître du maître, le bourreau du bourreau. La meilleure femme est celle dont les hommes parlent le moins disait Périclès, alors Jeanne se fera discrète jusqu’à l’heure de sa vengeance. J’ai voulu montrer que face à certaines injustices, nous risquons de perdre notre humanité. Dans l’espace haïtien, Jeanne est une guerrière et à Paris une femme volcan. L’amoureuse a triomphé de l’amazone.

Comment mettre fin au cycle de la vengeance ? Notons qu’il s’agit ici de violence communautaire. Le lointain reste inaccessible dans une certaine mesure. Aussi va-t-on s’acharner sur le proche, celui qui n’a pas été identifié par la multitude. Au-delà du personnage lui- même, c’est surtout une question que je formule : Qui voudra se sacrifier pour donner une chance à l’espoir ?

[b Plus largement, que pensez-vous de la littérature caribéenne actuelle ?

La littérature antillaise se donne pour fin d’établir non la vérité objective, mais des certitudes contestées. Vécue intérieurement, elle trahit l’angoisse des âmes répudiées. Son existence justifiée par une volonté de réhabilitation est édifiée sur une projection idéalisée de soi-même à la fois pour soi et pour autrui. La littérature antillaise nourrie d’amertumes transpose des ambitions et des rêves. J’espère qu’elle aura la place qu’elle mérite au sein des institutions françaises.

La Joconde noire est votre premier roman. Avez-vous déjà des projets pour en écrire un deuxième ?

Tout à fait. Les femmes et l'Histoire s'inviteront à la fête.

Née à Jérémie, en Haïti, Elvire Maurouard est enseignante et docteur es Lettres. Elle est médaillée d'or de l'Académie de Lutèce et membre de la Société des poètes français. Elle est l'auteur de plusieurs essais et recueils de poèmes dont L'alchimie des rêves, et Les beautés noires de Baudelaire. Ses poèmes ont été traduits en anglais et en italien. Elle a prononcé plusieurs conférences à l'étranger, notamment à la California State University (Long Beach).

Journaliste, Elvire Maurouard a publié une dizaine d'articles, en particulier dans Francophonie Actualités. Elle s'intéresse également à l'œuvre de Victor Hugo et a présenté les premiers travaux sur l'Haïtienne de Matisse.

       
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  Les beautés noires de Baudelaire, de Elvire Maurouard
 
Mots-clés
littérature afro caribéenne   
 
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