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Bonjour Jacques Bonjawo, vous venez de publier aux éditions Cosmos Publishing un livre intitulé "mes carnets de voyage 2000-2010". Pouvez-vous nous dire pourquoi l’envie de reprendre des textes que vous avez publié dans diverses revues vous est venue ?
J’ai voulu mettre en relief la force des choses. Au terme de la première décennie de ma collaboration avec ces publications, en relisant pour la première fois quelques contributions majeures, j’ai constaté avec surprise à quel point la plupart étaient encore pertinentes. Aussi me suis-je décidé à regrouper ces textes selon un ordre thématique pour en faire un ouvrage qui, je l’espère, intéressera les lecteurs.
Les sujets sont assez variés (relations internationales, économie, nouvelles technologies...etc). Qu’est ce qui vous guidait dans le choix de vos thématiques ?
Si je suis très attaché au nom de ma discipline, "software engineering", je me suis toujours efforcé de m’intéresser à des sujets qui m’ouvraient d’autres horizons. C’est la grande affaire de la vie : si vous ne bougez pas, comme l’âne de Buridan, vous vous encroûtez. J’ai toujours voulu comprendre et si possible agir dans le monde où nous vivons et continuerons de vivre. Cela suppose une approche multidisciplinaire. En général, je choisis librement mes sujets. Toutefois, Il est arrivé que JP Giraud d’Economie Matin ou Laurent Taieb de l’Essentiel me propose de réagir à chaud sur un sujet d’une actualité brûlante.
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Le niveau des institutions que nous avons visité est bon, mais les étudiants sont formés en trop petit nombre pour atteindre la masse critiques d'ingénieurs dont nous avons besoin |
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Jacques Bonjawo |
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Y a-t-il un de ces textes qui vous a particulièrement marqué ou que vous appréciez particulièrement à posteriori ?
Il y en a un bon nombre, mais je citerai en particulier celui que j’ai intitulé "réguler ou réglementer l’économie" et publié dans Economie Matin. Il était un peu prémonitoire. J’y avais en effet anticipé, à ma manière, la crise que nous traversons actuellement, et en avais appelé à plus de vigilance sur les marchés financiers internationaux. Je me réjouis rétrospectivement de l’avoir écrit. Je pense aussi à un texte sur les rapports Chine/USA intitulé "Chine/USA le mariage de raison ?" publié dans l’Essentiel des Relations Internationales. Il a suscité des réactions très positives de la part de nombreux lecteurs qui ont salué sa nouveauté et son originalité.
Vous êtes actuellement patron de Genesis, une start-up qui s’installe sur le continent africain, et plus récemment au Cameroun. Pouvez-vous nous expliquer ces derniers développements de vos activités professionnelles ?
En l’espace d’un an, j’ai fait une douzaine de voyages en Afrique, dont la moitié au Cameroun et en Côte d’Ivoire. Ce n’était pas uniquement de la prospection. Mais je voulais aussi découvrir et comprendre les besoins des couches les plus défavorisés afin de définir les champs d’action future de Genesis. Cela m’a conduit à créer une filiale de Genesis au Cameroun. C’est une société anonyme qui se consacrera au développement des applications informatiques, en particulier dans le domaine de la Télémédecine.
Il s’agit essentiellement de mettre la technologie au service de la médecine afin de donner accès à des soins de qualité au plus grand nombre de patients, notamment dans les zones les plus reculées. C’est pour moi une grande aventure qui commence et j’ai eu l’honneur et le privilège d’avoir des spécialistes comme les Prof. Wali Muna et Samuel Kingue, deux éminents cardiologues, et le Dr. Pierre-Marie Noundou, un chirurgien de renom, qui ont tous accepté de m’y accompagner. Ils siègent tous dans mon conseil d’administration et je leur en sais gré. L’Unesco nous appuie également dans notre démarche. |

Une idée reçue veut que les pays africains ne soient pas propices à des secteurs comme celui du développement de logiciels. Cette appréhension est-elle confortée par votre expérience sur le terrain ?
Pas du tout. J’ai, avec des collègues de Genesis, visité sur invitation plusieurs institutions de technologie en Afrique, notamment l’École polytechnique de Yaoundé.
D’une manière générale, le niveau nous a paru bon et je suis convaincu qu’en mettant quelques infrastructures en place et en créant l’environnement adéquat, une petite Silicon Valley africaine pourrait jaillir de cette alchimie. Je dois toutefois mettre un bémol à cette vision idyllique en soulignant que le nombre d’élèves formés reste très faible (25 à Polytechnique par promotion !). À ce rythme, il sera très difficile d’atteindre une masse critique d’ingénieurs dont nous avons besoin pour mener des projets viables.
Question inévitable : Vous vivez depuis près de vingt ans aux Etats-Unis, un pays que vous connaissez parfaitement. Que vous inspire l’élection de Barack Obama ?
Une grande fierté, que je partage naturellement avec des millions d’africains. J’ai toujours pensé que les États-Unis est un très grand pays, avec une capacité d’adaptation et de rebond phénoménales. Cette élection a une fois de plus consacré cette vision. |
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Jacques Bonjawo et Steve Wozniak, co-fondateur d'Apple
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Attendez-vous quelque chose en particulier de l’administration Obama et estimez-vous qu’elle va changer les choses, ou estimez-vous que l’élection d’Obama compte surtout par sa symbolique ?
C’est une élection hautement symbolique qui donnera beaucoup d’espoir à l’Afrique et au reste du monde en termes de motivation, de paix et de réconciliation. Nombreux sont ceux qui reconsidèrent désormais l’Amérique avec bienveillance, après huit années quasi noires sous l’administration Bush. En revanche, je n’attends pas un changement important en Afrique, en particulier dans le secteur économique. La question centrale est celle des subventions agricoles américaines, notamment dans le domaine du coton, qui vont sans doute continuer d’une manière ou d’une autre. C’est peut-être dans le secteur de l’aide publique qu’il pourrait y avoir un grand geste d’Obama, en particulier dans le domaine du Sida, de l’Agoa, où, disons-le, le républicain Bush a tout de même été généreux envers les Africains !
Microsoft, une entreprise où vous avez travaillé de nombreuses années semble touchée par une crise sans précédent (5000 suppressions de poste annoncées). Pensez-vous qu’elle puisse se renouveler, se réinventer maintenant que le fondateur emblématique Bill Gates a pris du recul ?
Difficile à dire. Le départ de Bill Gates a laissé des traces. Je suis parti la même année et dans la foulée la compagnie a également perdu quelques uns de ses meilleurs talents au profit des concurrents comme Google, ou encore des start up. Cela dit, il ne faut jamais sous-estimer la capacité du comeback des entreprises américaines. Souvenez-vous de Chrysler dans les années 80 avec Lee Iaccoca. De même chez IBM dans les années 90, un certain Louis Gerstner, un homme qui avait précisément refusé le job au départ parce qu’il estimait que ce fleuron de l’industrie avait une seule chance sur cinq d’être sauvée. Il a fallu que Bill Clinton intervienne directement pour le convaincre d’accepter de prendre les reines de ce "trésor national", telle fut son expression. Plus récemment encore, pensez au retour à Apple de Steve Jobs. Oui Microsoft peut se réinventer, et pourquoi pas avec un retour de Gates aux commandes, même si cela paraît peu probable à mes yeux. |
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