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Abdoulaye Wade
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afp/getty |
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"Raclée électorale", "carton rouge aux Wade, père et fils", "tir de barrage contre la monarchisation", les expressions, aussi négatives les unes que les autres, n’ont pas manqué au lendemain des élections rurales, municipales et régionales du 22 mars 2009 pour qualifier la défaite de la coalition sopi, formée autour du Parti démocratique sénégalais (PDS), face à deux autres coalitions, "Benno Siggil Senegaal" et "And Ligeey Sénégal" (1). Il est vrai que l’opposition a réussi des percées souvent spectaculaires ou conforté sa position dans de nombreuses villes comme Saint-Louis, Louga, Fatick, Diourbel, Mbour, Thiès, Kaolak, Nioro, Podor, etc., se payant même le luxe historique de faire tomber la capitale, Dakar, dans son escarcelle.
Et le PDS a beau rester bien implanté en campagne, où les populations sont volontiers légitimiste ici ou ailleurs, la claque était d’autant plus magistrale que c’est la première déculottée depuis l’arrivée en 2000 des sopistes ; que le chef de l’Etat s’est impliqué personnellement dans ce scrutin local qui prenait ainsi une dimension nationale aux allures de référendum (pour ou contre les Wade) à trois ans de la présidentielle ; et que Karim, fils et conseiller de son père, à qui on destinait, semble-t-il, la mairie de la capitale en cas de victoire, faisait son baptême du feu.
On sait ce qu’il est advenu de celui qui s’est découvert une vocation politique depuis que papa est président, mais qui doit avoir, en tout cas momentanément, remisé ses ambitions au placard, puisque lui, papa et maman ont été battus dans leur propre fief du point E. Le leader de la Génération du concret (GC) devait être mis sur orbite à l’hôtel de Ville pour aller à la conquêête de la présidence, il va devoir changer ses plans. |
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Karim Wade, grand perdant des dernières élections locales
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Mais s’il doit avoir été paternellement affecté par ce difficile coup d’essai, sans doute Me Abdoulaye Wade va-t-il considérer que la déconvenue de son fils participe du dur apprentissage de ce métier. Et c’est peut-être tant mieux ainsi. En fait, au-delà de ce mélodrame familial, l’on se demandait comment l’inoxydable Gorgui, qui, à 83 ans, en a vu d’autres, allait réagir... On a la réponse depuis le vendredi 3 avril.
Dans le message qu’il a livré à la nation sénégalaise à l’occasion du 49e anniversaire de son indépendance, le locataire du palais de l’avenue Léopold-Sédar-Senghor est naturellement revenu sur les joutes du dimanche 22 mars pour, sportivement, féliciter l’opposition "pour sa performance, car cela en est une", tout en se gardant bien d’évoquer la défaite de son camp. Sans doute, va-t-il laver plus tard le linge sale en famille, ce qui peut se concevoir, car vendredi, c’est en qualité de président de tous les Sénégalais qu’il intervenait.
Mais, comme on pouvait s’en douter, par-delà sa mésaventure personnelle, cet animal politique qui a blanchi sous le harnais n’a pas manqué de faire une lecture positive de la situation, tirant au passage la couverture à lui. De son avis en effet, "cette élection illustre, une fois plus, la maturité de notre système politique et confirme l’encrage de notre pays dans le cercle des démocraties majeures et apaisées". L’air de dire, à raison, il faut le lui reconnaître, que c’est en partie de son fait. |

On croirait d’ailleurs entendre : "dans combien de pays africains vous voyez un président organiser des élections et les perdre ?". Dans la foulée, Abdoulaye Wade s’enorgueillit "de la fiabilité et de la transparence du fichier électoral numérisé, qui ne pourra plus jamais être mis en doute.... et qui a permis à l’opposition d’être victorieuse en maints endroits, ce qui est la preuve, a posteriori, qu’elle a eu tort de jeter le discrédit sur notre pays et ses institutions".
On le voit, le premier magistrat sénégalais n’a pas manqué l’occasion de rabattre le caquet de ses contempteurs qui l’accusaient de préparer des fraudes à l’échelle industrielle, comme s’ils cherchaient déjà des arguments pour expliquer une éventuelle contre-performance. "Mais laissons cela au passé", clame-t-il, bon prince, avant de promettre de "veiller personnellement au respect scrupuleux du choix des citoyens".
Et d’assurer aux élus de l’opposition qu’"ils pourront travailler librement à la satisfaction des besoins des populations qui les ont élus". Il faut le prendre au mot et espérer que d’ici là on ne mettra pas des bâtons dans les roues des conseils municipaux en instruisant de vrais-faux procès comme on l’a souvent vu sous l’ère Wade qui, à force de se fabriquer des ennemis dans son propre camp ou dans celui de ses alliés, a fini par fragiliser son assise populaire. |

Le vote-sanction d’il y a deux semaines n’en est que la cruelle illustration. Et l’illustre chauve de Dakar de lancer dans une posture gaullienne (2) : "Mes chers compatriotes, j’ai bien compris vos messages : besoin de changement réel dans la gouvernance et satisfaction des besoins populaires. Nous ferons de notre mieux et vous jugerez".
Doit-on lire entre ces lignes l’annonce d’une grande lessive au sein de la majorité et de l’appareil d’Etat sur fond de règlement de comptes entre perdants, qui a, lui, déjà commencé ? En attendant, le vieux qui n’est jamais à court d’idées au point de souvent ériger l’effet d’annonce en méthode de gouvernement, en vrai prestidigitateur politique, a sorti un nouveau lapin de son chapeau : la création d’un poste de vice-président (pourtant non prévu par la constitution sénégalaise, sauf à la modifier exprès) qui reviendrait à une femme ou le retour de l’autre moitié du ciel à la Primature, où Mame Madior Boye n’a pourtant pas laissé des souvenirs impérissables.
Reste à savoir si cette trouvaille sera suffisante pour sortir la tête de l’eau après ce naufrage électoral qui pourrait préfigurer la chute de la maison Wade à l’horizon 2012 si rien de sérieux n’est entrepris d’ici là pour colmater les brèches. Mais, expérimenté comme il est, Wade sait qu’il peut aussi compter sur les divergences de ses adversaires qui ne manqueront pas très vite d’apparaître au grand jour. Car une chose est de se liguer pour terrasser l’ennemi commun, une autre de s’entendre après dans la répartition des strapontins communaux et régionaux puis dans la gestion quotidienne de ces entités politico-administratives.
Ousséni Ilboudo
L’Observateur Paalga
www.lefaso.net |

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