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Le vide politique des affiches électorales à l’ère des images
31/08/2009
 

Daniel Tchamo critique le "tout communication" de certaines affiches de la dernière campagne électorale en Allemagne, qui ont suscité plusieurs polémiques
 
Par Daniel Noumbissie Tchamo
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Affiche de la campagne de Halina Wawzyniak  
Affiche de la campagne de Halina Wawzyniak
© bp.blogspot.com
 

L’affiche de la campagne de Vera Lengsfeld (CDU) qui se présente aux législatives du 27 septembre à Berlin, celle de Halina Wawzyniak, candidate de la Gauche à Berlin ( montrant son postérieur mi-couvert) et celle (d’avant la marque de « censure ») des Verts de Kaarts dans la Rhénanie-Nord-Westphalie pour des élections régionales du 30 août ont ceci de commun qu’elles rabaissent, à mon sens, le niveau politique des campagnes électorales au pays de Conrad Adenauer (1949-1963).

Toutes témoignent d’une régression politique des partis politiques pris au piège de la communication et du marketing dits politique. Ceci serait peut-être anodin s’il ne s’agissait pas de grands partis politiques (les Verts allemands sont les plus féconds d’Europe en matière d’idées politiques). Ceci serait anodin si cela n’avait pas lieu dans grand vivier démocratique occidental de l’Après-guerre. Ceci serait anodin s’il ne s’agissait pas d’une tendance dans les démocraties occidentales à confondre affiches/pancartes de campagnes électorales et affiches publicitaires (-commerciales-marketing) ou de spectacle.

Toutes ces affiches témoignent d’une régression politique des partis politiques pris au piège de la communication et du marketing dits politique
Daniel Tchamo Noumbissie


Cela mérite d’être pris au sérieux. Surtout si la question du réenchantement de la politique et du politique dans les sociétés occidentales se pose avec acuité. Cet Occident politique-là parlerait de la démocratie au reste du monde avec modestie car qu’est-ce qu’une démocratie qui tourne à la télécratie ? Qu’est-ce qu’une démocratie qui tourne à la vidéocratie ? Qu’est-ce qu’une démocratie qui tourne à la technocratie ? Qu’est-ce enfin qu’une démocratie dont la vie politique, en se dépolitisant, donne de plus en plus à voir qu’à penser : le cas des pancartes ou affiches électorales !

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Pourtant, les affiches ou pancartes électorales sont en soi l’expression même de la politique dont la liberté d’action des uns et des autres est la raison d’être. Exposées dans les espaces publics, grâce aux principes démocratiques, elles offrent aux différent(e)s candidat(e)s ou partis politiques l’opportunité de faire la publicité (au sens politique- faire connaître au public) de leurs grandes lignes de programmes et/ou leur candidat. Certes, les contraintes d’usage varient selon les pays. Mais dans tous les cas, les affiches de campagnes électorales doivent être un donner à voir et un donner à penser adressées à l’homo politicus. C’est pourquoi la culture graphique (encore faut-il se méfier du pouvoir corrupteur de l’image dans la cité) doit être à la remorque de la culture politique des idées.

Sinon à quoi servent des affiches électorales qui, en bêtifiant le peuple, ne contribuent pas à l’animation de la vie politique dans le contexte de pluralisme ? A quoi servent des affiches électorales quand elles visent essentiellement à jouer sur la fibre émotive des électeurs, quitte à tourner parfois à la polémique, au ridicule comme cette affiche de la campagne des Verts de la Ville de Kaarst aujourd’hui, censurée grâce à l’intelligence de la critique démocratique. Les contribuables et autres donateurs ne mériteraient-ils pas mieux que des pancartes impolitiques obscènes ?

De l’illusion politique des pancartes
L'affiche de campagne de Vera Lengsfeld  
L'affiche de campagne de Vera Lengsfeld
© ap
 

Cette dérive est une conséquence de l’illusion politique qui plane telle une épée de Damoclès sur l’espace politique démocratique occidentale affecté de plus en plus par les effets de la société de l’éphémère, du vide, de l’hédonisme utilitariste, du tout technologique, du narcissisme psycho pathologique etc. Or, la politique au sens de l’offre d’une pluralité de solutions soumise au choix pour un vivre-ensemble, d’une liberté d’action au travers d’une consistance des décisions sur la durée, s’accommode mal avec cette tendance de la « politique spectacle ».

C’est parce qu’ici la politique devient spectacle que les affiches électorales se confondent de plus en plus aux affiches de spectacle, de cinéma et de couverture de magazine de divertissement. Et c’est parce qu’ici, la politique devient un vulgaire produit de consommation que les spots « politiques » médiatisés se confondent à tout spot publicitaire de biens de consommation. Comme pour aduler les citoyens-consommateurs, l’érotique côtoie le pornographique (parfois avec l’euphémisme de ce mot bateau de sexy). La politique devient impolitique quand la tyrannie décisionnaire des experts ou, plus généralement, la structure psycho-technicienne devenue inhérente à tous et à chacun, comme le remarque Jacques Ellul, s’imposent.

La photo d'Angela Merkel discutant avec le 1er ministre norvégien Jens Stoltenberg, prise en avril 2008 à l'occasion de l'inauguration de l'opéra d'Oslo a servi ''d'inspiration'' à l'affiche de Vera Lengsfeld  
La photo d'Angela Merkel discutant avec le 1er ministre norvégien Jens Stoltenberg, prise en avril 2008 à l'occasion de l'inauguration de l'opéra d'Oslo a servi ''d'inspiration'' à l'affiche de Vera Lengsfeld
© ap
 

Les trois exemples qui nous servent de prétexte pour effleurer la question ici, laissent croire que « l’appareil politique » du parti se serait arrêté là où aurait commencé le fonctionnalisme technocratique des conseillers en communication dite politique ou des communicants. Car dit-on, ce sont les spécialistes, qui savent ce qui va plaire ou faire plaisir aux électeurs : bonjour le psychologisme ! Alors, pourquoi pas offrir aux électeurs-consommateurs un jeu de séduction coquine voire érotique de « décolletés plongeants » (de la candidate à l’élection législatives et la Chancelière Angela Merkel) ? Quoi de mieux si ce n’est une « scène sexe », c’est bon pour l’électorat-audimat.

Ou afficher un un « postérieur féminin sexy » ? Si le premier a fait les choux gras des mass médias, complices de cette éviction progressive de la politique de l’espace public ; le second qui n’a pas bénéficié d’un même intérêt a donné lieu immédiatement à une grande polémique qui a débouché sur la « censure » de ladite affiche( « zensiert » : censurée). D’aucuns en ont vu un « acte raciste », voire « sexiste », un « mépris pour la femme noire » qui ne peut être présentée au public que comme un objet sexuel. Mais là, les Verts de Kaarst, comme l’a souligné la rédaction de Grioo dans « une affiche de campagne d’un goût douteux du 21-08-2009) en référence à leur site internet www.gruene-kaarst.de, s’en défendent : « l’affiche pourrait même être vue comme un acte anti-raciste ».

Les Verts de Kaarst : entre la couleur ou la race ?
La fameuse affiche ''antiraciste'' des Verts de Kaarst  
La fameuse affiche ''antiraciste'' des Verts de Kaarst
 

Même si je n’ai pas voulu focaliser mon propos sur cette polémique, je ne puis m’empêcher ici d’apprécier les arguments de défense des Verts de la ville Kaarst dans « un procès » de dignité humaine où les « Noirs » sont la première partie civile. A l’état actuel de mes connaissances de l’histoire contemporaine des idées politiques en Allemagne, je reconnais d’emblée que les Verts allemands en tant que parti politique, loin du Parti National Démocrate (l’extrême droite), ne sauraient délibérément faire confectionner des affiches à caractère raciste ou pouvant pousser au racisme.

Ils justifient d’ailleurs, la couleur noire par le fait que le CDU dispose du noir comme couleur officielle et qu’ils aient voulu exprimer leur détermination à remettre en cause cette suprématie. Or, l’image ne vient pas corroborer cette idée même si on pourrait objecter que l’on ne voit que ce que l’on veut voir. Donc la suspicion peut bien persister dans l’esprit de ceux ou celles qui y voient une volonté de « mépris de la femme noire » pour les uns ou de la « valorisation de la femme noire uniquement par le sexe », pour les autres. Ce d’autant plus que sur la série affiches, la « peau noire » n’apparaît que sur une seule. Et comment ? un « postérieur féminin nu » caressé par « deux mains blanches ».

Eu égard à une « somme des expériences vécues du Noir » dirait Frantz Fanon à la suite de Césaire, Il y avait de quoi réveiller une certaine mémoire collective des humiliations passées faites des stéréotypes nourris de l’inconscient collectif de l’homo occidentalis (intériorisés par d’autres noirs eux): « Les nègres[se]s, eux, [elles] ont la puissance sexuelle hallucinante! ce sont les génitaux » (Fanon, 1952 : 128). Mais Fanon fait remarquer que « l’inconscient collectif n’est pas dépendant d’un héritage cérébral : il est la conséquence de ce que j’appellerai l’imposition culturelle irréfléchie ». A méditer par toutes les parties prenantes au débat !

Au-delà de la race ?

Sortons alors de la polémique raciale. Les Verts allemands de Kaarst avaient-ils vraiment besoin d’une scène de sexe politiquement obscène pour illustrer cette détermination à gagner le CDU -Noir- ? je pense que non ! le CDU à Berlin avait-il besoin d’une affiche des femmes (qui plus est la Chancelière) aux « décolletés plongeants » pour dire que « Nous avons davantage à offrir » ? oui, rétorquerait Vera Lengsfeld pour qui « la campagne était un peu endormie »( lemonde.fr). De quoi offrir au public des « poitrines sexy », comme on dit dans la télé réalité, pour doper l’audience. Mais justement non ! Le parti de Die Linke à Berlin avait-il besoin d’une telle image de cette jeune femme pour dénoncer les licenciements abusifs et la paupérisation en Allemagne ? Bien sûr que non ! La politique aussi belle soit-elle, est très importante pour être téléréalisée, pour faire télé réalité, au sens des chaînes télévisuelles à sensations où les leaders politiques se prostituent plus ou moins sans gêne.

A supposer, dans le cas des Verts de Kaarst, que cela eût été une sensibilisation contre le racisme, les préjugés ou stéréotypes sur homosexuels (lesbianisme etc.) en Allemagne. Ils auraient bien réussi en se passant d’une scène de sexe. Partant ils auraient œuvré au caractère politique de l’affiche au sens où « la politique a toujours et partout eu affaire à l’élucidation et à la destruction des préjugés » (Hanna Arendt : 1995. 50). Ainsi auraient-ils clos en parti politique responsable cette série d’affiches qui, faut-il le reconnaître, donne à penser et à faire ce « Vivre- dans- un-monde-réel et discuter- de -lui –avec- d’autres » (Arendt 1995 : 92)

A supposer, dans le cas des Verts de Kaarst, que cela eût été une sensibilisation contre le racisme, les préjugés ou stéréotypes sur homosexuels (lesbianisme etc.) en Allemagne, ils auraient bien réussi en se passant d’une scène de sexe. Partant ils auraient œuvré au caractère politique de l’affiche au sens où « la politique a toujours et partout eu affaire à l’élucidation et à la destruction des préjugés »
Daniel Tchamo Noumbissié



Enfin, ni le nombre ni la qualité des pancartes ou de spots télévisés ne présagent l’issue d’une élection dans un espace politique libre. Certains, comme dans l’Illinois, vont même jusqu’à dire, à juste titre, que « les pancartes ne votent pas ». Néanmoins, elles ne laissent pas les électeurs et les électrices indifférents. Son rôle politique est consubstantiel à la qualité exaltante d’une campagne électorale. Alors, que ce rôle soit aujourd’hui de plus en plus bâclé, nous renseigne sur l’ampleur de la double éclipse politique que vivent les démocraties occidentales : éclipse de la politique et éclipse du politique (une dissociation propre à la modernité politique).

Alors, que chaque entité, pour le bien-être de l’être-ensemble, redécouvre son rôle et l’accomplit dûment. Ainsi éviterons-nous de prêter le flanc aux attaques des « ennemis » de la démocratie ou aux critiques lucides de ceux et celles qui pensent que la politique n’a plus définitivement de sens dans la mesure où l’action politique se caractériserait par l’absence de tout principe. C’est-à-dire, précise Arendt « [c]omme si au lieu de procéder de l’une des nombreuses sources possibles du vivre-ensemble humain et de se nourrir de ses profondeurs, l’action politique se tenait bien plutôt de façon opportuniste à la surface des événements quotidiens, pour être emportée par eux dans les directions les plus différentes, si bien que ce qui est apprécié aujourd’hui s’oppose toujours à ce qui est arrivé hier. » (Arendt, 1995 : 180)

Par Daniel Noumbissié Tchamo

       
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  Allemagne : une affiche de campagne d'un goût douteux
 
Mots-clés
allemagne   angela merkel   discrimination   diversité   halina wawzyniak   vera lengsfeld   
 
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