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Le savant inutile de Jean-René Ovono Mendame
18/03/2008
 

Jean-René Ovono Mendame s'interroge sous la forme d'un roman, sur le rôle et la place du savant et de l'intellectuel dans les sociétés africaines contemporaines.
 
Par Pape Bakary Cissoko
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Nos auteurs africains (Etienne Bebbe-Njoh du Cameroun, Mamadou .A.Ndiaye et Alpha Sy, Cheikh .T.Diop, Sémou Diop du Sénégal) nous font plaisir en investissant de façon romanesque des domaines de notre socio-culture.

Ici, Jean –René Ovono Mendame dissèque les nombreux travers qui freinent notre émancipation, notre développement, le soupçon fait au savoir et à l’écriture. Savoir lire et écrire, avoir voyagé, traîné sa bosse, au lieu d’être exploité rationnellement par les autorités pour le bien de la communauté comme en Europe et dans le reste du monde, en Afrique ces gens sont mis à l’écart, ou coopté pour servir le Prince. Que ce soit au Sénégal, au Gabon, partout en Afrique cette figure de l’intellectuel, traité comme un danger et relégué dans des endroits enclavés, loin de la ville pensante, affecté à des tâches ennuyeuses, est omniprésente. Quel gâchis, alors que nos intellectuels, par patriotisme et par volonté de faire avancer les choses, moyennant des salaires inférieurs à ce qu’ils percevaient à l’étranger, acceptent de revenir au pays pour contribuer au développement du continent.
Et l’auteur de poser ces questions qui attendent nos réponses :

"Le sous-développement est-il génétique, fatal ou fortuit ? La science aide-t-elle à le combattre ? Ne l’aggrave-t-elle pas davantage ? Qu’est-ce qu’un intellectuel à Bilabaville ? A quoi peut-il servir ? Pourquoi quêter l’excellence si on ne peut en user que par décret des tiers"?

L’intellectuel ne vaut que selon l’Humeur du Grand Quelqu’un...
Pour être utile, le savant doit renoncer aux valeurs du mérite et aux vertus de l’âme en s’inscrivant à l’école des "vrais diplômes" qui le réduisent à faire le clown.


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"Chercher beaucoup beaucoup ô
C’est comme pas chercher du tout ô
A vouloir trop fuir l’enfer é é
On devient un vers de terre é é"

"On s’y plaît. Faut-il, pour y vivre, ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire ? Au village on ne vit pas on veille" (il faut être sur ses gardes au risque d’être pris n défaut par le sorcier, le mauvais œil etc.)


Votre second livre est très instructif sur la place de l’intellectuel, son rôle dans le système africain, pouvez-vous nous brosser son parcours en général et ses aspirations, sans manquer de nous dire quelle est la représentation culturelle du diplôme dans nos pays sous –développés ?

Le parcours de Yéno, l’intellectuel dont il est question dans le roman, est assez singulier. Issu des couches paysannes, cet élève assidu parvient néanmoins à obtenir deux doctorats. Il doit sa réussite d’abord à son frère aîné, instituteur qui, avec peu de moyens, l’aidait jusqu’à se sacrifier. Il la doit aussi au Révérend Père Lussacq , prêtre européen qui lui a permis d’obtenir une bourse pour Canfre, pays imaginaire de l’Occident. Il ne voulait pas que cet élève intelligent de parents pauvres tombe dans l’escarcelle des bandits qui écument les quartiers de Bilabaville.

Mais ses deux doctorats en sciences nucléaires et en mécanique des fluides seront la cause des déboires de Yéno à son retour au pays natal. Il souhaite vivement servir Bilabaville, son pays, auquel il reconnaît devoir ses réussites. Mais sur place, les réalités sont autres. Son patriotisme se heurte aux pesanteurs des règles qui prévalent sur le terrain. Ses hauts diplômes lui attirent la méfiance des politiciens et, parfois, le mépris. La réalité est que Yéno doit faire abstraction de ses diplômes pour aller porter les bagages des "grands d’en haut en haut", sacrifice qu’il n’est pas prêt d’accepter. Pourtant, tant qu’on ignore dans quel camp politique il milite, aucune entreprise n’osera prendre le risque de l’embaucher. Yéno est donc un savant qui ne sert strictement à rien.

Jean-René Ovono Mendame  
Jean-René Ovono Mendame
 

L’Afrique est remplie de gens hyper diplômés mais qui doivent se battre pour chercher une situation dans un contexte pollué par des "arrivistes, des parvenus" qui en veulent à l’élite alors que les fils de nantis n’ont que faire de ces dits diplômes : des postes sont taillés sur mesure pour eux.

Voilà un des maux du Continent. Le décalage entre la formation et l’emploi. Pourtant, il existe des services de planification et de programmation des formations. Le paradoxe créé par cette situation est que le diplômé est réduit à un objet de risée populaire, alors que le parvenu a tout. Il est écouté et respecté. Il gagne tranquillement sa vie sans autre effort que le militantisme. Cela donne à penser que les hautes études ne servent vraiment à rien. Mieux vaut les interrompre même au CP2, puis se jeter dans la vie active. Non seulement les études sont remises en cause, mais aussi l’effort, la notion d’effort. Yéno s’est donné beaucoup de peine pendant des années d’études pour avoir des diplômes.

A Bilabaville, il a le sentiment d’avoir fait tout ça pour rien. On observe un phénomène redoutable dans les Entreprises et Administrations : Certains agents recrutés à l’aide des pistons ou qui ont des appuis en hauts lieux du pouvoir ont peu conscience des devoirs mis à leurs charges. Souvent, ils s’en fichent même, puisqu’ils ne risquent rien, alors que d’autres qui méritent mieux se tapent tout le boulot sans la moindre reconnaissance en retour. Ce cette triste réalité que vit Yéno au ministère des sports où on l’a intégré. Il se voue corps et âme à l’ouvrage alors que tous les autres sont au repos avec des salaires taillés sur mesure. Je pense que celui qui sait ce qu’il vaut doit continuer de servir en toute loyauté sans se laisser corrompre moralement. C’est une question de principe, car on est ce qu’on est pour soi-même et non pour les autres.


Réussir est suspect et le parvenu craignant d’être dépassé recourt à la sorcellerie, à la magie noire, comment réussir, comment partager son savoir, faire profiter de son savoir aux autres concitoyens.

Dans le roman, le personnage d’Abbé Victor, un des barons du système, se livre à des pratiques fétichistes pour s’attirer davantage la confiance de "Grand Quelqu’un", chef de Bilabaville. Il organise des rituels nocturnes, n’hésitant pas à fréquenter les cimetières, à recourir aux écorces, racines et feuilles de toutes sortes. Le recours à la magie cache l’incompétence, le manque de confiance, la crainte de l’avenir. Lorsqu’on a des capacités réelles, on n’a pas besoin de s’humilier en faisant ce genre de choses. Je pense qu’il est possible de partager son expérience, son savoir avec ceux qui veulent progresser en étant indifférent vis-à-vis des féticheurs, c’est-à-dire sans avoir peur d’eux et sans pour autant les défier.

A vous lire on dirait que le Droit est inconnu des africains, seul l’Aléatoire et l’Adhésion par intérêt aux idéaux d’un Chef politique pour être épargné et pris sous son aile. Est-ce la condition d’une existence moins précaire et plus sécurisée. Le politique a-t-il autant de pouvoir pour plier tout le monde, la société civile ?

Je crois qu’il faut être très objectif sur ce point. Dans le contexte africain – c’est d’ailleurs vrai par ailleurs - le pouvoir est aux mains des politiques. Cela date même depuis les années précédant les indépendances où ceux qu’on appelle les politiciens pouvaient accorder des promotions à qui ils veulent. Aujourd’hui, dans nos Parlements, mairies et autres institutions où l’accès est conditionné à l’élection, on a des gens presque analphabètes qui y occupent des postes importants. Ils sont là tout juste pour "manger". Kulu, un des personnages du roman, fait un terrible aveu à "Grand Quelqu’un" en reconnaissant lui devoir tout : "Nous ne sommes que des petits par décret en date de ce jour..." (p. 76) Donc, même si le politique ne peut pas plier tout le monde, son pouvoir est incontestable. Et ceux qui veulent l’ignorer peuvent bien s’attendre à porter leur croix pendant longtemps. Je pense qu’à défaut de conjuguer avec les politiques, il faut éviter de les frustrer.


Aux pages 98 et suivantes vous parlez bien des prêts octroyés aux africains par l’Occident, de l’exploitation des intellectuels africains en Occident : un médecin africain n’y est reconnu que comme aide soignant. Ces passages me rappellent un beau film de Ibrahima SISSAKO "BAMAKO" sur l’Ajustement structurel, la paupérisation de l’Afrique par l’Occident ; Que pouvez-vous dire de plus ?

C’est une situation dramatique que celle des intellectuels africains en Occident. Autant on permet qu’ils y fassent de bonnes études, autant paradoxalement, on est moins porté à les rétribuer au mérite. Ce phénomène traduit deux réalités d’ordre sociologique et historique :

-D’abord, au plan sociologique, il y a la peur, la peur de l’étranger. S’ils sont nombreux à occuper des postes importants, les étrangers pourraient être tentés de se constituer en lobby. On ne peut pas nier cet aspect qui est très remarquable dans de nombreux pays d’Europe comme la France. Certes, beaucoup d’immigrés exercent des responsabilités importantes, mais ce sont des cas vraiment isolés.

-Ensuite, au plan historique, certains clichés et préjugés sur le « Nègre descendant d’esclave » survivent encore dans l’esprit de très nombreux Occidentaux. Un malade blanc, par exemple, aurait plus confiance à un médecin blanc plutôt qu’à un médecin noir même si ce dernier a plus de compétence et d’expérience. C’est un état d’esprit qui mettra encore des siècles pour disparaître. Que des idées reçues.

C’est cette même lecture des rapports sociaux qui prévaut au niveau des Etats et des bailleurs de fonds. Ils savent qu’en prêtant de l’argent avec intérêts aux pays africains, ces derniers ne s’en sortiront jamais. Ils sont dans un cercle vicieux. C’est la logique du pauvre qu’il ne faut jamais rendre puissant. Mais peu conscients de cette triste réalité, ces pays réduisent encore leurs chances de développement en créant des systèmes d’impunité qui encouragent la corruption, la gabegie, la mal-gestion. Il est souhaitable qu’une élite nouvelle, radicalement opposée à ce système de choses et accrochée au dogme du progrès comme Yéno, voie le jour dans les pays africains. C’est un travail de discipline personnelle qui, petit à petit s’étendra par l’exemple à ceux qui auront à cœur de mieux servir leurs pays.

 
 

J’avoue apprécier votre livre qui dénonce la corruption, et votre passage par l’éthologie pour parler de cela : "un mouton ne vole pas, il prend. Simplement tout ce qui lui plaît lui appartient : Or, Argent, Ivoire, Herbes, etc, pour lui-même, les siens, les jeunes filles qui tournent autour avec leurs vices à tourner le cœur et la raison des ces hommes de pouvoir," qu’en dites-vous ?

Je crois qu’on ne doit empêcher personne de se donner du plaisir à vivre comme il veut. Quand on a souffert à étudier, à travailler physiquement, à faire aboutir un projet et qu’on occupe un poste « juteux », il est normal de jouir des fruits qui en découlent. Le bonheur devient dans ce cas un droit absolu. Mais le drame se produit lorsqu’on accapare ce qui appartient au peuple. Tout le monde sait, en théorie, que les ministres ont beaucoup de moyens : argent, maisons, voitures, affaires etc. Dans la mesure où ils n’utilisent que les fruits issus de leurs fonds personnels, il n’y a pas de problème. Or, la réalité prouve le contraire. La grande majorité se rend coupable de détournements des deniers publics comme les « crocos » dont parle justement le roman. Cela est la principale cause du retard de nos pays surtout qu’aucune sanction n’est prise à l’encontre des prévaricateurs. C’est donc un feu vert qui légitime le vol. On voit Kulu déposer une enveloppe d’argent pour les chômeurs. Tout le monde sait que ce n’est pas son argent, mais comme la pratique est ainsi établie, eh bien les gens, par pauvreté, acceptent fatalement. Même si l’intention paraît bonne d’aider les pauvres, la manière ne l’est pas. Il faudrait donc que certains chômeurs ayant de la dignité et de la personnalité arrivent à refuser qu’on les dénigre en leur distribuant des coupures d’une journée qui font d’eux des mendiants à la place des Citoyens. Un tel combat, il faut le dire, est un vrai sacerdoce !


L’intellectuel ayant enfin pu avoir un poste et qui initie des choses pour changer les mentalités et innover est relégué aux fins fonds du pays pour une activité qui n’a aucune relation avec sa spécialité. Oui un bon salaire et l’ennui, c’est vraiment ça que nos intellectuels méritent en Afrique ? « En cogitant sur sa vie et celle des chômeurs diplômés, Yéno se rend compte qu’ils sont nés pour être inutiles. L’école ne peut être d’aucun secours » votre constat est-il vraiment approprié en Afrique ?

Ce n’est pas tant que l’école ne serve plus à rien aujourd’hui. La vérité est qu’il est dans l’intérêt de certains politiciens africains complexés par le fait qu’ils n’ont pas beaucoup appris de minorer les études et de présenter les diplômés comme des idiots, des stupides, des petits garçons de courses. Or, on sait que sans le progrès des sciences et des techniques qui permettent le développement de l’Occident et de l’humanité, nous ne serions pas là aujourd’hui. Certaines maladies nous auraient déjà exterminés. L’école aide à former les esprits comme le reconnaît Samba Diallo. Elle élève les niveaux de conscience. Limiter la réussite sociale uniquement aux biens matériels est une vision étriquée du bonheur et même un indice de pauvreté mentale. En Afrique, les intellectuels méritent bien plus que de bons salaires. Ils ont aussi droit au respect pour autant qu’ils sachent d’abord l’exprimer, car on ne doit recevoir que ce qu’on donne.
« C’est que pour vivre, le mouton doit brouter » et il doit se comporter en fonction des réalités qui sont en face de lui pour exister. Pourquoi le mouton ?

La théorie du « mouton brouteur » est une métaphore que l’on peut commenter en long et en large. Elle signifie tout simplement que les gens d’ « en haut en haut » ont le droit de s’approprier les moyens de l’Etat sans crainte d’aucune sanction parce qu’il n’y en a pas. Le plus drôle est que dans un tel contexte de désordre, le plus grand désordonné est celui qui veut remettre de l’ordre. Et comme tous les moutons sont acquis à la cause de l’engraissement, alors ils broutent tranquillement. Les nouveaux qui débarquent à la bergerie avec quelques sursauts de conscience patriotique prennent vite le train en marge. Chacun fait comme tout le monde. Le plus grand défi aujourd’hui consiste justement à tenter l’exception, à étrangler ce bourreau qui ruine nos économies et qui s’appelle « antipatriotisme ».


Si la situation de l’Intellectuel, de l’homme de Savoir est telle en Afrique, l’exil peut-il être fatalement la solution ? Pouvez-vous comprendre ses jeunes costauds, intelligents, érudits et chômeurs dans leurs pays, qui empruntent les embarcations de fortune, les corbillards de la mort pour espérer mieux ailleurs en Occident ?

Dans la mesure où l’exil est volontaire et se fait dans des conditions honorables, il peut être une des solutions possibles de l’épanouissement de l’intellectuel africain. Même si on n’est mieux que chez soi comme on dit souvent, je crois que ce qui vaut en l’homme, c’est avant tout son talent, ses compétences et son désir de servir. Peu importe le lieu. Il vaut mieux être heureux en servant à l’étranger que malheureux chez soi parce qu’on n’y a rien à faire. Les jeunes africains qui débarquent en Occident dans des conditions pénibles dans l’espoir d’y trouver leur bonheur sont la preuve de l’échec des politiques africaines.

On peut comprendre que certains pays n’ayant pas suffisamment de ressources et donc confrontés à d’énormes difficultés économiques souffrent de l’exil de leurs ressortissants. En revanche, ceux qui ont le nécessaire pour garantir le bien-être de leurs citoyens offrent une image honteuse du continent en abandonnant ces derniers au bord de la route. Le phénomène de l’exil s’accentuera de plus en plus avec la croissance de la misère. Avant de s’en prendre à l’Occident qui maltraitent leurs ressortissants, les pays africains devraient d’abord de souder les coudes, fédérer des moyens d’échanges, créer des conditions qui empêchent le rêve d’aller ailleurs. Jadis, les intellectuels africains qui venaient en Europe rentraient toujours au pays. Mais la radicalisation des dictatures locales, le refus de l’alternance et de la contradiction conduisent à la solution de l’exil. C’est bien regrettable.

 
 

Peut-on espérer aujourd’hui sur le continent africain, que faudrait-il faire pour que ça change, que ça évolue dans le sens du respect des droits de l’homme, de la justice et de l’équité ?

Pour que ça change en Afrique ? Hum ! Je ne me sens pas en mesure de proposer des solutions, encore moins de donner des leçons à ce sujet. Je crois qu’il y a des experts mieux outillés pour ce travail. Toutefois, je crois modestement qu’en dépit des difficultés qu’elle traverse, l’Afrique a plus que d’autres continents les moyens de s’en sortir. Trois choses essentielles :

1. Au niveau des politiques internes, l’instauration d’une démocratie véritable permettrait de créer des espaces de liberté et de paix pour les citoyens. Un peuple libre est toujours prompt à produire. L’oppression tue la pensée et l’action. Celui qui n’est pas libre ne peut rien faire. Il ne pense pas. Il ne réfléchit pas. Un seul réfléchit pour tous. La démocratie va renforcer la légitimité du pouvoir en place en l’incitant à faire mieux grâce à la critique constructive de l’opposition. De plus, une démocratie véritable ne peut qu’attirer de nombreux investisseurs étrangers.

2. Encourager l’initiative privée, inciter les jeunes Africains motivés à investir chez eux. En créant des affaires chez eux, ils y resteront forcément. C’est une fierté que de créer des emplois chez soi en permettant à d’autres de travailler. En la matière, il faudrait mettre en place des politiques d’allègement des procédures y relatives. Et si elles existent, les appliquer formellement. Dans le même temps, les Etats africains gagneraient à diversifier des partenariats économiques avec les pays du Nord pour la formation et le recyclage des jeunes, notamment dans les domaines du tertiaire qui sont plus porteurs d’avenir. Le développement d’un pays ne doit pas être limité aux grands centres urbains. Il doit intégrer les populations des zones rurales auxquelles on ne pense souvent qu’aux moments des élections.

3. Au niveau continental, donner un réel pouvoir d’action à l’Union Africaine. L’avenir de l’Afrique est dans la fédération volontaire des forces et des moyens de ses pays. Depuis 1963, l’OUA devenue aujourd’hui l’UA n’a jamais pu résoudre un seul des centaines de conflits interafricains. C’est une honte ! Quand les chefs d’Etat cesseront de craindre que le champ de leur pouvoir ne soit réduit par l’UA, quand cesseront entr’eux les conflits de leadership et les guerres doctrinales, alors on pourra espérer des lendemains meilleurs. J’ai la persuasion que les hommes de culture ont une grande responsabilité éducative à ce niveau. Une fois que les chantiers ci-dessus évoqués seront bien mis en place et réalisés progressivement, la justice et l’équité en découleront logiquement.


Que faut-il alors retenir du roman Le savant inutile ? Que l’intellectuel est un quémandeur de postes ? Que les hautes études sont un leurre ?

Les critiques tireront de bien meilleures conclusions que moi. Je pense simplement que Le savant inutile enseigne d’être pragmatique, de savoir concilier les facteurs de progrès. On peut être multi-diplômé et être au service de quelqu’un qui a un moindre cursus. Un intellectuel doit être avant tout humble et respectueux des autres. La vie ne se réduit pas aux seules connaissances livresques ou encyclopédiques. La sagesse aussi est une valeur noble qu’on ne retrouve pas forcément chez les intellectuels. C’est ce jardin que cultive Yéno à la fin, ayant compris qu’il pouvait se rendre utile autrement en cassant des noix de palme à Loko, village perdu au cœur de la forêt de Bilabaville.

Ce sera le mot de la fin. En tout cas, Grioo.com est heureux de s’être entretenu avec vous. Nous espérons que beaucoup de personnes vont se procurer Le savant inutile disponible dans des librairies, à la Fnac et à L’Harmattan. Merci infiniment.

C’est à moi de vous remercier. Longévité au site !

Contact ovonojr@yahoo.fr

"Le savant inutile" : Paris, L’Harmattan, collection "Encres Noires" 2007. Jean-René Ovono Mendame

       
Mots-clés
afrique   cameroun   gabon   jean-rené ovono mendame   pape cissoko   senegal   
 
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