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« On n’est jamais mieux trahis que par les siens ». Depuis mercredi, Mouammar Kadhafi a de quoi ruminer cette maxime. Considéré comme l’une des figures de proue du régime libyen, Moussa Koussa, ministre des Affaires étrangères, a en effet annoncé sa démission dès son arrivée dans la capitale britannique ; un départ qui, paradoxalement, intervient au moment où sur le terrain, malgré les frappes de la coalition, désormais conduites par l’OTAN, les troupes loyalistes reprennent du poil de la bête, faisant reculer les insurgés.
Alors est-ce que, malgré le retour des succès militaires, les rats commenceraient à fuir un navire en perdition ? Pas si sûr, même si, après d’autres défections significatives, cette fois le symbole est de taille. Ainsi, quelques semaines après l’ex-ministre de la Justice Mustapha Mohamad, reconverti en président du « Conseil national de la transition », Moussa Koussa est la plus haute personnalité à quitter le giron du Guide.
Et si, pour le moment, l’ancien cacique n’a pas annoncé son ralliement à la cohorte de Bengazi, son départ constitue un coup dur pour le régime, car avant même de prendre en charge la diplomatie, Moussa Koussa, l’homme fort des comités révolutionnaires, épine dorsale du régime, était connu hors des frontières de son pays comme le loup blanc.
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Ce fidèle parmi les fidèles a en effet été le patron des services de renseignement libyens de 1994 à 2009. Un poste hautement stratégique qui a permis au serviteur zélé qu’il était encore à cette époque d’avoir accès au saint des saints. A ce titre, il a, entre autres, été le négociateur-clé du régime pour la levée de l’embargo décrété par les Etats-Unis en 1986 contre Tripoli.
Pour qui connaît son pedigree, l’ex-ministre constitue une défection de taille aux yeux de la coalition et des insurgés, tant sa connaissance des rouages du système et du cercle des proches de Kadhafi est grande. Cependant on peut légitimement se demander quel crédit accorder à une telle volte-face, surtout de la part d’un homme qui, pendant des décennies, a servi avec zèle celui qu’il qualifie aujourd’hui de despote sanguinaire.
On imagine aisément qu’en qualité de grand patron des services secrets, cet homme des dossiers sensibles aura fomenté attentats, coups fourrés et autres opérations illégales, se prêtant allègrement avec d’autres caciques au pillage des richesses pétrolières de la Libye. Réfugié à Londres d’où il pourra livrer des informations très précieuses à l’OTAN, l’ex-bras droit du Guide est désormais en mesure de le frapper en plein cœur.
H. Marie Ouédraogo
L’Observateur Paalga
www.lefaso.net
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