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À Rome où elle tient un sommet consacré à la crise alimentaire, l'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a demandé, jeudi 5 juin, aux 50 chefs d'État et de gouvernement, ainsi qu'aux 2000 délégués présents, de donner 30 milliards de dollars pour relancer l'agriculture et lutter contre la faim.
Jacques Diouf, le patron de l'organisation, a rappelé que 1200 milliards de dollars avaient été dépensés pour l'achat d'armes dans le monde, et que « le gaspillage de nourriture d'un seul pays peut coûter 100 milliards de dollars ». « Comment pouvons-nous expliquer au peuple de bon sens et de bonne foi qu'il est impossible de trouver 30 milliards de dollars par an pour que 862 millions de personnes victimes de la famine puissent jouir d'un droit humain fondamental : le droit de se nourrir et alors le droit de vivre ? » a-t-il questionné.
4 milliards de dollars sont données pour l'agriculture dans les pays en voie de développement, alors que 125 milliards de dollars sont consacrés aux subventions agricoles dans les pays riches. Mardi, à l'ouverture du sommet, le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, avait reconnu qu'il fallait « s'attaquer au problème des subventions qui créent des distorsions » des marchés et donnaient un « avantage injuste » à certains pays.
« La crise alimentaire mondiale est un signal d'alarme pour que l'Afrique se lance dans une révolution verte qui n'a que trop tardé » a déclaré de son côté Sayyadi Abba Ruma, le ministre nigérian de l'agriculture, qui estime qu'investir massivement dans l'agriculture serait s'engager sur la bonne voie.
Le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon considère que les États sont sur la bonne voie : « il y a de toute évidence chez les États membres une détermination, un sentiment de responsabilité partagée et un engagement politique visant à opérer les bons choix et à investir dans l'agriculture au cours des années qui viennent ». « La faim dégrade tout ce pour quoi nous avons lutté ces dernières années et décennies », a-t-il poursuivi. « Nous avons le devoir d'agir maintenant et d'agir ensemble ». Agir ensemble, ce qui n'était pas acquis au début de la conférence, les divers participants ne trouvant pas de consensus sur les biocarburants, par exemple. |
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Les petits paysans en colère |
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Manifestation de la Via Campesina, lundi, devant le siège de la FAO
©
Reuters |
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Par ailleurs, une centaine de représentants d'ONG, d'organisations de pêcheurs et d'agriculteurs ainsi que de représentants de la société civile et des populations indigènes avaient organisé, en marge du sommet, une conférence parallèle de quatre jours baptisée "Terra Preta" (terre noire en portugais). Ayant eu connaissance du projet de déclaration finale des 193 pays membres de la FAO - qui devrait être présentée à la presse jeudi en fin de journée - les organisateurs ont manifesté leur colère et de leur déception de ne pas avoir été « écoutés ». « Les petits producteurs ont été exclus de cette conférence et restent marginalisés alors qu'ils font partie de la solution. Si on continue sur ce modèle on ira droit dans le mur », a estimé Flavio Valente, un responsable de la FIAN, ONG internationale de lutte contre la faim.
« C'est un pas en arrière. En 2004, tous les états membres de la FAO avaient adopté des lignes directrices pour assurer le droit à la nourriture », a-t-il poursuivi. « Nos demandes pour plus de protection, plus de soutien pour les petites productions, des réformes agraires et des mesures concrètes pour lutter contre la spéculation financière ont été totalement ignorées par les gouvernants. On n'a pas écouté la voix des nécessiteux », a ajouté Herman Kumura, du Forum mondial des peuples pêcheurs.
« La solution est de donner plus de pouvoir et de possibilités de décision aux petits exploitants, car ce sont eux qui peuvent nous sortir de la pauvreté. Il faut les laisser produire pour le marché local. Nous demandons à la FAO de revoir ses programmes d'alimentation et d'arrêter la libéralisation des marchés agricoles », a souligné Henry Saradigh, un des principaux responsables de La Via campesina, organisation internationale de mouvements paysans.
Dans leur liste de propositions, les organisateurs de ce sommet parallèle recommandent d'appliquer le principe de souveraineté alimentaire, c'est à dire le droit, pour les pays les plus démunis, de protéger leurs marchés nationaux. L'application de ce principe de souveraineté alimentaire passerait par le rétablissement de protections tarifaires ou douanières, ou la réhabilitation des structures – comme les caisses de stabilisation – pour aider les petits paysans. Les ONG voudraient qu'une commission pour la souveraineté alimentaire soit placée sous l'égide des Nations unies.
Ils réclament également la comparution devant la justice de tous ceux qui ont, selon eux, une responsabilité dans l'actuelle grave crise alimentaire. |
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