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''De l'Afrique à l'Hexagone'' de Kodjo Léon Amegan
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Né en 1943, Kodjo Léon Amégan est un homme « ordinaire ». En 2009, il a publié chez L’Harmattan son autobiographie, « De l’Afrique à l’Hexagone » dans laquelle il raconte son parcours, qui l’a mené de Lomé, la ville où il est né, à Ozoir-la-Ferrière, commune de Seine-et-Marne où il vit actuellement, en passant par Port-Gentil au Gabon, par le village d’Oshwé en pleine forêt congolaise ou par Paris.
La construction du récit est simple. L’auteur choisit de nous raconter tout, depuis le début, méthodiquement. Commence alors un récit truffé d’anecdotes, d’histoires quotidiennes et de petits détails racontés avec un humour constant. En même temps qu’il raconte, l’auteur fait le bilan, donne son opinion et prend beaucoup de recul sur les grands et les infimes évènements qui ont fait sa vie. Il trie, sélectionne, raconte le plus amusant et le plus émouvant, mais toujours avec retenue et pudeur.
Kodjo Léon Amégan débute par son enfance, à Lomé. Il façonne le décor, décrit sa famille, fait le portrait de ses parents et de sa grande famille. Mais il livre aussi quelques histoires, a priori sans importance, qui font pourtant imperceptiblement naître, par petites touches, l’ambiance de Lomé et les habitudes des Togolais dans les années 1940 et 1950. Le premier tiers du livre est ainsi consacré à son enfance et à son adolescence, passées à Lomé, hormis une brève escapade familiale au Gabon. |
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Le collège Saint Joseph de Lomé
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L’auteur y raconte sa découverte de l’école et les souvenirs émus ou agacés qu’éveillent certains des professeurs, français expatriés ou togolais, qui ont marqué sa scolarité. Mais il s’attarde surtout sur les activités qui rythmaient les moments passés avec ses amis d’enfance hors de l’école : les matchs de football et la liesse qui les entoure, les séances de cinéma à découvrir et re-découvrir les classiques hollywoodiens et français, les jeux malicieux des enfants, puis la découverte plus tardive des jeunes filles, et surtout l’initiation à la guitare puis aux plaisirs de monter des orchestres et de jouer dans des concerts.
Puis vient le temps des études et des premiers emplois. Celui de la dispersion des amis aussi, en Afrique, en Europe. Ainsi, l’auteur part en 1967, à l’âge de 24 ans, en plein cœur de la forêt congolaise, pour y devenir instituteur. Il y passe deux ans, deux ans à vivre en plein village, à la congolaise, lui le jeune Togolais désormais habitué aux frasques des dancings loméens.
Puis, en 1969, vient le temps du départ en France. La France qui constitue la plus grande partie de cet ouvrage. Amégan y décrit tout, depuis son arrivé à Paris. L’étonnement devant cette ville, les premiers pas hésitants dans le métro, les nouvelles habitudes des Togolais en France, etc. Puis ce sont les galères qui s’enchainent, trouver un travail, naviguer entre plusieurs petits logements.
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Au-delà, de ce parcours très personnel, cette autobiographie permet surtout de plonger dans un récit plus général (...) Du Togo, au Gabon et au Bénin puis au Congo, l’auteur esquisse d’abord, par fragments, un tableau de l’évolution politique africaine, de l’espoir des indépendances aux enlisements dictatoriaux. |
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Enfin, le temps de l’installation, de bâtir une carrière au Crédit Lyonnais, de se marier et de fonder une famille, d’acheter une maison. Et de nouveau, les difficultés qui reviennent. Une situation économique qui empire, des enfants qui ne manquent de rien mais se contentent de l’essentiel. Un parcours très ordinaire, donc. Relativement classique en tous les cas. Mais un parcours raconté avec tendresse et avec une volonté manifeste de nous emmener dans le récit, de nous faire entrer dans la confidence.
Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’on se prend rapidement au jeu, que l’on découvre de plus en plus l’auteur, que l’on apprend à le connaitre, et que l’on a de plus en plus envie de tout savoir. Comme un fils qui écouterait, des heures durant, son père lui raconter sa vie et ses périples. Amégan raconte tout, les jours heureux et les heures moins glorieuses. Il ne nous cache rien. Et c’est ce qui suscite rapidement ce si grand élan de sympathie à son égard.
Au-delà, de ce parcours très personnel, cette autobiographie permet surtout de plonger dans un récit plus général, celui de l’immigration africaine en France, voire d’un continent tout entier. Du Togo, au Gabon et au Bénin puis au Congo, l’auteur esquisse d’abord, par fragments, un tableau de l’évolution politique africaine, de l’espoir des indépendances aux enlisements dictatoriaux. |
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Paris dans les années 1970
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Enfin, c’est l’itinéraire d’un immigré qu’il raconte ici : l’adaptation à la vie congolaise puis française, la nostalgie du pays d’origine que l’on ne retrouve que pour quelques trop courtes vacances, la tristesse face aux amis perdus et les trop rares retrouvailles avec certains compatriotes.
Et si ce livre est teinté d’un humour constant, l’impression générale qui en ressort est plus sombre, à l’image du sous-titre du livre : « Les espérances d’une enfance, les désillusions d’une génération ». Ce livre constitue donc un témoignage important pour comprendre un peu plus l’immigration africaine dans l’Hexagone, sous un jour quotidien, loin d’être anecdotique.
Alors bien sûr, si Kodjo Léon Amégan choisit de tout dévoiler, le récit n’en reste pas moins tributaire de ses envies et de la sélection qu’il décide d’opérer dans sa mémoire. Ainsi, nous aimerions parfois qu’il en dise un peu plus, sur certains aspects de la vie togolaise à la fin de la colonisation française, de la politique de son pays ou encore du racisme en France. Mais il faut se laisser aller à écouter Amégan, conteur talentueux. Ainsi, l’on se plonge avec plaisir dans ce livre qui frappe par son universalité. Car au détour de ces pages, chacun, quel que soit son pays ou son âge, se retrouvera dans une foule d’anecdotes et dans la magie des amours, des amitiés et des rencontres décrites dans ce livre. |
Extraits |
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Le monument togolais de l'indépendance
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- « Son père était un abongo sodja (sodja signifie soldat ; c’est une transcription togolaise du terme anglais soldier). On l’appelait Kanlia, c'est-à-dire le brave. C’était un ancien combattant de l’armée britannique, un vétéran de je ne sais quelle guerre. Une de ces guerres pour lesquelles des générations entières d’Africains avaient été ardemment conviées, au nom de la patrie, à offrir leur chair pour se voir priées le jour de gloire, aux portes de Paris ou d’ailleurs, de ne pas souiller de leurs semelles le sol de la capitale, de ne pas ternir de leur peau noire l’éclat de la victoire. Donner votre sang, soit ; mais n’en éclaboussez pas Marianne ! Il y a une limite à tout ! »
- « La mise à la porte d’André du lycée, si elle avait inévitablement distendu nos rapports, n’avait pas entamé notre amitié ; nous avions continué à nous revoir pendant les congés scolaires, d’autant plus facilement qu’il avait habité rue de la Somme au quartier Zongo, à deux pas de chez moi. C’est vous dire ma joie de le rencontrer si loin du pays, de me retrouver si près de mon adolescence avec le souvenir ému de ces années déjà enfuies vécues ensemble, et le sentiment que, malgré tout, le passé n’était pas totalement mort. »
- « Dans cet ordre d’idées, se pose la question à l’Africain titulaire d’une double nationalité de toujours pouvoir choisir, en cas de conflit de ses deux nationalités, son camp sans trahir l’autre ou sans éveiller des suspicions. Pour ma part, tout comme je fustige les crimes des responsables togolais sans renier le Togo, je continuerai à fustiger sans état d’âme les crimes de certains Français contre l’Afrique sans cesser d’aimer la France. Comment ne pas l’aimer ? Je n’ai pas vu le jour sur sa terre, mais j’y ai accompli l’essentiel de mon cycle d’homme : grandir, transmettre la vie, veiller à son épanouissement ; ce sont là des faits qui attachent. L’amour d’un pays, ou de tout autre objet, plus qu’une affaire de diktat ou de volonté, est une question de sentiment. » |

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