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Laurent et Simone Gbagbo, le couple présidentiel ivoirien
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Il y a une semaine, Laurent Gbagbo réitérant l’annonce de sa candidature (initialement annoncée par Simone Éhivet), fustigeait ceux qui voulaient le pouvoir par le fusil, auxquels il annonçait qu’ils perdraient le fusil et n’auraient pas le pouvoir. Il affichait ainsi sa connaissance de projets d’insurrection
La Côte d’Ivoire n’est ni le Congo, ni le Gabon. Au pays de l’éléphant, la population a acquis une maturité politique. Un grand nombre de gens ont gardé le souvenir d’une "élection calamiteuse" (le mot est de Laurent Gbagbo) qui a donné le pouvoir à Laurent Gbagbo, non la légitimité. D’autres pleurent encore les morts empilés dans le "charnier de Yopougon" (26 octobre 2000) [1], ceux qui ont été abattus par les gendarmes et miliciens de Laurent Gbagbo en mars 2004 et se souviennent des mille tracasseries commises aux dépends des "Dioulas"[1], terme vague englobant tout ce qui est Sénoufo, Malinké, etc...
À cela s’ajoutent la prolifération des statues aux carrefours, la construction d’un ridicule arc de triomphe à Yopougon, non loin de la pharmacie Siporex, projets qui ont été, tout le monde l’a compris, des occasions de détournements, de corruption sans limite, de fermetures d’entreprises dont les dirigeants ont fui un pays instable, ou ont fait faillite, la disparition des emplois [2], la flambée des prix. Les discours hautains, presque méprisants, le spectacle d’une corruption généralisée, aggravent encore le ressentiment. |
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Laurent Gbagbo et son premier ministre Guillaume Soro
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Pour ces populations, le temps de la vengeance a sonné. Les interminables débats autour de listes électorales qui tardent à être publiées, sont, à tort ou à raison, perçus comme des ruses destinées à renvoyer aux "calendes grecques" des élections qui ne seraient pas favorables à Laurent Gbagbo et ses amis, et qu’il espère gagner en annonçant à la fin de décembre le quasi-doublement du salaire minimum obligatoire [3].
Parce qu’il est reproché à Laurent Gbagbo, malgré son discours contraire, d’avoir orchestré une politique tribale au profit des Bétés, des Didas, des Attiés, des Wobés, notamment lors des recrutements dans la police, une insurrection se prépare qui risque fort de déboucher sur des pogromes contre tous ceux que la malchance a fait naître parmi ces tribus ou dont le patronyme les évoque.
Des cadres de l’armée [4] et de la police, de la gendarmerie[5] s’apprêtent à s’éloigner de troupes recrutées sur une base tribale, ainsi laissées face à leur sort. Certains ont déjà changé d’adresse, qui gardent secrète la nouvelle. Ils sont discrètement passés à la dissidence. Une partie au moins des miliciens qui ont fait les belles heures des marches organisées par Charles Blé Goudé, s’apprêterait à voler au secours de la victoire de la coalition formée autour du PDCI, du RDR, de l’UDPCI, etc. |
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Laurent Gbagbo et Blaise Compaoré
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Il est regrettable que des activistes de cette coalition aux affects "mystiques", reprennent un thème qui avait fait la "une" du Courrier d’Abidjan tout dévoué à Simone Éhivet [5], la fantasmatique responsabilité des Francs-Maçons dans les malheurs qui secouent le pays depuis dix ans.
Les premiers mouvements pourraient démarrer le 7 novembre. La suite dépendra de l’attitude de Laurent Gbagbo. S’il a recours à la force, comme il le fit ou le laissa faire en mars 2004 [7], les opérations les plus violentes seront déclenchées et la population sera soumise aux aléas d’une guerre civile soutenue par des mercenaires étrangers, Maliens, Nigériens, Togolais, plus particulièrement Burkinabés malgré l’accord récemment signé entre Blaise Campaoré et Laurent Gbagbo. Certains éléments seraient dès à présent en place, près à intervenir. L’action sera donc bien loin de rester purement locale. Les "forces de l’ordre" seront divisées : une partie restant fidèle au pouvoir en place, une autre œuvrant à sa perte.
La position de Paris reste l’une des inconnues. Laurent Gbagbo n’est probablement pas le favori de l’occupant de l’Élysée malgré la récente rencontre entre le président ivoirien et Martin Bouygues. Le chef de l’État français ira-t-il jusqu’à laisser faire l’insurrection ? La condamnation de principe des coups d’État sera-t-elle la plus forte ? Il semble que les insurgeants soient bien décidés à refuser toute interposition qu’elle soit le fait de la force française Licorne, ou de celles de l’ONUCI. Ils seraient décidés à éliminer tout ce qui s’opposera à la défaite de Laurent Gbagbo et de ses supporters. |
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Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié
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Il semble que des "condamnations à mort" aient été prononcées, notamment à l’encontre d’un spécialiste des retournements de veste, Laurent Dona Fologo, président du Conseil économique et social qui a, une nouvelle fois, montré qu’il quittait le navire de Gbagbo
en proposant au début d’octobre, à l’occasion d’un congrès des maires, qu’un accord soit souscrit avec la force Licorne pour qu’elle élimine les coupeurs de route.
En laissant sans lendemain cette proposition, le gouvernement en place reconnaitrait-il que ces truands sont les miliciens du FPI, cherchant dans le banditisme l’argent que leur refuse leur maître jusqu’à ce qu’il les jette une nouvelle fois devant le camp du 43ème BIMA ? La ruse de Laurent Dona Fologo consiste à ne rien dire et à tout laisser imaginer. Ses procédés indisposent ceux qu’il a trahis deux fois de suite en 2000, d’abord au profit du défunt général Guéi, puis de Laurent Gbagbo.
Comme "les ides de mars" ont vu la chute et l’assassinat de Jules César, celles de novembre 2009 pourraient montrer l’éviction de la scène politique de Laurent Gbagbo et de Simone Éhivet. |

En supposant que l’insurrection triomphe, se posera très vite entre ses principaux leaders, Bédié et ADO, le grave problème du trône : qui aura le bonheur de s’y asseoir ? Le premier fut désigné par Houphouët-Boigny, l’autre, probablement préféré par l’occupant de l’Élysée, formé à la gouvernance de l’État par le FMI et le Père de la nation ivoirienne.
C’est alors que les éléments négatifs qui entachent les deux candidatures seront brandis de part et d’autre, d’abord dans les discours, ensuite au cours de "marches", enfin (il y a des habitudes qui se prennent vite) par les armes. Nous risquons donc d’assister à une succession de scènes d’une extrême violence opposant les Ivoiriens, séparées par les accalmies nécessaires pour panser les plaies, lancer de nouvelles déclarations, constater la résistance de l’adversaire avant de redonner l’assaut.
Dieu veuille que la Côte d’Ivoire ne devienne pas un nouveau Rwanda.
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Notes : |

[1] Le Toubabou, Le millefeuille ivoirien – un héritage de contraintes, L’Harmattan, Paris, 2005, p. 249.
À propos des exactions commises par le Centre de commandement des opérations de sécurité (CECOS) : Le Toubabou, op. cit., p. 257.
[2] On considère usuellement qu’un salarié fait vivre 10 à 12 personnes. Il s’ensuit que la fermeture de la Compagnie ivoirienne du bois (CIB) dont l’usine était à Gagnoa (1.500 salariés) a jeté dans la misère entre 15.000 et 18.000 personnes.
[3] Au 1er janvier 2010, le salaire minimum agricole (SMAC) serait majoré de 63,9 % ; le salaire minimum industriel et commercial (SMIC) serait porté à 60.000 fcfa.
[4] Les lenteurs apportées au paiement de la prime "hauts les cœurs", n’ont pas été oubliées. Cette fois, un discours de Laurent Gbagbo ne suffira pas.
[5] Les gendarmes-commandos du camp de Koumassi attendent encore que soient célébrés ceux des leurs tombés au combat devant Bouaké, en 2002. De même, toute la population aimerait que soit affiché le nombre des hommes des forces loyalistes, tombés au combat, celui des blessés, et que soit mentionné le lieu où ils sont (ont été) soignés, celui où reposent ceux qui sont mort de leurs blessures.
[6] Le Toubabou, op. cit,, p. 243.
[7] Le Toubabou, op. cit,, p. 271. |
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