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André Nguanguè s'en est allé!
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Absent à la dernière assemblée générale du Ngondo (grand rassemblement des peuples du littoral Cameroun ndlr), état de santé de ce grand rassembleur avait alors suscité des inquiétudes. André Nganguè s'est éteint dimanche 7 septembre vers 17 heures à l'hôpital général de Douala, il avait 88 ans.
Ceux qui l’ont connu se souviennent sans doute de son talent. Ses reportages des matches de football au stade Mbappè Lepé (à l'époque le mythique stade Akwa) étaient de véritables régals. Comme animateur, notamment présentateur du "concert des auditeurs" ou "disque demandé", il était orfèvre.
L’un des tout premier de la profession au Cameroun ; il en a formé d’autres : mentor de plusiers jornalistes camerounais dont l’âge oscille entre 55 et 70 ans pour ceux qui sont encore dans la profession.
L’homme qui avait de l’aisance dans le traitement des sujets de l’actualité, avec une verve dont il avait le secret, a su transmettre son talent de père, à son fils, célèbre sur la scène médiatique camerounaise et surtout très apprécié ; le journaliste émérite Henri Bandolo de regrettée mémoire.
Du talent André Nganguè en avait sans doute, mais aussi, un sens du travail ardu, une valeur cher à l’homme. Tous ceux qui ont travaillé à ses côtés doivent s’en souvenir, tant il était plus généreux en critiques qu'en compliments. Certainement afin de laisser à la postérité des émules dignes de lui, qui font honneur au métier.
Un parcours riche !
Après des études primaires et secondaires dans les établissements catholiques (école Saint Jean-Bosco, séminaires d'Edéa, Akono et Mvolyé), une maladie lui ferme les portes de la prêtrise.
Il frappe à la porte de l'enseignement et entre alors dans la vie active. Mais son amour pour les lettres et la parole l'attire ailleurs. Il rejoint l'administration après un concours dans le corps des écrivains-interprètes.
Puis il lorgne les Télécommunications ; où il est aussi admis sur concours. A la faveur de l'avènement de la Radiodiffusion du Cameroun dans les années 50, il se lance véritablement dans le métier et travaille comme pigiste. Il cartonne et ses supérieurs français lui offrent une bourse du ministère du Travail pour une formation de journaliste en France.
André Nguanguè fait partie de l'une des premières cuvées des journalistes camerounais de radio après les Auguste Moutongo Black, Pierre Mabe, Mouasso Priso, Jacques Moudiki, pour ne citer que ceux là. Après plusieurs expériences professionnelles, se déclinant en stage à la Société radiophonique de la France d'Outre-mer (Sarafom), à l'Office de coopération radiophonique (Ocora), il acquiert une expérience qui lui assure une brillante carrière. Chef de programmes de Radio-Douala, il sera promu chef de station, puis délégué provincial de l'information et de la culture pour le Littoral et l'Ouest. C’est en 1980, qu’il est admis à faire valoir ses droits à la retraite.
Une vie professionnelle pleine de souvenir…
Dans une interview accordée au Magazine In'Mag de Dominik Fopoussi, il relève trois événements ont marqué sa vie professionnelle :
" En 1959, je suis le seul journaliste africain accrédité au palais de l'Elysée pour couvrir la passation de service entre les présidents René Coty et Charles De Gaulle ".
La même année, se souvient-il, il est invité à la table d’un Pape. " Le Pape Jean XXIII, impressionné par ma verve et mon sens intellectuel, m'a invité à sa table " ; " Eh oui, Monsieur, si ce n'est pas de la béatification, ça y ressemble ! " s'en réjouit-il.
En 1960 il réalise l'interview de M. Dag Hammarskjöld, secrétaire général de l'Onu venu au Cameroun pour la proclamation de l'indépendance du Cameroun notre pays.
Avec de tels faits d’armes, André Nguanguè qui faisait office de pronostiqueur hippique avant sa mort, aurait eu encore beaucoup à apporter ; mais le destin en a décidé autrement. Il va vraiment manquer non seulement à ses frères de Bonebong dans le littoral camerounais dont il est natif, mais aussi à l'ensemble de la presse camerounaise. Salut l’artiste !
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