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L’agence de notation Standard and Poor’s vient de franchir la ligne jaune en dégradant la note France et la ramenant de AAA à AA+.
Cette ligne jaune était défendue par Nicolas Sarkozy qui avait allumé tous les feux pour en faire un élément de débat présidentiel, le Parti socialiste ayant refusé de faire de la règle d’or budgétaire un élément de consensus de la politique française et préférant reporter sa décision après les élections. Mais voilà que l’agence de notation S and P précipite les évènements et s’invite dans la campagne présidentielle.
La question fondamentale : comment, à 100 jours de l’élection présidentielle, va-t-on parler de cette dégradation que tout le monde redoutait et dont personne n’envisageait l’immédiateté dans son application ? |
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La décision immédiate de la dégradation de la note que les marchés ont déjà intégrée, c’est la hausse des taux d’intérêts concernant les emprunts que vont engager l'Etat, les collectivités locales, les banques françaises, pour se procurer de nouvelles liquidités. Très vite on assiste à une remontée du taux d’intérêt qui passe de 3 à 3.10, ce qui oblige la France à payer des intérêts de l’ordre de 300 millions d’euros sur un an.
La situation française ne serait pas alarmante selon les grands architectes français de l’Europe que sont Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Delors interrogés ce vendredi 13 janvier 2012 par BFM télévision.
Pour Jacques Attali interrogé toujours par BFM ce 13/01/12, les réponses à cette dégradation sont de deux ordres : lutter contre le déficit grâce à un nouveau plan d’austérité et relancer la croissance économique à partir d’une solution ni nationale, ni individuelle, ni même duale franco-française, mais sur une référence globale européenne avec la contribution de la Banque centrale européenne qui émettrait des eurobonds permettant ainsi d’attirer des liquidités qui financeraient les grands travaux en relançant la croissance économique européenne. |

La question est technique, la décision est politique. Encore faut-il convaincre Angela Merkel et les autres pays européens (ceux du Nord qui suivent la ligne allemande) de l’opportunité d’une relance de la croissance. Il ne faut pas se réjouir de la perte du triple A par la France car en tant garant majeur du Fonds européen de stabilité financière la France oblige ce fonds à perdre une partie de sa crédibilité et à emprunter des liquidités à des taux élevés sur des marchés.
Les candidats à l’élection présidentielle sont donc au pied du mur. A part Marine Le Pen qui souhaite une sortie de la France de la zone euro, les autres candidats, de Sarkozy à Hollande en passant par Bayrou (sachant que Madame Joly ne dit rien de façon précise sur l’Europe) doivent construire une stratégie de communication et de réponse pour expliquer aux populations françaises les conséquences économiques et sociales de la perte du triple A.
Les conséquences politiques sont connues, les différents candidats à l’élection présidentielle vont se rejeter la faute alors que, si nous en sommes arrivés là, c’est parce qu’à droite comme à gauche on a toujours privilégié la consommation comme moteur de la croissance. Après les deux chocs pétroliers en 1974 en 1980 et la montée du chômage, la France a continué à vivre sur la consommation et à accroitre son endettement. |

Nous payons aujourd’hui de manière collective l’absence d’une stratégie productive valorisant les PME et la construction d’une industrie dans laquelle les partenaires sociaux discutent de façon non constructive, préférant les schémas et les positionnements idéologiques à la réalité des faits économiques et de la concurrence grandissante, imposée aux entreprises françaises par ses concurrents étrangers. Les besoins de financement de l’Etat en manière de protection sociale ont été considérables dans notre pays et le recours à l’endettement était un moyen commode, quasiment sans douleur.
Voilà comment la dégradation de la note française s’inscrit dans l’agenda de la campagne présidentielle de 2012.
C’est bien de s’interroger à l’infini sur la dictature des marchés, c’est mieux d’en parler de façon réelle sans rejeter celle-ci d’un revers de la main. Nous sommes dans un espace mondialisé et libéral ; la dictature des marchés, quoiqu’on en pense, nous oblige à faire le bon diagnostic et à prendre les bonnes décisions. C’est le prix que les élites françaises, tous Partis politiques confondus, font payer au peuple français. Les Français doivent retrousser leurs manches de manière courageuse. La France a toujours remboursé ses dettes, le fera-t-elle cette-fois-ci ? |

Il faut attendre de voir et cette perte du triple A va impacter les relations financières entre la France et une grande partie des pays francophones via deux mécanismes : le fonds de développement européen et l’agence française de développement. Il faut craindre aussi que les filiales des banques françaises en Afrique participent à une remontée des liquidités des filiales africaines vers les sociétés mères françaises, ce qui peut avoir pour effet de tendre les taux d’intérêt sur les marchés africains et nous sommes simplement au début des conséquences de la perte du triple A par la France dans ses rapports avec les pays francophones membres de la zone CFA.
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