
Trouver du gaz ces à Ouagadougou par les temps qui courent relève du parcours du combattant. Il n'est pas rare de voir des consommateurs faire le tour de la ville, bouteille de gaz (vide) attachée derrière la moto ou dans le coffre de la voiture, à la recherche de la précieuse bonbonne.
Samira Traoré a vécu l'expérience. "J'habite à côté du stade du 04-Août à Gounghin (un quartier de la capitale). Depuis plus d'une heure, je fouille dans les boutiques à la recherche d'une bouteille de gaz de six kilos et voilà que je me retrouve à Dassasgho (un autre quartier) en passant par le centre- ville, mais sans succès", confie-t-elle à la Pana, ajoutant qu'elle sera obligée d'utiliser du charbon de bois.
Chez le revendeur Patrick Ouédraogo, dont le commerce trône sur l'avenue Babanguida, toutes les bouteilles sont vides et attendent, depuis au moins une semaine, le passage des livreurs. "Chaque jour, nous recevons la visite de plus de cent clients qui viennent demander du gaz, mais malheureusement nous ne pouvons rien faire pour eux", se désole-t-il.
Pour Ouédraogo qui, en temps normal pouvait livrer une vingtaine de bouteilles par jour, cette situation grève considérablement ses finances. "Pourtant je sais que d'autres boutiquiers dans les alentours reçoivent du gaz. C'est comme si l'approvisionnement en gaz ces temps-ci, se faisait à la tête du client", s'indigne-t-il.
Chez Oumar Diallo, à quelques mètres de là, les propos de Patrick se confirment. Il y a bel et bien des bonbonnes de gaz chargées, même les plus recherchées, à savoir les bouteilles de six kg. "Nous recevons du gaz régulièrement, mais en quantité insuffisante", affirme le gérant de la boutique. Pour ce revendeur, son approvisionnement constant et régulier constitue un privilège, car il est apparenté au responsable d'une grande société de distribution de gaz.
Sur les raisons de cette baisse d'approvisionnement, les revendeurs restent vagues. "Il paraît que c'est la Sonabhy qui a des problèmes", avance un boutiquier. A la Sonabhy pourtant, on réfute ces accusations.
"Il n'y a aucune pénurie de gaz", affirme, péremptoire, le chargé de communication, Joseph Sama, tout en reconnaissant que la demande est très forte en ce moment. "Chaque année, en saison pluvieuse, la demande en gaz croît de façon exponentielle, toute chose qui donne l'impression qu'il y a une pénurie", explique M. Sama.
En effet, au dépôt de la Sonabhy, à quelques kilomètres de Ouagadougou, rien ne laisse entrevoir une quelconque pénurie. Bien au contraire, un camion de plus de 1 000 bouteilles de six kilos s'apprêtait à rejoindre Ouagadougou au passage du reporter de la Pana.
Selon Alpha Diallo, qui assure l'intérim du chef de service gaz, la chaîne d'emplissage des bouteilles tourne à un rythme de 1.200 bouteilles (6 kg) à l'heure.
Le directeur technique de la Sonabhy, Joseph Diasso, reconnaît tout de même qu'une panne technique survenue au cours de la semaine dernière a ralenti le rythme de travail. Les deux chariots élévateurs seraient tombés en panne, ce qui aurait conduit les travailleurs à se servir d'un chariot vieux de 15 ans. Toutefois, affirme M. Diasso, cette panne technique au niveau de la Sonabhy ne saurait expliquer à elle seule, la «pénurie» constatée en ville.
"Pour prévenir d'éventuelles ruptures, nous aurions souhaité que les distributeurs déposent à notre niveau un stock tampon de bouteilles à charger à l'avance afin qu'ils n'aient pas à attendre pendant que nous chargeons", déclare-t-il.
M. Diasso déplore, en outre, le fait que les opérateurs ne disposent pas d'emballages en nombre suffisant. Ce sont les mêmes bouteilles qui, selon lui, circulent depuis des années, alors que la demande se fait de plus en plus croissante. De ce fait, la Sonabhy se voit obligée de "travailler en flux tendu".
Pour renforcer sa politique de vulgarisation du gaz au profit de la sauvegarde de l'environnement, suggère le responsable gazier, l'Etat devrait aider les distributeurs à acquérir des emballages à des conditions plus souples. La Sonabhy entend de son côté, consentir encore des sacrifices pour acquérir un troisième élévateur chariot afin de compenser toute panne éventuelle des chariots existants. Cela, après avoir investi plus de 7 milliards de F CFA pour automatiser son hall d'emplissage et renforcer sa capacité de stockage.
La consommation de gaz au Burkina Faso augmente de 20% par an. Pour faire face à cette situation, la société envisage la construction de deux autres sphères de 2.000 tonnes de gaz à Péni, à une trentaine de kilomètres de Bobo- Dioulasso, la deuxième ville du pays.
Pour Joseph Diasso, le gaz est un produit d'avenir au Burkina Faso, car à moyen terme, il est prévu la construction de dépôts au niveau des ports de Lomé et de Cotonou avec pour finalité, de permettre l'accessibilité et la disponibilité du produit partout dans le pays. |