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Car, non seulement ils auront assisté, impuissants, à la dissolution de l’Assemblée nationale par le chef de l’Etat, mais en plus ils ont obligation à présent, de se présenter devant les pandores nigériens pour justifier les "trop perçus" et autres avantages financiers dont ils sont désormais soupçonnés d’avoir indûment bénéficié. Et cela, dans le cadre d’une opération "mains propres" dont la visée finale serait l’assainissement de la moralité publique. Le ridicule ne tue pas. Malheureusement, peut-être. Car, la manoeuvre, pour habile qu’elle soit, ne trompe vraiment personne.
Tandja a décidé de faire rendre gorge à des élus du peuple qui ont usé de leur indépendance d’esprit pour se mettre au travers de son chemin, celui de son projet de révision constitutionnelle, un crime de lèse-majesté s’il en est. Car ce rêve lui tient vraiment à coeur. Et c’est bien cela qui est malheureux, pire, sordide, même en politique où généralement les acteurs ne sont pas des enfants de choeur.
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Tandja a décidé de faire rendre gorge à des élus du peuple qui ont usé de leur indépendance d’esprit pour se mettre au travers de son chemin |
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Le Pays |
Et on ne peut manquer de voir dans cette mesure, ce qui s’y trouve réellement : des tentatives de règlements de compte politiques assorties de basses velléités d’intimidations ainsi que de très mauvais coups portés en dessous de la ceinture. Même en politique, on devrait s’obliger à observer un tant soit peu la simple décence. Une brève lecture synoptique des faits et gestes du président nigérien, ces derniers temps, révèle que l’entêtement de Tandja n’a d’égal que son aveuglement, le tout se focalisant sur une fixation : le pouvoir à vie. |
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Il aura, pour cela, décagnoté et embastillé son désormais ex-premier ministre qui, en ce moment, tente de se refaire une santé, après un bien mémorable séjour au bagne de Koutoukalé. Tandja aura aussi irrité et écarté des amis politiques avec lesquels, de longues années durant, il aura partagé les mêmes visées et idéaux pour le Niger. Faisant fi des recommandations des sages de la CEDEAO, il dissout le Parlement nigérien, dont il rêve aujourd’hui de persécuter politiquement les anciens occupants.
Persécuter, car, avec la dernière mesure qui les traque désormais, se trouve comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête de chacun des anciens parlementaires nigériens. Et si d’aventure la justice les trouvait coupables des faits reprochés, ils risqueraient jusqu’à la dégradation de leurs droits civiques. Et lorsqu’on sait que l’immunité parlementaire ne leur sert plus de bouclier -étrange coïncidence- on se rend bien vite compte que plus rien ne peut vraiment empêcher le président Tandja de s’offrir leur tête.
D’autant plus que dans le lot se trouvent deux candidats potentiels, avec qui le président n’a pas d’atomes crochus, et qui pourraient se dresser contre lui au cas où se dérouleraient des élections normales, civilisées et réellement démocratiques : Mahmane Issoufou et Mahmane Ousmane. Mais, au fait, à supposer que Tandja continue de déployer des trésors d’ingéniosité, use de tous les subterfuges possibles et imaginables, qu’il bouscule les uns, écarte les autres, et qu’à la fin il sorte vainqueur de tous ses combats, pour enfin s’installer aux commandes du Niger comme président à vie, sur qui régnera-t-il ? |

La magistrature suprême étant des services qu’un homme rend à une nation entière, celui qui y prétend se devrait d’avoir la décence de se laisser juger par ceux qu’il prétend vouloir servir. Malheureusement, la clameur qui monte de toutes les classes sociales, au Niger, en ce moment, n’est pas celle de l’approbation mais plutôt de protestation. "Souviens-toi que tu n’es qu’un mortel !" lui répétait, inlassablement à l’oreille, l’esclave qui tenait la couronne de lauriers de l’empereur romain, le jour de son triomphe. Ils sont nombreux, sur le continent africain, les chefs d’Etat qui se surprennent à rêver de présidence à vie.
Fort malheureusement. Car après tout, ils n’ont ni découvert la poudre à canon ni inventé le fil à couper le beurre et ils ne sont pas non plus sortis de la cuisse de Jupiter. Mais cela, on pourrait le leur pardonner, si toutefois ils pouvaient toujours donner des débuts d’indice de compétence que nécessite la charge à laquelle ils aspirent. Malheureusement, ils n’offrent bien souvent en lieu et place, qu’une boulimie du pouvoir, véritable cheval de Troie du despotisme, de la malgouvernance et de bien d’autres vices qui se conjuguent tous pour fouler aux pieds la démocratie. Mais les peuples, qui ne sont pas dupes, le savent bien. Ils savent supporter des turpitudes pour un temps. Il n’est pas sûr qu’ils les endurent tout le temps. |

Après la chasse aux députés, à qui le tour au Niger ? Car, on l’imagine, Tandja est bien décidé à solder ses comptes avec tous ceux qui, peu ou prou, auront eu la malencontreuse idée de refuser d’applaudir des deux mains sa marche savamment orchestrée vers le podium de la présidence ad vitam aeternam. Une obstination qui, décidément, frise la démence. Mais, en vérité, le fait n’est pas étonnant. Le président devrait peut-être arrêter de confondre guides maraboutiques et sciences politiques. Ce serait là, pour lui, un début de sagesse et pour ses compatriotes, le retour à la paix et à la sérénité sociales.
"Le Pays"
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