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Ce dont le pouvoir militaire malien a le plus besoin en ce moment est sans conteste une légitimité nationale mais surtout internationale. Il en devine aisément les positives retombées pour elle, qui se manifesteraient en appuis politique, diplomatique et surtout militaire. C’est sans doute parce qu’elle est consciente qu’une reconnaissance par les institutions africaines et internationales pourrait lui ouvrir beaucoup de portes et consolider son assise que la junte a décidé de faire feu de tout bois pour y parvenir. Seulement, dans sa tentative de s’attirer les faveurs de ses potentiels partenaires, elle risque fort, par maladresse, de creuser davantage l’abîme qui les sépare à plus d’un titre.
L’ambiguïté, pour ne pas dire l’incongruité de l’argument du redressement démocratique avancé par le capitaine Amadou Sanogo, chef du Comité national pour le redressement et la restauration de l’Etat (CNRDRE), pour s’emparer du pouvoir d’Etat, n’a pas encore fini de heurter le bon sens des démocrates que les putschistes en inventèrent un autre, non moins saugrenu.En déclarant que le président Amadou Toumani Touré (ATT) « pourrait être l’objet de poursuites judiciaires pour haute trahison et malversations financières », le chef du CNRDRE semble plus chercher à divertir qu’à convaincre. Il est visiblement décidé à glaner plus de sympathisants nationaux pour se donner la force nécessaire pour faire face au désaveu de l’extérieur.
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Il tente aussi de détourner l’attention de ses contempteurs pour la braquer sur un problème qui n’en est, en réalité, pas un. La junte malienne sait bien que son échec dans sa tentative feinte ou réelle de faire mieux que ATT face à la rébellion, est déjà consommé. Ce qui équivaut à un total échec de la mission qu’elle prétend s’être assignée en renversant le président démocratiquement élu. Au lieu de tirer les leçons de son incapacité et de rendre le tablier, elle croit avoir trouvé en la personne du chef de l’Etat déchu le bouc émissaire idéal.
Mais, qu’elle ne se fasse point d’illusion car, excepté les quelques Maliensgagnés par lapaniqueau point de ne plus savoir à quel saint se vouer devant la sérieuse menace du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), personne ne la suivra dans ses errements politiques. La fin de son isolement en tout cas ne sera pas pour bientôt, le front anti-junte ayant déjà rejeté le subterfuge sous forme de convention qu’elle souhaite organiser. Certes, en tant que citoyen malien, le capitaine Sanogo a le droit de ne pas être d’accord avec la méthode pacifiste de ATT.
Il est cependant très dommageable pour la démocratie malienne qu’il ait choisi d’exprimer son désaccord à coups de canons. Et de là à pousser l’outrecuidance jusqu’à l’accuser de haute trahison, il se dégage un relent de règlement de comptes de personne à personne.
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Le capitaine Sanogo, chef des mutins du Mali
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Il est également évident qu’il est plus utile de se tourner vers l’avenir que de polémiquer sans cesse sur cet acte anticonstitutionnel. Shakespeare n’a-t-il pas dit que « ce qui est fait est fait et ne peut être non fait » ?Toutefois, ce qui est révoltant, c’est de voir le même capitaine qui, non content d’avoir trahi la République en dévoyant sa troupe de sa mission première, s’en prendre de façon cynique à la victime de son acte répréhensible. Ce ne sont ni plus ni moins que des fuites en avant qui frisent la divagation.
La pression que font subir les communautés africaine et internationale aux putschistes maliens est si forte qu’ils ont commencé à perdre les pédales. Tout ceci témoigne du caractère hasardeux de l’arrivée de la junte malienne au pouvoir. Rien d’étonnant donc qu’elle prenne des décisions, comme celle sur l’élaboration d’une nouvelle Constitution, pour y revenir de manière frileuse.
Sous le règne de la Grande muette, le Mali est en train d’aller à vau-l’eau parce que régenté par un groupe dont la seule stratégie est la kalachnikov. Son procédé de diversion a d’autant moins de chances de prospérer que les acteurs de la crise malienne ont bien d’autres chats à fouetter. Le MNLA est un taureau nettement plus dangereux qu’il faut prendre par les cornes pour pouvoir le terrasser. La situation humanitaire sera également plus préoccupante dans les jours à venir avec l’entrée en vigueur des sanctions de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). |
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Réunion de Maliens originaires du Nord le 4 avril 2012 au palais des Congrès de Bamako
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Les Maliens et les autres acteurs extérieurs ont donc d’autres soucis à gérer que de disserter sur le sexe des anges. Les signes de frilosité que présente la junte sont symptomatiques d’une navigation à vue et d’une panique sans doute exacerbée par la menace de la CEDEAO d’envoyer au pays de Soundiata Kéïta un contingent de 3 000 soldats dans les jours à venir.A moins que, comme ils n’ont pu s’empêcher de le faire face à l’avancée des rebelles,
Amadou Sanogo et ses hommes abdiquent avant d’y être contraints. Ce ne serait point un acte de lâcheté mais plutôt un sursaut patriotique qui ne manquera pas de projeter juste un peu de lumière sur le tableau sombre qu’ils donnent à voir depuis leur avènement le 22 mars dernier. Ils éviteraient ainsi à leurs compatriotes de vivre l’amère expérience des pénuries engendrées par les embargos suscités par les sanctions. Les Maliens leur en sauraient gré, malgré tout.En tout état de cause, rétablir la Constitution et toutes les autres institutions de la république et en même temps convoquer une convention nationale, montre à l’envi le caractère ubuesque et incohérent de la posture de la junte.
« Le Pays »
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