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Livre : "La couleur dans la peau, ce que voit l'inconscient" de Sabine Belliard
08/07/2012
 

Récemment publié, ce livre offre une manière nouvelle, très juste et particulièrement intéressante, de traiter de la question de la couleur de la peau
 
Par Patricia Contion
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''La Couleur dans la peau'', de Sabine Belliard  
''La Couleur dans la peau'', de Sabine Belliard
 

"La couleur de la peau; ce que voit l'inconscient" vient d'être publié, aux éditions Albin Michel. Écrit par Sabine Belliard, une psychologue-psychanalyste d'origine antillaise, chercheure à l'Université Paris 7, ce livre offre une manière toute nouvelle, très juste et particulièrement intéressante, de traiter de la question de la couleur de la peau.

D'abord que veut dire couleur de la peau? Toute peau humaine a une couleur: objectivement aucune n'est véritablement "blanche" ou "noire"; pourquoi réserver le terme "couleur" aux personnes noires? De nombreux mots encore très présents notamment aux Antilles (mots surprenants et renvoyant au registre de l'animalité et des croisements d'espèces), sont hérités de l'histoire coloniale et infiltrent fortement notre façon de penser.

L'auteure montre comment ces mots, utilisés pour désigner l'autre à la couleur de peau différente, parlent souvent à notre place; en même temps que nous les utilisons nous sommes pris dans une manière de penser qui d'emblée limite notre perception de l'autre et de nous-même. Sabine Belliard remarque que dans les familles métisses, chez les couples mixtes, ce vocabulaire est rarement repris pour parler des personnes aimées : les enfants métis parlent de parents, frères et sœurs "marron", "crème", "foncé", "clair" etc... ils emploient rarement des phrases du type : "ma mère est noire, mon père est blanc, ma sœur (plus foncée) est noire et moi (plus clair) je suis blanc".

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Une famille métisse : l'actrice Victoria Rowell et ses deux enfants biologiques Jasper et Maya  
Une famille métisse : l'actrice Victoria Rowell et ses deux enfants biologiques Jasper et Maya
 

Ils ont le sentiment que cela attaque leur unité familiale de parler de leurs intimes avec ces mots réducteurs de la vie sociale. Si le mot Nègre est très utilisé et avec fierté aux Antilles (en référence à la Négritude de Césaire et Senghor) il ne se limite pas pour autant aux seules personnes noires de peau: "il y a des négresses blanches" (de culture Nègre et blanches de peau) explique ainsi une des personnes interviewée par l'auteure.

Le plus important, montre très bien Sabine Belliard, c'est que la "couleur" de la peau est DANS la peau. Quelle que soit sa teinte, la peau renvoie ainsi tous les humains aux relations, peau à peau de leur histoire; au toucher de la mère et du père lors des soins corporels, aux caresses (ou aux coups) qu'elle a reçus... C'est tout sauf neutre dans la psychologie humaine que la peau soit un organe des sens, le tactile : la "couleur" de la peau de l'autre est inconsciemment pensée en lien avec ce que cette peau a pu vivre dans le passé, avec le caractère possible aussi de la personne qui la porte.

Si le mot Nègre est très utilisé et avec fierté aux Antilles (en référence à la Négritude de Césaire et Senghor) il ne se limite pas pour autant aux seules personnes noires de peau


Un regard très vite teinté d'une fantasmatique de type sexuel va être mobilisé face à l'autre à la peau différente. Très vite, observe l'auteure, quand on écoute les individus parler de leur couleur de peau et de celle des autres, la question sort discrètement d'une référence au culturel où au social, comme par exemple le cas de ces hommes et femmes qui ne peuvent simplement pas "toucher" aux partenaires qui leur rappellent trop (de même teinte que ce dernier) un de leurs parents Noir ou Blanc...

 
© whitehouse.gov  

Chacun, montre l'auteure en s'appuyant sur de nombreux cas cliniques, utilise la question de la couleur de la peau en fonction de ce qu'il est. S'il est vrai que cette utilisation peut parfois être, pour certaines personnes, d'un immédiat rejet raciste, elle peut également être complètement fluide, être mise au service des rivalités, des besoins de reconnaissance, des enjeux personnels du moment, des désirs de chacun.

Ce livre est courageux car s'il ne nie pas l'histoire et les souffrances qu'ont pu vivre les Noirs dans l'histoire et notamment pendant l'esclavage (l'auteure montre d'ailleurs avec des exemples concrets comment un racisme existe encore aux Antilles de la part de certains descendants d'esclavagistes qui sont restés sur l'île, appelés békés) il nous confronte en même temps aux limites possibles de notre propre regard sur ces questions de couleur de peau.

Chacun, montre l'auteure en s'appuyant sur de nombreux cas cliniques, utilise la question de la couleur de la peau en fonction de ce qu'il est


Quelle que soit notre origine, africains, antillais, européens, le regard de l'autre perçoit immédiatement notre différence de teinte de peau. Être regardé comme Un Blanc ou Un Noir etc. en passant à côté de la personne, ou pire, être incapable de la regarder en "sautant par dessus son visage comme on saute par dessus une flaque d'eau" (une des personnes qui raconte son histoire dans le livre le dit comme cela) a des effets psychiques nous dit l'auteure.

 
 

Comment nous sentons-nous quand notre visage est évité par un autre humain auquel nous allions adresser la parole, demander quelque chose, dans la vie quotidienne? Même si nous pouvons faire comme si les choses ne nous touchaient pas, même si rien n'est dit à ce sujet, quel impact discret ces situations répétées peuvent-elles avoir en nous? Ce livre nous amène à percevoir, que nous soyons regardés ou que nous regardions l'autre dont la peau diffère de la nôtre, l'effet que le racisme ordinaire peut avoir.

La peau est ce qui sert de frontière entre soi et l'autre: toucher à la peau c'est toucher au psychique. Sabine Belliard rapporte ainsi les témoignages de personnes qui expliquent comment c'est profondément et psychiquement qu'elles ont été touchées par ces regards, ou plutôt ces absences de regards auxquels elles ont pu être confrontées. On comprend comment le visage (qui affiche pour chacun aussitôt sa couleur de peau) est précieux et que la teinte de la peau de chacun ne doit pas empêcher de pouvoir le regarder, lui refléter naturellement, spontanément, son visage... Ces échanges apparemment anodins ont un rôle essentiel.

Nous noterons qu'avoir une peau Blanche ne met pas à l'abri de ces vécus particuliers: le livre montre que tout être humain est particulièrement sensible, sinon vulnérable, à la manière dont sa peau va être appréhendée dans la relation. Jamais les mécanismes psychiques œuvrant au sein de la relation regardé-regardant (quand l'appréhension de l'autre est raciste) n'avaient été mis en évidence et analysés de cette manière et avec autant de finesse. Ce livre est donc une première et je le recommande à tous ceux qui souhaitent pouvoir penser plus librement les questions de la couleur de la peau et de racisme.



Patricia Contion est spécialiste de la littérature antillaise







       
Mots-clés
caraïbes   communauté noire   diversité   guadeloupe   la couleur dans la peau   livre   martinique   pyschanalyse   racisme   sabine belliard   
 
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