
Dans le procès qui opposent dix agents noirs des Services Secrets américains à leurs supérieurs, accusés de racisme, de nouvelles preuves sont apparues récemment. Le 9 mai 2008, devant une cour fédérale du District de Columbia, les avocats de l'accusation ont fait état d'une série d'emails échangés entre les supérieurs hiérarchiques des plaignants. Ceux-ci rabaissaient les agents de couleur noire, allant jusqu'à plaisanter à propos de l'assassinat du Révérend Jesse Jackson, qu'ils appelaient ironiquement « le Révérend vertueux ». Dans d'autres emails, ils plaisantaient encore à propos des relations sexuelles entre deux personnes de « races différentes », se moquant du « jargon noir » employé au « concours d'orthographe de Harlem ».
La dizaine de messages, écrite entre 2003 et 2005, a été rédigée par une vingtaine de responsables des Services Secrets, selon le New York Times. En 2000, les agents afro-américains avaient porté plainte pour discrimination, arguant qu'ils étaient forcés de travailler systématiquement en environment hostile et qu'ils se voyaient refuser toute promotion. Par ailleurs, ils avaient souligné que leurs collègues et supérieurs blancs utilisaient des termes à connotation raciale pour référer à certains suspects et aux leaders noirs d'autres pays. Depuis, l'affaire traînait en longueur, au grand dam de l'accusation.
E. Desmond Hogan, qui représente les plaignants, a déclaré à la presse que les agents étaient « choqués mais pas surpris par les nouvelles preuves de racisme dans les hautes sphères des Services Secrets ». Il a ajouté qu'ils avaient traîné les pieds si longtemps pour dissimuler les preuves, cherchant à faire obstruction aux investigations et ignorant les sommations de la justice.
De son côté, Eric Zahren, le porte-parole des Services Secrets, a confié au NYT qu'ils étaient « profondément déçus par les démonstrations de discrimination à caractère racial ou autre de certains de nos employés ». Il a précisé que l'inspecteur général du département de la sécurité intérieure avait été informé de l'affaire. « Nous ne tolérons aucune discrimination quelle qu'elle soit », a-t-il ajouté. « Ces emails ne sont en aucun cas le miroir de notre politique ou de notre culture au sein même de l'agence ».
Pendant des années, les agents d'origine afro-américaine des Services Secrets américains se sont plaints d'un racisme endémique. Selon leurs dires, leurs supérieurs hiérarchiques ne se contentaient pas de fermer les yeux sur les incidents et agressions à caractère racial. Ils y participaient activement.
Ces dernières semaines, ces incidents ont atteint leur paroxysme avec la découverte d'un nœud coulant dans une salle de repos fréquentée par un agent noir, au camp d'entraînement de Beltsville, dans le Maryland. Cette macabre trouvaille a donné du grain à moudre dans l'enquête menée de longue date. L'agent responsable de la sinistre plaisanterie a été suspendu, selon ses supérieurs. En 2007, 80% des agents des Services Secrets américains étaient blancs, contre 10% de noirs, selon des sources de l'Associated Press (AP). Dans les hautes sphères de l'agence, les blancs représentaient 75% et les noirs 13%. |