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Bonjour Willy, quand on regarde ta carrière tu t’es finalement investi quasiment à 100 % dans l’univers musical caribéen c’est quelque chose qui s’est fait un peu par hasard ou c’est un choix que tu as fait ?
Je dois dire que c’est assez conscient. Je reste persuadé qu’un artiste est la vitrine d’une culture, d’un pays, d’un peuple. C’est quelque part quelqu’un qui est investi d’une mission. Dès le début de ma carrière c’est quelque chose qui m’est venu presque naturellement c’est donc un choix totalement assumé que d’évoluer dans l’univers musical caribéen. A aucun moment je ne me suis pas senti prisonnier. C’est une culture immensément riche. Il y a un puits d’inspiration infini. En Guadeloupe nous avons une culture musicale et culturelle, il y a l’équivalent en Martinique, à la Dominique, en Jamaïque et ailleurs. On n’a pas fini de l’explorer.
T’es-t-il arrivé de faire des infidélités à cet univers caribéen ?
C’est arrivé en effet. J’ai composé pour un chanteur français peu connu qui m’avait fait des demandes dans un esprit "Soul". Je ne suis pas resté longtemps. Je ne me sentais pas vraiment motivé, le cœur n’y était pas et donc, je n’y suis pas restée longtemps. J’ai besoin de croire, d’être motivé. Dans ma carrière, ces incartades sont rares. |
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En tant que musicien et compositeur tu es ce qu’on pourrait appeler un homme de l’ombre, comment le vis tu ? Tu n’as jamais eu le besoin d’être sous la lumière ?
Je suis l’exemple qui prouve que l’on n’a pas besoin d’être en avant pour exister. Je n’ai jamais ressenti le besoin d’être sous les "spotlights". Pour moi le travail en équipe c’est le plus efficace. Il y a des gens pour être sur le devant de la scène, chacun son rôle. Je n’ai jamais été dérangé par ça, au contraire. Je pense même que c’est l’un des secrets de ma longévité.(rires)
Tanya Saint Val, les Zouk Machine, Thierry Cham, Jocelyn Beroard...Tes collaborations avec les artistes, ont été nombreuses comment as –tu vécu ces rencontres ?
Avec Tanya c’est particulier, on a commencé ensemble. C’était une alchimie entre deux personnes. De manière générale j’ai vécu des moments supers, des moments de révélation de cette culture, l’occasion de découvrir des aspects que je ne connaissais pas. Travailler avec Zouk Machine c’était l’occasion de faire des tournées africaines, Afrique Centrale, Afrique de l’Ouest. Pour moi, c’était la découverte et l’ouverture à l’international. En tant que Caribéen, découvrir le continent de mes origines, c’était quelque chose de fort. Parmi les moments poignants, il y eu la visite de l’île de Gorée au Sénégal, ce sont des instants que l’on n’oublie pas. Je garde de supers souvenirs de cette période. |

Comment se fait le lien entre ta créativité et les attentes des interprètes pour qui tu composes ?
Je n’ai jamais aimé prendre ce que j’avais dans les tiroirs pour le refourguer à quelqu’un. Quand on compose pour quelqu’un, on doit s’imprégner de son univers, le ressentir pour apporter à cette personne ce qui colle le plus à son image et à ce qu’elle dégage. Le compositeur doit prendre en compte la personnalité de l’interprète pour que cela fonctionne.
Depuis 2001 tu fais parti du groupe "Moun Karaïb", peux-tu nous en dire plus sur cette nouvelle aventure ?
Moun Karaïb c’est pour moi quelque chose que j’ai toujours voulu faire. De toute ma carrière c’est la première fois que je fais partie d’un groupe. Quelque part je ne sors pas de mon domaine et de ce que j’ai pu faire auparavant. Je ne suis pas le leader. D’ailleurs, il n’y en a pas ! Pour nous, c’était important qu’il en soit ainsi.
Dans le groupe, je ne suis pas interprète, même si on me voit un peu plus, je ne suis pas en "front line". Mais il y a tout de même une continuité avec tout ce que j’ai pu faire avant parce qu’il y a toujours cet esprit d’équipe. Ce qui est très important pour moi. |

Une scène collective est prévue en fin d’année pour célébrer ces 25 ans de carrières, c’était important de le faire ?
J’ai toujours été entouré, j’ai toujours travaillé avec d’autres, je ne me voyais pas marquer ce coup là tout seul. 25 ans c’est un chiffre assez symbolique c’est pour cela que j’ai voulu le faire. Célébrer, je n’aime pas le mot, je le trouve un peu disproportionné. Cette scène collective prévue pour la fin de l’année 2008, c’est juste un petit bilan, dans une vie qui continue. Il faut rester mesuré. J’ai trouvé que 25 c’était un beau chiffre, tout simplement.
Je pense avoir encore d’autres années devant moi, si Dieu le permet comme on dit, pour continuer à faire ce que j’ai toujours fait.
25 ans de carrière, tu as été un spectateur privilégié de la scène caribéenne, quel regard portes-tu sur elle ?
Je serais malhonnête de dire que tout va bien. Je me ferais l’avocat du diable en disant que le zouk ne fait que suivre l’évolution mondiale. Je parle du zouk car c’est du milieu d’où je viens. Le niveau est vraiment tombé, quand on voit des émissions comme "La Nouvelle Star" ou la "Star Academy", on comprend qu'on est plus dans le star system, que dans le domaine artistique véritable. |

Je pense qu’il y a toujours du talent, peut-être même beaucoup plus qu’avant, mais c’est la musique qui a perdu son âme.
Les artistes sont devenus des produits marketing dans le grand supermarché musical. Que ce soit dans la musique caribéenne, ou ailleurs. Il faut réagir pour que la musique retrouve son âme.
Le mot de la fin ?
Je suis content de ces 25 ans de carrière, d’avoir travaillé pour une cette culture, pour mes racines. J’espère pouvoir continuer longtemps à le faire. J’aimerais inviter les grioonautes mélomanes ou pas à un retour aux sources, que l’on retrouve notre âme. Oublions le business pour retrouver la Culture. |
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