
Vous ne connaissiez pas Jérôme Kerviel ? Dans les jours à venir, si vous vivez en France et même ailleurs, ce nom ne passera plus inaperçu. C'est en effet le nom de l'ex-trader de la société générale, âgé de 31 ans, qui aurait provoqué 5 milliards d'euros (vous avez bien lu!) de pertes à lui tout seul.
L'affaire a été révélée publiquement jeudi 24 janvier au matin par les dirigeants de la banque. Qui a accessoirement perdu 2 autres milliards liés à la crise des subprimes. Soit un total de 7 milliards d'euros de pertes(!)
Daniel Bouton, PDG de la banque aurait proposé sa démission au conseil d'administration qui l'aurait refusée, mais que le PDG reste en poste après une pareille affaire démontre à l'évidence que l'élite économique française n'a aucun sens de l'honneur.
Selon les premiers éléments, fournis par la société générale, précisons le, J Kerviel aurait agi seul, pendant presqu'un an, déjouant toutes les procédures de contrôle des risques mis en place par les équipes de la banque et les commissaires aux comptes.
Pour réaliser une perte de 5 milliards d'euros, il faut selon les spécialistes avoir "joué" avec des sommes avoisinant les 40 millliards d'euros (pour info, la société générale valait 70 milliars d'euros en mai 2007 alors que le cours de son action avait atteint un pic). Par ailleurs, sur les marchés "futures", sur lesquels opérait jérôme Kerviel, des "appels de marge" c'est à dire des encaissements ou des décaissements, sont réalisés quotidiennement, selon que les opérations de la journée ont produits un bénéfice ou une perte. Ce système avait été mis en place dans le but d'éviter l'accumulation de pertes. Impossible donc sur la durée de réaliser de telles pertes sans que personne ne s'en aperçoive.
Ce qui fait dire à d'autres connaisseurs du secteur que les explications de la société générale ne tiennent pas la route. La recapitalisation de la banque, à hauteur d'environ 5,5 milliards d'euros, tombe également étrangement à pic, un peu comme si tout avait été décidé en petit comité, et que la communication avait ensuite été soigneusement orchestrée pour que la pilule passe auprès de l'opinion publique.
Par ailleurs, l'annonce de la "fraude", (terme utilisé par la banque), tombe à point nommé et permet de faire l'impasse sur les pertes liées à la crise des subprimes alors que les banques françaises expliquaient il y a quelques mois que leurs engagements dans ce dossier aux Etats-Unis étaient extrêmement limités. Un peu comme le nuage de tchernobyl qui s'était arrêté à la frontière française en 1986...
Annoncé en fuite hier par les médias, Jerôme Kerviel a fait savoir par son avocat qu'il était bel et bien là. Les jours à venir permettront peut-être de savoir ce qui s'est réellement passé dans cette affaire.
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