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Cela fait déjà 3 ans que Sembène Ousmane a rejoint les pères de la Négritude au royaume des ombres. Nous attendons toujours avec autant d'intérêt la sortie de son film intitulé «Samory» qu'il n'a pas pu achever lui-même. Nous rendons hommage à cette figure de proue du cinéma africain en présentant son dernier chef-d'œuvre : «Moolaadé».
Ce film tourné au Burkina-Faso est un plaidoyer pour l'abolition d'une coutume actuellement considérée comme une violence faite aux femmes et une atteinte à leur intégrité physique. Le «Moolaadé» est la protection que l'on accorde à ceux qui sont en fuite. C'est une vieille tradition africaine qui est aussi ancienne que l'excision.
Sembène met en scène Collé Ardo, une mère excisée, qui, sept ans plus tôt, avait soustrait son unique fille, Amsatou, au rituel de l'acte de purification, ou «Salindé», un euphémisme pour désigner l'excision. Cette année-là, quatre filles s'enfuient pour échapper à l'excision et demandent asile ou Moolaadé auprès de Collé Ardo qui avait refusé que sa fille soit «purifiée».
Malgré les pressions du village et celles de son mari, Collé Ardo protège ces jeunes filles des couteaux des exciseuses. Elle se saisit d'une corde rouge et jaune, et barre l'entrée de sa maison: le symbole est posé. Il est aisément franchissable, mais tous le respectent. Par cet acte, elle s'oppose à son mari et à sa famille, mais surtout aux exciseuses qui voient leur pouvoir s'estomper. Collé Ardo refuse de livrer à la «salindé» (la purification) les fillettes qu'elle a prises sous sa protection. |
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Deux d'entre elles ont préféré s'enfuir et se donner la mort en se jetant dans le puits. Pour éviter qu'un tel accident ne se reproduise, le chef du village fera combler le puits. Une foule de personnages enrichissent la mise en scène: Mercenaire, l'ancien soldat qui devient boutiquier et philosophe sur la globalisation et les lois du marché tout en arnaquant ses concitoyens, le fils prodigue qui revient de France et qui est reçu
comme un monarque, mais il finit par s'opposer á certaines pratiques traditionnelles comme, par exemple, le remboursement des dettes contractées à son insu par les autres membres du clan ou de la famille et le mariage forcé avec une cousine au seuil de l'enfance. Le village se partage alors entre les tenants de deux valeurs traditionnelles qui s'opposent: la Salinde (favorable à l'excision) et le Moolaadé (équivalent au droit d'asile).
Tout le village est en effervescence et s'affronte alors dans un douloureux combat. Très vite, les hommes s'y mêlent. Ils confisquent les radios et les brûlent dans une sorte d'autodafé, privant ainsi les femmes de ce qu'ils considèrent comme les suppôts de Satan par lesquels elles ont appris que le grand imam de la mosquée condamnait l'excision.
Les exciseuses exigent un verdict et elles trouvent auprès des notables , des alliés de taille, car pour eux, il est hors de question d'épouser une «bilakoro» , c'est-à-dire, une femme non excisée, donc impure. Collé Ardo, la rebelle, devient la cible des partisans de l'excision. Son mari tente de la persuader de laisser exciser les filettes. Pour cela, elle doit prononcer le mot qui lève la protection, «qui casse le Moolaadé». Mais Colle Ardo ne faiblit pas. Incapable de la faire fléchir et poussé par les hommes du village, son époux devient violent. Il flagelle son épouse récalcitrante. Ainsi, Collé Ardo est battue en public, devant tout le village assemblé. |

Cette scène de flagellation quasi hallucinante porte la tension à son comble et celle-ci atteint son paroxysme lorsque Colle Ardo demeure muette comme une carpe, malgré les coups de fouet qui tombent sur son corps déjà meurtri.
La communauté se divise en deux camps: d'un côté, les femmes qui encouragent Collé Ardo en l'exhortant à ne pas parler: «Résiste, ne le dis pas! » sont les mots de sympathie qu'elles s'évertuent à crier et, de l'autre, son époux, fouet en mains qui est brisé par le désespoir, mais qui se sent obligé de corriger son épouse préférée. Soutenu par les notales qui hurlent «brise-la!» et les exciseuses qui le poussent à frapper plus fort en criant: «mate-la!», il la supplie de prononcer le mot qui permettra de retirer sa protection aux fillettes.
Finalement, Mercernaire fera arrêter cet acte de violence ignoble, l'époux laissera tomber le fouet et les femmes triompheront de la loi des hommes grâce au courage et à l'abnégation dont elles auront fait preuve, conformément à la tradition africaine. Le film se termine par leurs chants de victoire «Wasa, Wassa» (On a gagné) contre les «tueuses de fillettes». |

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