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Ainsi donc les sectes seraient « un non-problème » et l’organisme chargée de les surveiller, la Miviludes, un machine à produire du « bla-bla ». Ces fortes considérations exprimées dans le magazine VSD par Emmanuelle Mignon, la directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy, que l’on dit très catho-comme-il-faut – propos démentis par l’intéressée, mais confirmés par l’hebdomadaire - ne résistent pas à un rapide rappel historique.
La constitution de la première commission d’enquête parlementaire sur les sectes remonte à juin 1995. Si les députés s’intéressent cette année-là au phénomène, ce n’est nullement parce qu’une soudaine fièvre inquisitoriale les a saisis, mais bien parce qu’ils pressentent un danger. Quelques mois plus tôt, en octobre 1994, en Suisse et au Canada, 48 adeptes de l’Ordre du temple solaire se sont donnés la mort ou ont été assassinés par d’autres disciples. Un an plus tôt, à Waco au Texas, les affrontements entre la police et la secte des Davidiens, retranchée dans une ferme, se sont soldés par la mort de 88 adeptes. |
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Attentat au gaz sarin (Tokyo), massacre dans le Vercors… |
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Emmanuelle Mignon, directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy
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sarkozy.fr |
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Les députés redoutent la contagion. Et ils ont raison. Cette même année, au japon, la secte Aoum commet un attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo. 11 morts. Et puis c’est le massacre du Vercors. Le 23 décembre 1995, 16 adeptes de l’Ordre du temple solaire, alors même que l’on croit l’organisation dissoute, périssent dans des circonstances non-élucidées. Là encore, certains adeptes ont été assassinés, d’autres se sont suicidés. S’agit-il d’un crime en vase-clos ou y-a-t-il implication de tiers ou implication de tiers qui auraient pris la fuite ? La justice n’est pas parvenue à le déterminer. Dernier responsable encore en vie de l’ordre, le compositeur Michel Tabachnik, sera accusé d’être l’instigateur intellectuel de cette tuerie. Fausse piste puisque le tribunal de Grenoble puis la Cour d’appel l’ont relaxé.
A ce jour, l’affaire du temple solaire reste le plus grand dossier criminel de l’après-guerre. Un drôle de « non-problème » qui aurait peut-être mérité qu’on y consacrât, ne serait-ce que la moitié des effectifs de police déployés l’autre matin à Villiers-le-Bel. Le juge d’instruction chargé du dossier, a bénéficié, en tout et pour tout, de la collaboration d’un unique fonctionnaire de police !
La première commission d’enquête parlementaire a rendu son rapport en janvier 1996, au lendemain du massacre du Vercors. S’appuyant sur un document de travail des renseignements généraux, elle a répertorié 172 mouvements sectaires. Une mise à l’index contestable dans son principe, puisqu’elle revient à établir une liste de suspects. Mais cette nomenclature a le mérite de baliser une mouvance jusqu’alors opaque. Dans la foulée, une Mission interministérielle de lutte contre les sectes (Mils), est créée. Elle a pour tâche de maintenir à jour la cartographie sectaire. Les massacres de l’OTS ont en effet mis en lumière l’absence quasi complète d’informations sur ce type de mouvements. |
Liquidation… et réapparition de la secte |

La mobilisation s’étend à la justice. On exhume les dossiers d’instruction avant qu’ils ne soient frappés par la prescription. A Lyon puis à Marseille, les tribunaux vont condamner plusieurs responsables de l’Eglise de scientologie pour escroquerie ou exercice illégal de la médecine. A Paris, le tribunal de commerce prononce la liquidation de l’Eglise de scientologie pour ne pas s’être acquittée des sommes qu’elle devait au fisc. Ce qui n’empêche pas la secte de réapparaître quelques semaines plus tard sous une dénomination à peine altérée.
« Je ne les connais pas », confie benoîtement Emmanuelle Mignon à VSD à propos de la scientologie. Cet aveu justifie à lui seul les travaux des deux autres commissions d’enquête parlementaire sur le phénomène (Les sectes et l’argent en 1999 et Les sectes et les mineurs en 2006) et les études de la Mission interministérielle de lutte contre les sectes, devenue la Miviludes. Si elle avait parcouru les différents rapports – le bla-bla – Emmanuelle Mignon n’aurait pas manqué de constater combien l’histoire judiciaire de la secte était chargée. Au point qu’elle pourrait bien étrenner, un jour prochain, une disposition de la loi Aboud Picard, adoptée en 2001, qui donne à la justice la possibilité de dissoudre les sectes ayant fait l’objet de condamnations pénales. |

Enfin, quelques ouvrages bien documentés lui auraient appris que ces drôles de paroissiens ont une fâcheuse tendance à infiltrer les entreprises, disposent d’un service de renseignements, le bureau des affaires spéciales (OSA), et réfèrent de leurs moindres agissements au quartier général de la secte, aux Etats-Unis. Bref, que la scientologie, ce n’est pas simplement le beau et souriant Tom Cruise, reçu en fanfare, en 2004, par le président alors qu’il n’était que ministre des Finances, visiblement sur les conseils de sa chère épouse d’alors, Cécilia. Mais peut-être cet effort de documentation est mission impossible…
Pour lire ou relire sur la scientologie dans Bakchich :
Avec la scientologie, la justice tient du miracle
Tom Cruise, Top Gun de la Scientologie descendu en plein vol |

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