
Décidément, le débat sur "l'identité nationale française" s'avère être un dangereux boomerang pour le parti au pouvoir en France, l'UMP. En difficulté chronique dans les sondages, avec un bilan économique contrasté, Nicolas Sarkozy avait décidé de ressortir les vieilles ficelles classiques utilisées habituellement par l'UMP et avant elle par le RPR, en remettant sur la place publique les questions de sécurité et d'immigration.
Sur la sécurité, les débats n'ont pas fait long feu, d'autant que certains éditorialistes, d'ordinaire plus tendres avec le président français se sont lourdement questionnés: que pourrait faire Nicolas Sarkozy qu'il n'a pas pu faire depuis 2002 et les multiples lois/promesses?
Le président français a donc décidé de reprendre l'autre ficelle: l'immigration. Ceci dans le but de prendre des voix au Front National. N'oublions pas qu'en 1997 le FN avait provoqué la défaite du RPR aux législatives. Comment? Tout simplement en maintenant ses candidats au second tour. Dans les "triangulaires" plusieurs circonscriptions plutôt à droite sociologiquement ont basculé à gauche parce qu'un FN faisant 20% au second tour suffisait à faire gagner le Parti Socialiste.
Malheureusement pour Nicolas Sarkozy, les médias et les français n'ont pas été dupes. Sondage après sondage une majorité de français révélait ne pas être dupe et être convaincue que la question de l'identité nationale a été remise sur le tapis pour des raisons purement électorales.
Second revers pour Nicolas Sarkozy: les débats. Eric Besson avait mobilisé les préfets pour que des réunions publiques soient organisées, ce qui avait d'ailleurs fait polémique. Et lors de ces réunions ouvertes à tous, plus que d'identité, de nombreuses personnes sont venues exprimer leur xénophobie.
Même le site "participatif" à la Ségolène Royal, a dû "censurer" de nombreuses contributions violant manifestement la loi par leur côté raciste.
Dernier revers sur le sujet, une polémique entourant Pascal Clément ancien ministre de la justice. Lors d'une réunion du groupe UMP à l'assemblée nationale, il aurait déclaré "Le jour où il y aura autant de minarets que de cathédrales en France, ça ne sera plus la France".
Pour marquer sa réprobation, Nora Berra, secrétaire d’Etat aux Aînés, a décider de quitter la réunion. Elle aurait trouvé "insupportable" que des propos aussi "anti-laïcs" puissent être tenus par un ancien garde des sceaux.
Elle a confirmé sur Europe 1 qu'elle "voulait donner un signal fort".
Nathalie Kosciusko-Morizet et Martin Hirsch auraient eux aussi quitté ladite réunion. Nathalie Kosciusko-Morizet aurait déclaré à RMC qu'elle trouvait "le débat pas au niveau du groupe, et je trouvais moche de laisser Nora partir seule".
Sur RMC, Pascal Clément de son côté nie avoir tenu les propos incriminés, et estime que Nora Berra "cherche de la publicité sur le dos d'un ami politique". Cela change un peu des habituels "mes propos ont été sortis de leur contexte" que les politiques utilisent à chaque fois qu'ils sont pris en flagrant délit de racisme.
SOS Racisme, l'Union des Etudiants Juifs de France et d'autres associations ont invité Nicolas Sarkozy à suspendre ces débats que nous n'hésiterons pas à qualifier de nauséabonds. Seront-ils entendus?
Affaire à suivre... |