
L’un des doyens de la musique africaine, Emmanuel Ndjocke Dibango plus connu sous le pseudonyme de "Manu" Dibango a fêté ses 75 ans le 12 décembre dernier.
Né à Douala au Cameroun le 12 décembre 1933, le jeune Emmanuel arrive en France à l’âge de 15 ans en 1948 pour ses études. A Chartres au début des années 50, il rencontre un autre futur grand musicien camerounais du nom de Francis Bebey et s’essaye au saxophone, qui devient son instrument de prédilection. Après avoir réussi la première partie du bac à Reims en 1955, mais raté la seconde en 56, il décide de se lancer dans la musique, va à Bruxelles, rencontre sa future épouse, collabore avec le grand musicien congolais Joseph Kabasélé, s’en va sur le continent où il a pour base Kinshasa et Douala, avant de revenir en France.
Au milieu des années 60, il collabore notamment avec Nino Ferrer et Dick Rivers. En 69, il signe un premier contrat pour un disque, mais c’est en 72 que le succès vient frapper à sa porte : A l’occasion de la coupe d’Afrique des Nations, Manu Dibango enregistre l’hymne de la compétition sur la face B et la chanson a pour titre "soul Makossa". Aux Etats-Unis le succès est fulgurant et en 73, Manu fait une tournée aux Etats-Unis, puis à l’Olympia. Le succès de "Soul Makossa" est tel que cette chanson sera reprise, sous diverses formes, par des artistes tels que Michael Jackson ("wanna be startin' somethin') ou plus récemment Rihanna ("don(t stop the music").
En 75 il s’installe en Côte d’Ivoire où il résidera quatre ans et dirigera l’orchestre de la RTI (Radio Télévision Ivoirienne). Par la suite, Manu Dibango collabore avec les plus grands de Fela Ramsone à Herbie Hancock en passant par Youssou N'dour, Salif Keita, Angelique Kidjo etc notamment pour l'album Wakafrica. On lui doit aussi quelques fleurons de la musique africaine comme l'album "Le bûcheron", du regretté Franklin Boukaka.
Plus récemment, dans les années 2000, Manu Dibango est revenu sur le devant de la scène avec les albums "Mboa'Su" et "Kamer Feeling". Elu plus grande personnalité camerounaise du 20ème siècle (devant Roger Milla), il s'est même un temps occupé des affaires de l'équivalent de la Sacem au Cameroun (avec un succès mitigé) avant de revenir à Paris. Toujours attentif à l'évolution musicale du continent, il se félicite du succès des musiques populaires comme le coupé décalé, mais en attirant l'attention sur le fait qu'il faut pas oublier qu'il faut de vrais musiciens et compositeurs pour créer les mélodies du futur.
Vous pouvez voir ci-dessous en vidéo quelques unes de ses compositions. |