Retrouvez Grioo.com sur votre mobile: http://m.grioo.com
Grioo.com   Grioo Pour Elle       Village   TV   Musique Forums   Agenda   Blogs  
   Vendredi 2 Mai 2025 RECHERCHER : Sur Grioo.com  Sur Google 
 Accueil  Rubriques  Archives  Forum     Qui sommes-nous ?     

   

AccueilRubriquesArticleRéaction
 
Retour à l'article: Hissene Habré interpellé à Dakar
  Hissene Habré interpellé à Dakar
Il est sous le coup d'un mandat d'arrêt international
 
 Publicité 
 
Ecrire une réaction

Hissene Habré interpellé à Dakar

Nombre de messages
:  28
Pages:  1  2 > >> 

  Enfin!!!!!!
Patrick ( 15/11/2005 15:24 )
À Suresnes / France

C'est enfin le début de la fin pour tous ces dictateurs. Du moins, je l'espère.

Si on pouvait en faire autant pour le Togo, le Gabon, la RDC, etc....
Ecrire une réaction
 
( 15/11/2005 17:47 )
À Noisy-le-sec / France

il faut que on arrete ses dictateurs car l afrique en a besoin mais neamoins qu il soit jugé en afrique car on en est capable et fini la justice etrangere dans nos plats ils nous font trop souffrir (paul biya idriss deby la famille eyadema bongo omar blaise compaore yueri museveni denis sassou neguesso lansana conte mougabé et ki sais je encore ils sont nombreux)qu ont les arretent tous ses batards de president aigri!!!
Ecrire une réaction
 
LAYE ( 15/11/2005 18:14 )
À / France

Ha t'as oublié WADE.
Je le verrai bien accompagner HABRE.
Ecrire une réaction
  tomy
( 15/11/2005 20:52 )
À / Sweden

tant que l'AFRIQUE n'aura pas la capacite de juger elle meme, les dictateurs qui tuent les population Africaines,
la fiction des occidentaux qui veulent aider les pauvres Africains va continuer encore longtemps
les 1er dictateurs en Afrique sont les amis de la franSSe et de chirac
bongo, wade, blaise C, eyadema, ismael omar guelleh......
Ecrire une réaction
  Hissene Habré
kwin ( 15/11/2005 21:11 )
À La Valette-du-var / France

...Qui sème le vent récolte la tempête !

La guerre dirigée par Mr Hissene Habré avec son cousin Mr GOUKOUNI W. avait totalement rasé leurs propres parents proches, à un moment donné il restait une seule vielle dame vivante du côté de Mr Hissene... comment une famille pouvait espérer procréer dans l'avenir, avais-je demandé à l'un de ses hommes qui me répondit que cette guerre n'aura pas de fin !

Pourquoi des hommes devaient-ils mener la querelle et la guerre atroce sans tenir compte de la destruction massive des familles ? Des tchadiens affamés se dirigèrent et s'installèrent au Nord-Cameroun où ils envahissaient les débits de boisson et arrachaient avec énergie de la bière et des aliments aux camerounais...S'il vous plaît les africains devraient prendre des vraies sanctions contre ce type de dirigeants qui ne méritent pas de gouverner.

Dans une multi-nationale où je fus employée à Douala, écoeurée, je refusais énergiquement de recevoir des compagnons
d'Hissene Habré qui venaient demander des aides et des appuis et exigeaient surtout de rencontrer mes collaborateurs français alors que j'étais la responsable de l'agence, ils exigeaient de voir un che français inexistant qui pourtant se serait moqué d'eux, des mendiants sans scrupule qui n'acceptaient pas de croire qu'une entreprise française installée au Cameroun ait eu pour responsable une femme (que j'étais) C'est l'image banale que je garde du TCHAD où la guerre fratricide a ravagé des masses de personnes innocentes.

Kwin édimo
chef d'entreprise
Ecrire une réaction
 
( 16/11/2005 03:27 )
À Stony Point / United States

A quand le tour de l'ex-dictateur Haitien et traficant de drogue Jean Bertrand Aristide ? Une chaude cellule l'attend a Miami ou il se retrouvera en bonne compagnie avec Jacques Ketant,E.D. One,Hermione Leonard ,Jean Nesly Lucien etc...qui l'ont precede en Floride ?
Ecrire une réaction
 
( 16/11/2005 08:27 )
À Maisse / France

Et la place de son parrain sur le banc des accusés ?
Ecrire une réaction
  Il était temps, OUF!!!!!!!!
Wamba ( 16/11/2005 08:51 )
À / France

C'est l'une des rares fois qu'un gouvernement livre à la justice son protégé. Charles Taylor devrait être sur ses gardes.
Pour ce qui est du jugement à l'étranger, l'UA au lieu de se branler n'a qu'à mettre en place des structures juridiques africaines ayant ce type de compétences. Mais à mon avis, ce n'est pas pour demain.
Ecrire une réaction
 
LIZWI TSHAKU........... ( 16/11/2005 09:04 )
À Neuville-sur-oise / France

C'est abérant qu'un président dechu soit jugé par un autre pays( dans un autre continent) pour des crimes ayants été commis en AFRIQUE, cela me peine enormément, c'est triste. La Belgique se permet de juger HUSSENE HABRE alors qu'elle a les mains imbibées de sang des congolais RDC, des Rwandais....(tous les crimes qu'elle a commise pendant et aprés la colonisation) et qu'elle a été complice du meurtre de LUMUMBA et bien d'autres. C'est triste, l'indépendance de l'Afrique n'est pas pour demain malheureusement.
Ecrire une réaction
  Enfin!!!!!!!!!!
Théo ( 16/11/2005 09:26 )
À Kinshasa / Congo, The Democratic Republic of the

Les crimes commis par habré sont de dimension mondiale.
Pour moi où que l'on puisse le juger je suivrai ce procès avec attention.
Que les autres dictateurs encore en activité sachent que tôt ou tard ils devront payer et payeront!
Bongo,Sassou,Gbagbo,Museveni,Kagame et consorts......bientôt viendra votre tour!
L'association des malfaiteurs que sont les dictateurs africains doit savoir que le glas a plus que sonné!
Ecrire une réaction
  La TRAITRISE ...
Afroman ( 16/11/2005 13:52 )
À Elsloo / Netherlands

La traitrise senégalaise a encore frappé...Wade est l'avant garde de l'occident á l'ouest du continent ,plus concretement des pays franco...Pitié pour lui !

Il faut que l'on puisse régler ce pb tout seul..Pourquoi avoir attendu tant d'année pour ensuite se prononcé car un tout pt'tit tribunale belge demande l'extradition ???

La traitrise a encore du chemin devant elle avec Wade .
Ecrire une réaction
 
( 16/11/2005 14:04 )
À Halle / Belgium

oui husein habré peut être juger , sur le plan du principe je suis pas contre , mais je suis un peu gener que celà se fasse en belgique , en + cette fameuse loi de compétence universelle de la belgique ne joue que face a des africains et entre autre avec la " complicié " des africians eux mêmes , a quand un américian par exemple devant des tribunaux belges .
Ecrire une réaction
 
( 16/11/2005 15:16 )
À / Lithuania

En fait HH est jugé heureusement parcequ'une des ses victimes est de nationalité Belge et non à cause des atrocités et crimes contre l'humanité au Tchad. C'est ce qui est dommage, il aurait fallut qu'une institution africaine prenne la décision de le juger...pour qu'enfin l'Afrique ne soit plus complice de ses dictatuers...j'ai honte mais en tant que victime, je dis"heureusement qu'il y a eu une victime Belge" sinon mes douleurs et la justice auraient été transparente.
Ecrire une réaction
 
( 16/11/2005 17:01 )
À Lille / France

Voir la Belgique, le diable du Congo, se poser comme justicier mondial, c'est pliant

Elle ferait bien de commencer par juger l'état belge avant de transférer tous ses avoirs au Congo, à titre d'acompte.

Ecrire une réaction
  Sentiments mitiges!
Tchadien ( 16/11/2005 17:25 )
À Birlinghoven / Germany

@Kwin Edimo,

"Des tchadiens affamés se dirigèrent et s'installèrent au Nord-Cameroun où ils envahissaient les débits de boisson et arrachaient avec énergie de la bière et des aliments aux camerounais."

je suis tchadien et a l'epoque de la guerre que tu decris ou les tchadiens s'etaient refugies au nord Cameroun, j'etais tout petit et je n'y etais pas non plus mais de ce que j'ai eu comme information des compatriotes qui y etaient, les camerounais se sont montres plutot xenophobes qu'accueillant a leur egard, certains leur montrant au nez la terre du Cameroun pour qu'ils la reniflent si cela ressemblait a leur terre. Je ne peux pas certifier ton temoignage n'ayant jamais entendu cela mais je trouve tout de meme moralement irrecevable de traiter des gens fuyant la guerre comme des "mendiants sans scrupule" mais cela ne m'etonne pas venant d'une camerounaise. Je dois simplement te le rappeler que les tchadiens sont des gens tres dignes et partout ou ils sont, ils laissent une tres bonne image d'eux. Ils sont d'ailleurs tres discrets. Ce qu'on peut rarement dire de certains camerounais, sans generaliser bien-entendu, qui ont une mauvaise presse dans la plupart des pays ou ils s'installent. J'ai eu deja a entendre pire de l'arrogance des Camerounais. Au cours d'un seminaire avec des blancs, un camerounais se leve et fierement declare que si le Cameroun ne se developpe pas, c'est qu'il a la malchance de se trouver a cote d'un pays pauvre le Tchad qui lui vole toutes ses richesses. Je me demande quelles richesses et comment les leur vole-t-on? Aujourd'hui, a cause de la manne petroliere, certains camerounais n'hesitent pas a parler opportunement du projet petrolier "Tchad-Cameroun" alors que la seule participation du Cameroun est de permettre le passage du pipeline a travers son pays. Ceci dit, l'image que tu gardes du Tchad a travers l'experience vecue aupres des personnes en difficulte qui se seraient mal comportees a l'egard des camerounais restera une impression personnelle mais de grace ne juge pas les tchadiens sur cette base-la. Les situations de guerre sont des situations particulieres et il faut etre heureux que vous ne l'ayez pas encore vecu au Cameroun. Les ivoiriens avaient une telle attidue vis-a-vis des autres africains et aujourd'hui ils en connaissent une pareille. Je sais que le Cameroun par sa composition ethnique, sa geopolitique et le tribalisme rampant repose sur un brasier qui risquerait a tout momemt de s'embraser. Ce que je ne lsouhaite pas mais ceci pour te dire qu'une telle situation n'est pas unique et reservee aux tchadiens.

Sur le principe de juger Hissein Habre comme tout autre dictateur en Afrique, je suis tout a fait d'accord. Car il n'y a que trop d'impunites en Afrique mais je doute de l'opportunite de son jugement par la Belgique. Je rappelle a la personne d'ailleurs qui parle d'une victime belge qu'il ne s'agit pas d'un belge de "souche" mais d'un tchadien naturalise belge. Ce proces aura des retentissements politiques tres importants et Hissein Habre risquerait de faire beaucoup de revelations qui atteindront des politiques en France. Il faut noter aussi que l'actuel president du Tchad etait un des principaux responsables de la machine a broyer les etres humains mise en place par le regime Habre. Cet actuel president avait dirige lui-meme une operation denommee tristement "septembre noir" ou pendaant 6 mois des intellectuels, des medecins, avocats, instituteurs, professeurs de lycee etc issus du sud du Tchad ont ete assassines. Hissein Habre sera juge, certes, comme le cerveau de la machine a broyer l'homme, la tristement celebre Direction de la Documentation et de la Securite (DDS), sa police politique mais beaucoup de responsables actuels du Tchad seraient directement impliques. Lire a ce propos le livre du depute Yorongar "Le proces d'Idriss Deby - Temoignage a charges -". Ce qui me rend triste, c'est que l'Afrique ne soit pas encore a meme de se prendre en mains, de juger ses propres criminels et les livrer a un tribunal occidental, tribunal devant lequel ne comparaitront jamais les faucons criminels americains, israeliens, francais, belges , allemands, bref occidentaux tout simplement. Nous savons que le proces d'Hissein Habre atteindra les responsables politiques francais et americains qui ont finance les appareils de torture, la DDS et autres machineries de tuerie du regime Habre aux motifs de lutter contre la Lybie. Les verra-t-on apparaitre au proces d'Hissein Habre? That is the question! Mais c'est un proces a retentissement qui va s'ouvrir bientot a moins que les enjeux politiques nombreux ne viennent noyer le poulet dans l'oeuf.
Ecrire une réaction
 
mounga ( 16/11/2005 19:12 )
À Mons / Belgium

Mon frère du Tchad je suis Camerounais et très content d'avoir repondue cette femmes haineuse et aliéné.merci pour avoir dit des vérité que je savais pas merci merci
Ecrire une réaction
 
Tchadien ( 16/11/2005 19:42 )
À Birlinghoven / Germany

Merci a toi Mounga pour ta clairvoyance. L'Afrique se meurt aujourd'hui de ces attitudes desesperement retrogrades de ceux et celles qui se complaisent dans les frontieres tracees par nos colonisateurs. Nos peuples africains avant la tracee des frontieres sillonaient toutes les regions de l'Afrique s'ils avaient les moyens sans se soucier de prendre avec eux nourriture et eau car ils les trouvaient en abondance partout ou ils allaient. Les voyageurs arabes avaient note cela et disaient que dans les pays des noirs, le voyageur n'avait pas a se soucier pour sa nourriture ni de l'insecurite. S'il en venait a mourir, les noirs gardaient ses objets jusqu'a les remettre aux ayant-droits. C'est dire combien de fois nous avons regresse dans notre culture d'hospitalite pour en venir a diffamer des freres en detresse qui ont besoin de notre aide. En realite, cette soeur camerounaise ne devait pas s'estimer fiere d'etaler son ignorance en disant qu'elle ne garde que cette experience comme "image banale du Tchad", un pays qui est juste a ses portes. Moi qui suis tchadien, je peux me vanter de connaitre l'histoire du cameroun et d'en parler depuis l'epoque du roi Doula Manga Bell ou encore plus loin jusqu'aujourd'hui par fierte simplement d'etre africain. Elle avait donc tout interet a connaitre ses voisins beaucoup mieux que juste le temps d'une experience episodique. Ceci etant, je sais qu'il y a des camerounais formidables et j'en compte quelques-uns comme amis, c'est pourquoi je ne me prendrais pas la tete pour ses narrations, d'ailleurs sans rancune. Sur le proces Habre, il doit etre juge simplement sur le principe que chaque crime commis exige justice et reparation aux victimes. Cela doit servir d'exemple quoique cela se passera devant un tribunal international et non en Afrique meme. Car si cela se passait en Afrique meme, il aurait tout une autre signification et signifierait que nous n'acceptions plus desormais de l'impunite. Ce proces aura simplement un caractere symbolique mais aura tout de meme des repercussions pour toute l'Afrique je pense. (il y a eu deja d'autres proces: "proces Bokassa", "Moussa Traore" etc mais celui-ci revet un caractere special par son internationalisation).
Ecrire une réaction
 
Tchadien ( 16/11/2005 20:20 )
À Birlinghoven / Germany

Reflexion par un tchadien sur le proces et l'apres-proces sur le site tchadien IYALTCHAD (qui signifie en arabe local les enfants du Tchad). Il y a d'autres reflexions interessantes, notamment celle de la personne victime (24 membres de sa famille tues) qui s'est constituee partie civile dans le proces de Habre. Il s'agit de ce belge qui a porte plainte.

http://www.ialtchad.com/forumhabre.htm

Que cherchons-nous en jugeant Hissein Habré ?


Je voudrais apporter mon point de vue sur les articles de Bruno Mbaïhornom Ngotar (RDC). Le premier date du 08/02/02 et le second du 13/04/02 sur le site de Ialtchad. Ces articles m’ont paru pleins de bon sens et me semblent devoir apporter des éclaircissements sur la manière dont les jeunes Tchadiens actuels devraient réagir face à la situation de notre pays depuis la fin des hostilités qui sont loin d’être définitives.

Je voudrais d’abord ajouter quelque chose au premier article. Je suis d’avis que nos sœurs ne participent pas beaucoup sur le plan des discussions afin de donner leur point de vue sur les problèmes qui se posent à pays. C’est peut-être l’occasion qui leur manque ou bien les moyens intellectuels ou matériels qui font défaut. Il faut constater en effet que ne détient pas un ordinateur personnel chez lui qui veut au Tchad à l’heure actuelle. N’oublions tout de même pas que même installer l’Internet dépend déjà du branchement d’électricité chez soi et qu’il faut être à même de régler la facture régulièrement à moins qu’elle soit gratuite. Savoir aussi s’il existe assez de centre de cybercafé qui permettrait à tout un chacun de communiquer à distance. Quand bien même cela existerait, il faut encore disposer des moyens de payer pour y accéder. D’après ce que je sais, il n’y a que 4 centres à N’Djaména mais malheureusement l’accès coûte 100 francs CFA, ce qui n’est rien si l’on n’est en Europe ou aux U.S.A mais horriblement cher pour les gens chez nous, surtout si l’on n’a pas un revenu régulier et même dans ce cas, la vie communauté ne permet pas de disposer toujours de l’argent du début à la fin du mois, pour être capable de payer à chaque séance d’accès à l’ordinateur. Il faudrait même se demander combien de temps peut-on avoir accès pendant une séance par jour. Tout ceci pose le problème général de l’indépendance de l’individu et vous avez bien fait de mettre le doigt dessus. Il faut crever cet abcès et se libérer bien sûr pour pouvoir prendre des initiatives personnelles et se faire des revenus, afin de pouvoir s’offrir des moyens de réaliser des ses aspirations personnelles. Nous y reviendrons.

Voilà une belle occasion de prendre rendez-vous avec nos jeunes dirigeants de demain de bien faire marcher les choses dans notre Tchad de demain. J’invite nos sœurs qui ont les moyens de s’ouvrir au monde en discutant des problèmes qui ne manquent pas au pays, par exemple la brûlante question de l’excision dont un certain nombre de pays africains font cas depuis déjà un certain temps ( le Sénégal, le Bourkina, …). Cela soulève du coup celle plus générale de l’initiation féminine elle-même chez nous. Qu’en pensent-elles ? Ce thème ne concerne pas seulement les filles mais aussi les garçons et si je l’aborde c’est parce que j’y ai fait une introduction dans un livre que je viens d’écrire mais qui n’est pas encore publié pour des raisons que je n’aborderai pas ici mais j’espère qu’il sera publié plus tard, du moins je l’espère. Hormis ce thème, il y en a d’autres car du fait même de la multiplicité des peuples de notre pays, les problèmes culturels sont divers et nous n’avons que l’embarras du choix des thèmes de discussion. C’est le premier niveau.

Le second concerne le problème du développement qui soulève celui du regard que portent nos « anciens » sur nos faits et gestes et à qui nous devons fidélité et égards. J’y ai beaucoup réfléchi à ce problème et je pense qu’il ne s’agit pas de croiser les bras et reposer sur les acquis. Pour les anciens il s’agit d’assumer correctement les responsabilités qui sont les nôtres à toute épreuve et à chaque instant dès lors que nous sommes confrontés à des problèmes graves qui touchent à la collectivité, à la vie d’homme. Pour les anciens au sens des ancêtres, il s’agit depuis toujours de sauvegarder la société qu’il ne faut à aucun prix mettre en danger. Mais au-delà de cette mémoire collective, il y a beaucoup de places à faire pour entreprendre tout ce que nous voulons dans quelque domaine que ce soit, ce qui n’empêche en rien une relative trahison. Sans trahison des parents nous ne pouvons pas avancer. Il y a seulement des limites que la morale humaine réprouve. Je ne citerai pas lesquelles car personne n’est habilité à donner des leçons de morales aux autres. Cependant il y a des lois qui nous sauvegardent de nos égarements et nous savons bien qu’il est nécessaire de respecter les lois pour que notre société fonctionne correctement. Aucune société ne peut fonctionner sans lois. Le développement dont il est question ne peut fonctionner que s’il existe un minimum de respect des lois. Mais au-delà de cela, il faut tenir compte de beaucoup de problèmes qui se posent à nous dans nos pays sous-développés. Il ne faut pas oublier qu’il nous manque encore le fondement même du développement économique. L’alphabétisme, l’infrastructure de base, les expériences industrielles que nous commençons seulement à découvrir comme un enfant qui vient de naître et cela est réel. L’exemple que vous donnez des pays hautement développés comme l’Angleterre, la Belgique, les Pays-Bas, les USA, tout cela est juste mais vous oubliez seulement d’aller plus loin. Ces pays disposaient déjà non seulement de l’instruction mais des bases techniques au départ. L’Angleterre, les Pays-Bas, la France, l’Allemagne,.. sont des vieux pays d’Europe qui disposaient des connaissances dans beaucoup de domaines dès le Moyen Age. Je ne parle pas d’antiquité car je ne veux parler ni de Rome pour ne pas dire d’Italie, ni d’Athènes. Dans tout cela, l’accumulation des connaissances, bien conservées, compte énormément dans la transmission des connaissances qui permettent aux générations futures d’avancer. Je parle de cela dans mon bouquin non encore édité. Si nous débouchons sur la colonisation des USA par les Anglais ou de la Belgique par les Pays-Bas comme vous dites, il faut donc ajouter le fait que ces pays bénéficiaient de beaucoup de connaissances mais surtout avaient déjà un début d’industrialisation en s’appuyant sur les connaissances acquises au 18ème siècle. L’Angleterre était déjà un pays industriel au 18ème siècle. Le 19ème siècle n’est que l’exportation vers d’autres pays, notamment vers le continent. Or rien de tel n’existait chez nous. Nous n’avions donc aucune expérience industrielle, ni sidérurgie, ni métallurgie. Nous sommes sur ce plan un pays totalement neuf bien que de tradition ancienne à certains égards. Ajoutons à cela le manque de conservation de notre mémoire, essentiellement orale, et donc dispersion. Ouvrons la parenthèse. Nous avons l’Égypte bien sûr, bien que nous n’avons pas su en profiter alors même que nous y avons contribué. Pour cela il faut se référer à la contribution décisive de Cheik Anta Diop (Antériorité des civilisations nègres, mythes ou vérités historiques), qui fut injustement accusé de racisme à mon sens, parce qu’il essayait de rétablir une certaine vérité de l’antériorité des civilisation nègres. Je dis injuste car combien d’essais de ce genre n’ont-ils pas été faits par les Européens, justement parce qu’ils essayaient tous de prouver qu’une telle civilisation n’a pu avoir lieu que grâce au contact de la Grèce antique avec l’Égypte sans que l’on ne les accuse de racisme. Or cette civilisation est bien plus ancienne que celle de la Grèce et ce sont les grecques qui s’en sont inspirée. Un noir peut-il encore être accusé de racisme ? Quoiqu’il en soit, de telles accusations sont sans importance, puisqu’il n’y a qu’un monde, une seule terre et nous y évoluons tous pour qu’il devienne meilleur. Fermons la parenthèse.

Beaucoup d’intellectuels ne voient que les minima qui effleurent nos bourgades alors même que ce sont des choses toutes faites qui nous ont été apportées sur un plateau d’argent. Nous ne manquons ni de courage ni d’intelligence. D’abord, il faut comprendre que nous ne faisons que le minimum de ce qu’on nomme travailler ici. Nous ne travaillons qu’au grand maximum seulement 6 heures de temps et encore…à cause des conditions climatiques bien entendu. Il fait bien trop chaud et bien malin est celui qui bravera une température de pus de 40 à 45 degré à l’ombre. Seuls les paysans sont capables de braver le soleil dans les champs. Nous devons convenir que 42 ans d’indépendance [y compris les trente ans de guerre civile ?] ne fait pas encore une vie d’homme car nous devons bien constater qu’il faut travailler jusqu’à 65 ans avant de prendre sa retraite. L’espérance de vie dans les pays développés dépasse largement les 80 ans même si chez nous elle n’est que d’une cinquantaine d’année. Malgré tout, elle dépend justement de ce que nous manquons : les soins de santé dont tout le monde ne peut bénéficier, l’alimentation minimale équilibrée dont peu de gens sont capables d’assurer, …, ajoutez-y vous-même le reste. Je vous fais grâce de l’interdépendance de tous ces facteurs dont le manque s’appelle sous-développement. Il faut que chaque Tchadien comprenne qu’il faut ouvrir l’esprit à la modernité sans renier ni son passé, ni sa culture. Ouvrir son esprit, c’est permettre aux autres compatriotes d’entreprendre, d’avoir des initiatives. Il ne faut pas cacher tout dans les tiroirs par esprit malveillant ou de mesquinerie et beaucoup en ont fait l’expérience. C’est cela qui nous tue. C’est cela qui tue dans l’œuf l’enfant qui n’a pas encore eu le temps de naître qui, s’il était né viable, voudrait explorer le monde inconnu. Tout ce qui existe sur terre est destiné à qui sait en tirer profit avec raison. Le seul tort c’est de s’en accaparer en piétinant les autres. Cela s’est vu dans les siècles passés mais encore de nos jours. C’est ce que nous devons combattre. Il n’y a pas de place pour un article comme celui-ci de développer tout ce dont nous discutons.

Mais il y a foule de choses : la notion d’égalitarisme dans les sociétés africaines légendaires si nous abordons les diverses notions : familles, clans, ethnies,…communautés. L’égalité dont il est question n’est que de surface. Beaucoup l’ont déjà affrontée avant nous mais les intérêts individuels priment. Il est évident que le papa qui a beaucoup d’enfants dans le village en confient un ou deux à son fils aîné ou à son cadet, lesquels ont suivi une scolarité assez poussée et qui de ce fait obtiennent de meilleurs postes et donc sont en position de prendre en charge soit la scolarité de ces enfants ou simplement peuvent mieux subvenir à leur besoin. Il serait par contre impensable que le fils renvoie ses propres enfants au village chez le paternel illettré et sans ressource, incapable de prendre ces enfants en charge. La notion d’égalité repose donc sur la capacité à partager mais cette capacité repose d’abord sur le pouvoir économique. Qui n’a pas fait l’expérience pendant le retour au pays natal de l’accueil qui est réservé ? Au début cet accueil est toujours des plus chaleureux mais cela va toujours de pair avec l’espoir secret de recevoir un cadeau, un pagne, quelques billets de banque, soit pour les impôts qu’on n’a pas pu payé, soit pour des emprunts non remboursés ? A parti du moment où cet espoir est déçu, on ne tardera pas à constater la prise de distance des uns et des autres. Sur une échelle plus grande, elle n’est réelle et possible que s’il y a justice et loi. S’il est permis d’avoir l’idée d’utopie, il est par contre impossible d’être égaux. Elle est universelle mais au fur et à mesure qu’on devient économiquement indépendant, les liens se relâchent lentement et on devient alors individualiste. C’est cette impossibilité intrinsèque pour tous d’être égaux qui fait qu’il y a clientélisme, qui n’est pas uniquement africaine. Dès qu’on met pieds dans la politique, on fait nécessairement appel au clientélisme. Il faut naturellement le combattre parce que c’est injuste. Il fait appel à la corruption, à l’illégalité et même accroît l’inégalité. Il appartient à chacun de prendre ses responsabilités et refuser de contribuer à corrompre. Mais attention tout de même de ne pas confondre clientélisme et corruption. Pour mieux saisir ce fait, il faut sans doute remonter au moyen âge européen, à l’ancien régime ou même au système de sultanat chez nous et de manière générale dans les pays musulmans et arabes. Tel suzerain défend tel vassal en échange de tel ou tel avantage. Tel seigneur détient tel domaine dans lequel tel autre y travaille en échange de tel avantage en nature, parfois à son corps défendant. D’où l’on peut dire que le clientélisme n’est que la traduction moderne de tout cela mais au contraire de ce qui existait dans le passé où tout était plus que aléatoire, l’on est mieux protégé actuellement avec le clientélisme politique. On peut toujours se défendre en refusant systématiquement de jouer le jeu pour enrichir certaines notabilités ou contribuer à permettre à certains individus fussent-ils notoirement connus de continuer à appauvrir les populations. Chez nous on est mal protégé contre l’arbitraire à cause d’un trop grand illettrisme dans la masse. La notion de séparation des pouvoirs n’existe que sur papier. Devrais-je dire que c’est déjà pas mal ? A chacun de nous de creuser plus loin. La seule manière de nous en sortir, c’est de nous en tenir à l’esprit des lois, de la constitution même si rien n’est encore entré dans les mœurs, d’être responsables face à diverses sollicitations : l’arbitraire de la justice qui fait la part belle au pouvoir et justement à des notables, l’envahissement de l’individu par tus les membres de la famille parfaitement capable de travailler et de se débrouiller tout seul, la complaisance des uns et des autres qui induit volontairement ou non à la corruption des promotionnaires. Il faut agir en tenant compte de la raison qui doit nous guider, raison justement pour laquelle nous allons à l’école. Ce n’est pas parce qu’un tel agit de telle manière que je doive obligatoirement le suivre. Ce qui est bien pour Pierre ou Paul ne l’est pas nécessairement pour moi. Dans une même famille tous les enfants ne sont pas identiques ni morphologiquement ni mentalement. Même les vrais jumeaux divergent par certains côtés, et j’allais ajouter… même les clones et là j’en suis moins sûr mais cela comporte beaucoup de risques. Vous me direz, tout cela, c’est bien et beau, mais que devons-nous faire ? Tout le problème est là. Cela pose d’abord le problème de gestion du pays. Il faut une équipe dirigeante qui sache orienter le pays vers un plan général apte à permettre aux gens de se prendre en mains. Donnons-nous les conditions de notre réalisation. Il faut un système étatique de formation générale unique partout dans la pays, c’est-à-dire national. Cela s’appelle égalité. Des formateurs qui sachent mettre tous les enfants sur le même pieds d’égalité, au besoin en diversifiant et secourant les plus faibles à rattraper leurs retards. Il faut créer des bibliothèques partout dans le pays, c’est-à-dire des bibliothèques de proximité où chaque maire devra prendre ses responsabilités pour mettre à la disposition de tout le monde la possibilité de savoir ce que c’est que l’accès à la culture générale. Si l’on sait rechercher les connaissances que l’on n’a pas dans les livres, l’on peut être à même d’avoir des idées nouvelles et chercher à créer des choses nouvelles. A partir du moment où l’on n’a accès à des idées nouvelles, l’on ne sera pas capables de renouveler ses idées. Comme nous sommes tous différents à notre naissance, nous devenons de la même manière différents les uns les autres et nous avons des idées différentes, ce qui fait que nous ne sommes pas tous également intelligents et donc connaissons des choses que tout le monde ne peut pas savoir. D’où les bibliothèques sont nécessaires, indispensables pour que tous en aient accès. Il serait vain de croire qu’en fréquentant les bibliothèques l’on devienne intelligent, au contraire c’est un stimulant, la possibilité de savoir des choses qu’on ignore alors qu’à côté certains ont la possibilité de savoir. Une chose est de savoir mais que peut-on faire avec le savoir ? Il faut donc que des moyens soient disponibles à qui a la capacité d’entreprendre. On dispose des connaissances par les diverses formations, donc si l’on veut faire quelque, on doit pouvoir accéder à ces moyens. Voilà pourquoi ceux qui détiennent les ressources doivent permettre aux autres qui en fassent la demande d’en disposer selon les modalités appropriées. Dans nos pays du tiers-monde, ce qui tuent la jeunesse, c’est à peu près cela. Il y a des formations mais après la seule issue, c’est la fonction publique, parce qu’il n’y aucune diversification. Si l’on échoue dans la voie de la fonction publique, c’est forcément le chômage. Il y a encore des verrous partout. Dans ces conditions, on se replie dans la famille, pire encore on retourne dans son village natal. Que faire dans ce cas ? C’est le monde de la médiocrité par manque de moyens, par manque d’infrastructure de base. C’est cela qu’il fallait dire dans un article comme celui-ci.

Je vais maintenant aborder le second article du 13/O4/02. Il est évident que cet article soulève la plupart des problèmes enfouis au fin fond de notre subconscient. Nous sommes encore assis sur un champ de mines au propre comme au figuré. J’ai surtout retenu la question de savoir ce qui a amené Hissein Habré au pouvoir et l’auteur de l’article nous l’explique en soulevant les motifs principaux qui sont la guerre froide entre l’Est et l’Ouest (la grande politique ou l’Histoire avec un grand H) et le conflit régional typiquement africain du Colonel Libyen, notre voisin ombrageux et envahissant (c’est le moins qu’on puisse dire) sous la bannière de l’islam. Il nous donne ensuite des arguments internes typiquement tchadiens dus à la guerre dont l’essentiel est basé sur les rancœurs, etc. de la partie nord du pays, cause du soulèvement et de la fondation du frolinat. En cela Tombalbaye et la colonisation y étaient pour quelque chose si l’on fait abstraction des causes régionales et ethniques. La solution qu’il nous propose est bien entendu le pardon, toutes choses égales par ailleurs, mais tout pardon a son corollaire, la justice car il ne saurait y avoir pardon sans justice et réciproquement. Tout ceci me paraît d’une limpidité déconcertante et cela doit nous interpeller tous. Loin de moi l’idée de choquer ceux de nos camarades qui auraient perdu des êtres qui leur sont chers, en tout cas pas question de dire : oublier la perte de vos parents ou de vos proches sous prétexte que nous devons nous embrasser afin de vivre ensemble, car moi-même j’ai perdu pas mal des gens qui me sont chers et pas des moindres. Dans la guerre, il y a toujours des pertes en vies humaines des deux côtés mais il est difficile de donner raison à ceux qui ont commencé la guerre même si cela est basé sur les injustices et les raisons que la raison ne saurait connaître. Il faut cependant garder son sang-froid pour sauvegarder l’avenir des générations à venir étant entendu que la guerre nous a donné des leçons suffisantes. Il y a des points qu’on ne saurait jamais expliquer même si l’auteur de l’article appuie son argumentation sur quelques exemples (=>voir son article). Je dirais simplement que la marginalisation du Nord dont parle M. Mbaïhornom me laisse un peu perplexe car c’est oublier que ce n’est pas Tombalbaye qui a marginalisé le Nord mais le Nord lui-même qui s’est marginalisé avec les colonisateurs. Entendons-nous bien. Mon plus grand rêve, c’est de développer le pays d’abord en construisant les routes à travers le pays, du nord au sud, de l’Est à l’Ouest, de mettre toutes les populations en contact les uns les autres. Si les routes bitumées sont meilleures, il n’est pas interdit dans un aussi vaste pays comme le Tchad de procéder autre en attendant de trouver les fonds nécessaires pour entreprendre des travaux plus audacieux. Les routes, on peut toujours les construire avec des graviers et que l’on ne vienne pas me dire qu’il manque la main-d'œuvre. La seule chose qui doit manquer, c’est la connaissance car tout le monde doit le savoir, avant tous travaux de ce genre, il faut des études préalables. C’est l’affaire des spécialistes mais cela peut se faire car ceux-ci peuvent être trouvés par tout. Une fois que les études sont faites, le reste est affaire des maîtres d’œuvres et cela existent même dans le pays. Ainsi, on pourra faire ce genre de travaux à peu de frais. Mettre les gens en contact permettra de réduire déjà le grand problème de l’ignorance de l’autre, de savoir que le Tchad, ce n’est pas seulement son village natal, qu’il existe des choses que l’on ignore jusque-là.

Nous ne devons pas oublier que l’arrivée des colonisateurs s’est heurtée au départ au nord qui fût vaincu, d’où l’implantation des colons, souvent des militaires dans cette partie du pays en la plaçant sous bonne garde jusqu’en 1965 avant de la céder aux autorités tchadiennes. Il est un fait certain qu’il y a eu des dérapages, surtout au moment de la perception des impôts pour renfluer les caisses perpétuellement vides, ce qui a soulevé des protestations et des soulèvements (Mangalmé) entre autre mais cela fut également le cas dans les villes et villages du Sud (Bébalem en 1952). Étant encore scolaire à l’époque en 1965, j’ai dû participer à la collecte de l’emprunt national presque inconsciemment, n’ayant à l’époque pas encore l’esprit critique qui pouvait me permettre de comprendre que cet emprunt ne serait jamais remboursé. Il faut donc prendre le temps de réfléchir à tout ce qui a conduit le pays à la guerre et surtout comprendre l’esprit revanchard qui régnait de part et d’autre des deux communautés nord-sud. D’ailleurs on doit pouvoir se poser la question de savoir ce que représentent ceux qu’on nomme abusivement « Nordistes » et « Sudistes ». Que cachent ces mots ? Fondamentalement, les « nordistes » n’acceptaient pas d’être dirigés par les « sudistes ». Les journalistes de par le monde dit « civilisé » n’arrêtaient pas de ressasser les oreilles avec des mots comme les « maîtres » d’hier, les « esclaves » d’hier, etc., si bien que les soi-disant « Nordistes » croyaient vraiment à cette litanie, croyant retourner en arrière et rendre la monnaie de la pièce. Or, même si l’on ne peut pas nier l’existence de l’esclavagisme au temps de Rabah, on ne peut plus ni croire de bonne fois retourner au temps des « empires », ni venger nous-mêmes nos aïeux sous prétexte qu’ils ont été esclaves. Tout au plus, on ne peut que réclamer réparation des préjudices encourus au niveau national, mais élargissant au niveau international, comme un crime contre l’humanité devant l’O.N.U, pour que les pays esclavagistes tels que les U.S.A et l’Europe payent, esclavagisme dont les pays arabes ont largement contribué. Si j’osais, j’ajouterais que les noirs eux-mêmes y ont largement contribué si l’on prend en compte les arabophones de la plupart des pays africains qui sont aussi des noirs musulmans. C’est pourquoi lorsqu’on parle des noirs, il faut faire extrêmement attention et bien se rendre compte car la justice ne connaît pas de couleur mais les fautes, les crimes et les délits. A partir du moment où il y a faute, il faut juger et punir, point. Il faut nécessairement exiger une réparation morale pour que cela reste dans les annales et que cela ne recommence plus jamais.

Quand je parle du Nord, surtout du point de vue de la politique tchado-tchadienne, je parle de la classe politique dans son entièreté. Dans les premiers temps de la politique de Tombalbaye, les gens les plus choyés n’ont pas seulement été les gens du sud mais surtout ceux du nord, en tout cas, de ceux que l’on peut appeler « nordistes » parce que Tombalbaye avait toujours essayé de composer avec eux en leur octroyant des postes ronflants alors même que certains n’étaient pas le moins du monde aptes à occuper ces postes. La plupart d’entre eux étaient des notables ou des fils de notables. Nul n’ignore qu’au « Nord », beaucoup sont des sultans ou des fils de sultans. De plus, Tombalbaye n’avait jamais ménager les « sudistes ». Beaucoup de « sudistes » avaient écopé de la prison tout comme les « nordistes ». Il est très facile de citer des dizaines sinon plus des noms de prisonniers politiques issus du sud du pays dont certains sont des amis d’enfance, d’anciens initiés même, promotionnaires de Tombalbaye. Antoine Bangui, Toura Ngaba, Ngangbet Kosnaye, Bono Outel, Silas Sélingar, propre cousin de Tombalbaye qui paya de sa vie dans les geoles. La liste serait longue je ne parle même pas de vrais opposants politiques comme Mouyan André, Nadingar Jaques, lequel paya de sa vie. D’ailleurs les « nordistes » dont on peut retenir les noms dans ce domaine ne sont pas si nombreux mis à part Jean-Baptiste qui avait payé de sa vie, Je vous conseillerais de consulter les biographies des hommes des gouvernements respectifs de Tombalbaye, de 1962 à 1975, avec tous les remaniements successifs sont pour les plus connus, A. Koulamallah, Djibrine Kerallah, Abbo Nassour, Baba Assane, Douba Alifa le redoutable et redouté sbire de Tombalbaye... que vous pouvez compléter vous-mêmes pour ceux d’entre vous qui sont plus âgés. Il est d’ailleurs facile de consulter l’ancien annuaire téléphonique du Tchad pour constater que c’étaient toujours les mêmes qui quittaient les gouvernements successifs pour reparaître quelques années plus tard le temps d’apprendre leurs leçons… de conduite mentale. Évidemment, cela, c’est de l’histoire ancienne, ce qui nous importe, c’est de reconstruire un Tchad nouveau où tous les enfants, toute la nouvelle génération circulerait du nord au sud et inversement. Voudriez-vous partager cette philosophie qui est une idée déjà très ancienne avec moi ? Pour qu’une nouvelle philosophie renaisse, il faut que l’ancienne disparaisse.

Les gens qui importent vraiment sont surtout les populations de base (pour ne pas employer un terme marxiste de masse laborieuse et pour ne pas faire abstraction de 90 % des paysans) que ces populations soient du nord ou du sud, qui ont tout autant souffert sous l’ancien régime jusqu’à nos jours. Hissein Habré lui-même n’était-il pas dans les rouages du pouvoir ? N’était-il pas Sous préfet de Bokoro, puis ancien fonctionnaire du Ministère des Affaires Étrangères, avant de trahir son protecteur Tombalbaye à la faveur d’une mission secrète auprès d’Abba Siddick en Libye ? Je ne vous apprendrai rien en disant que c’est en ce moment-là qu’il rencontra Goukouni qui le persuada de la justesse de sa lutte, ce qui le décida de ne pas accomplir sa mission. Dès lors, on peut dire que l’Histoire du Tchad est une suite de trahison depuis les origines, surtout quand il s’agit du pouvoir. Les royaumes se faisaient et se défaisaient au gré des trahisons des uns et des autres. Les Roi Maï crevaient les yeux de leurs propres frères pour rester seuls maîtres à bord. C’était une tradition dans la partie nord du pays. La tradition de la dya qui est encore actuelle est une survivance de cette tradition où le crime de sang ne pouvait être effacé que par un autre crime de sang. La tradition de la charia musulmane par exemple n’est pas très connue au Tchad mais au Soudan voisin et nous ne pouvons ignorer que nous faisons frontière commune. C’est la plus grande frontière commune qui existe avec le Tchad où naguère les divers Rois se guerroyaient dans le Darfour qui était bien un de nos royaumes maintenant devenu partie intégrante du Soudan. Le Soudan à ce moment-là, n’était pas le Soudan actuel. Il n’était connu que sous le nom de Kartoum. Il faut que les jeunes actuels discutent de ces traditions qui ne peuvent plus être adaptées à l’heure du 21ème siècle tout simplement parce qu’elles sont anachroniques. A quand arrêterons-nous enfin pour donner à notre cher pays un élan décisif dans la voix du progrès ? Il y a tant de choses à réaliser chez nous que nous n’avons pas besoin de continuer à nous faire la guerre. Je n’ai qu’une seule chose à dire. Pendant que vous êtes à l’étranger pour apprendre, prenez le temps d’observer. Arrivé au pays, prenez votre bic et faites un projet. Présentez-le aux autorités compétentes et demandez leur de vous aider à le réaliser, en mettant à votre portée les moyens de sa réalisation. Cela vaut mieux que de penser à une nouvelle révolution.

A l’époque nous croyions tous que le frolinat avait entamé la guerre avec raison justement non pas parce que le Nord était marginalisé mais à cause du gaspillage et de la gabegie de toute la classe politique, des brimades tous azimuts. Il y aurait beaucoup à dire mais je ne voudrais pas paraître en train de justifier je ne sais quel diable et surtout pas l’homme de Bessada qui était Tombalbaye même s’il est sudiste comme moi, cela d’ailleurs ne veut strictement rien dire. C’est cela la faute que nous commettons tous. Il faut soutenir quelqu’un pour la juste cause pour laquelle il combat et non parce qu’il est de votre région. Il faut défendre quelqu’un parce qu’il a raison et non parce qu’il est de votre région. Voilà pourquoi il faut scolariser au maximum le pays parce que plus le pays sera scolarisé et plus ses fils sauront distinguer le vrai du faux. Il faut avouer pourtant que ce qui a manqué au Nord et qui continuera encore longtemps à manquer, c’est l’instruction des masses dans la partie Nord du pays qui a toujours refusé l’école. Le Nord musulman a toujours refusé l’école française sauf quelques rares enfants dont les parents étaient eux-mêmes déjà instruits ou simplement des notables ouverts sur le progrès. Il a souvent fallu que Tombalbaye donnât l’ordre à certains fonctionnaires, il est vrai, du sud pour la plupart, de donner des cadeaux [pains de sucre, thé, etc] aux parents surtout nomades transhumants pour qu’ils permettent à leurs enfants d’aller à l’école mais seulement pour quelques jours. Ceux-ci étant aussitôt rappelés à l’ordre par les parents pour garder les troupeaux puisque les parents ne voyaient pas la nécessité d’aller à l’école. C’est un fait qui perdure encore de nos jours, ce qui est immensément préjudiciable aux enfants, non seulement pour leur scolarité mais encore pour leur santé. Au contraire, les rudiments de l’école coraniques paraissaient meilleurs à leurs yeux. Comme je l’ai dit, il y aurait beaucoup à dire mais si je parle de cela, c’est pour que nos camarades fassent une sorte d’introspection pour abandonner l’esprit revanchard pour construire un Tchad meilleur pour les générations à venir. Une chose que M. Mbaïhornom a proposé à juste titre et avec raison, c’est de dédommager les enfants des victimes de la guerre. Ceci est une chose absolument nécessaire parce que les enfants n’ont rien à avoir dans cette guerre. C’est une réparation non seulement matérielle mais morale vis-à-vis des enfants orphelins. Si Hissein Habré devait être jugé, c’est justement à cause de cela mais surtout parce que c’est une question de justice et dans le cas d’Hissein Habré, le massacre est trop important pour qu’on pardonne sans réparation par la justice. Le nombre de 40.OOO morts équivaut à une ville entière rasée de la carte. Cependant nous n’allons pas faire justice nous-mêmes, c’est à la cour de justice internationale de faire justice. De plus, il ne faut pas oublier qu’Hissein Habré n’est pas seul dans cette histoire. C’est une histoire complexe qui englobe plusieurs périodes de guerre mais surtout pendant la courte période de huit ans qu’Hissein Habré était au pouvoir entre 1978 et 1986, pendant lequel des sudistes ont été massacrés presque gratuitement, simplement parce qu’ils étaient du sud du pays. En Février 1979 d’abord dans la capitale, ensuite en 1980, puis vers le sud jusqu’à Moundou en 1983. Je n’étais pas au pays mais les radios et télévisions ainsi que la presse internationale n’arrêtait pas de diffuser des informations. Il ne peut pas y avoir de fumé sans feu. Si les journaux mentaient, Amnesty international, connu pour son sérieux et sa combativité pour la libération des prisonniers politiques et l’arrêt des tortures, ne peut tout de même pas citer des noms des disparus au hasard. 11/05/2002
MBAÏROUNGA LUCIEN

13/04/2002
Que cherchons-nous en jugeant Hissein Habré?
Tout observateur attentif ne se fera point d'illusion: les signes de temps montrent clairement que nous nous acheminons lentement mais sûrement vers la comparution de Habré devant les juridictions belges. La détermination de l'ensemble de la communauté internationale et celle des compatriotes en témoignent. Mais les questions qui m'habitent à l'heure actuelle sont de savoir quels sont les buts réels que nous voulons atteindre par ce jugement historique que nous attendons avec beaucoup d'impatience. Qu'est-ce qu'il convient légitimement d'en attendre ? Quelles sont les perspectives politiques d'un tel procès pour notre pays et pour l'Afrique, considérée à tort ou à raison comme le continent par excellence de l'impunité ?
Dans cette modeste réflexion, je procèderai d'abord à une analyse critique des responsabilités qui ont conduit aux massacres sans précédent de nos compatriotes. L'enjeu principal de cette analyse sera de montrer pourquoi et comment nous en sommes arrivés là. Ensuite, je proposerai que ce procès historique, s'il a effectivement lieu, soit placé sous le signe de ce que j'appelle une approche politique du pardon. C'est une voie possible d'une conversion authentique des cours pour une nouvelle société tchadienne fondée sur l'amour, le pardon et le partage.
Les enquêtes menées par l'Association des Victimes des Crimes et Répressions Politiques(AVCRP) que dirige le courageux Ismaël HACHIM, ont abouti à un résultat effroyable :40.000 morts. 40.000 morts pour une population de moins 10 millions est énorme. C'est proprement un massacre. C'est pourquoi je parlerai d'une catastrophe humaine sans la moindre intention d'exagération. Pire, plus de la majorité de ces victimes ne savent même pas pourquoi ils étaient morts et ils ne le sauront probablement jamais. Les arrestations, les tortures, les exactions extrajudiciaires, qui avaient commencé depuis le premier régime de la période d'indépendance politique, se sont multipliées tout au long du règne de Habré. Cela se pratiquait au su et au vu de tous. Cette effrayante hécatombe, une fois qu'elle est établie, doit, de manière individuelle, nous interpeller et nous faire réfléchir. En fait, il faut honnêtement se demander pourquoi et comment nous en sommes parvenus à un tel résultat.
Répondre à une telle question revient à établir les responsabilités des violences que nous avons subies. Mais avant d'évoquer la question de la responsabilité, il est utile d'en situer les causes. Celui que nous qualifions très facilement aujourd'hui de dictateur sanguinaire est non seulement le produit de la guerre froide mais aussi et surtout de l'histoire particulière de notre pays. Il était le protégé de ceux qui l'avaient conduit au pouvoir en 1982. Ils l'avaient armé jusqu'aux dents pour barrer la route à l'ambition soviétique. Je fonde cet argument sur le fait qu'il est difficile de comprendre autrement le sens de tout l'arsenal militaire qui a fait la puissance de Habré. Il est vrai que le Tchad était en ce moment en guerre contre la Libye qui a occupé une partie de notre territoire pour des raisons stratégiques et militaires. Mais cela ne doit pas justifier à mon avis tout ce gigantesque armement et surtout le silence sur les massacres de son règne dont la simple évocation fait peur. Les intérêts que Washington et Paris voulaient s'assurer en contribuant à amener Habré au pouvoir étaient surtout, comme je l'ai dit, de contrer les visées de l'Union soviétique sur l'Afrique Centrale par le biais de la Libye. Une fois installé au pouvoir, une fois que les objectifs lui ont clairement été définis, on a trouvé mieux de fermer les yeux sur le reste. Étant donné qu'il garantissait les intérêts stratégiques, militaires et économiques, on a préféré observer un silence sur les souffrances du peuple tchadien, sur les humiliations, sur les crimes économiques et humains. Pour cette raison, il est clair que nous avons été, durant l'époque de Habré, les victimes de la guerre froide dont les tenants faisaient grand fi des violations massives des droits de l'hommes un peu partout dans le monde. En d'autres termes, la guerre froide est la cause tout à la fois directe et indirecte des conséquences néfastes du régimes Habré.
A cette cause-responsabilité extérieure s'ajoute celle des compatriotes et autres responsables politiques, militaires et autres de l'époque. Des bras vigoureux et des intelligences mal éclairées étaient volontairement et spontanément mis au service de la politique divisionniste de Habré. Des silences étonnants et coupables, assimilés à une option de réalisme politique mais qui exprimait en même temps un manque de courage politique, étaient constatés. Et j'en passe. Ce qui signifie que ce procès, qu'on le veuille ou non, n'est pas seulement celui d'un individu, fût-il chef suprême de cet extraordinaire système répressif qu'il faut avec raison comparé à celui de Pol Pot. C'est au contraire un procès d'un système et même d'une époque, celle des dictatures sanglantes que la Chère Afrique a connues. Voilà pourquoi je pense que ce procès Habré devra être un acte de mémoire thérapeutique. En clair, il devra être un temps où nous devons exprimer un désir profond de purification, un moment où nous devons nous rappeler les frustrations, les écœurements, les haines semées un peu partout en Afrique et surtout au Tchad en vue d'en avoir horreur et de les éviter à l'avenir. C'est un retour conscient au passé pour un sursaut intérieur authentique, un retour volontaire au passé pour le dépasser, le transcender. Il s'agira donc d'une relecture d'un passé maléfique, un passé honni, un passé noir que nous devons accepter et tolérer pour mieux nous construire. Mais comment relire efficacement ce passé à l'occasion de ce procès ?
Je touche là la question capitale de mon article. Ma conviction intime est que (et je me permets de le répéter) le procès Habré devrait être une relecture de notre passé. Qu'est-ce à dire ? Il n'est pas rare de relever que Habré symbolise le sommet de toutes les erreurs et fautes politiques commises depuis la période coloniale jusqu'aux régimes précédant son arrivée au pouvoir. C'est cela qu'il faut regarder quand on parle de juger Habré. Le Nord de notre pays par exemple avait fait une expérience douloureuse en étant victime d'une grave et préjudiciable marginalisation pendant la période coloniale. Et cette marginalisation s'était poursuivie puisque les administrateurs de notre premier régime qui étaient envoyés dans cette partie avaient pris le relais du colonisateur et s'étaient conduits comme de nouveaux colons à l'égard de leurs compatriotes et non comme leurs gestionnaires avisés. Les massacres parfois incompréhensibles des populations et autres injustices criardes avaient fini par enfouir dans les mémoires et les cours des haines rentrées qui ont donné des fruits venimeux pendant le règne de Habré.
Comme je l'ai souligné, il ne faut pas oublier que Habré est le pur produit du FROLINAT. L'un des objectifs majeurs qui avaient milité en faveur de la création de ce mouvement politique par le défunt ABATCHA était d'abord la défense de leurs parents dont la sécurité était mise à mal par nos premiers gouvernants et de leur région ensuite. Même si cet homme intègre et charismatique n'avait pas pu conduire son mouvement au pouvoir, il faut reconnaître que ses convictions étaient partagées par l'ensemble de ses compagnons d'armes. Et je vous fais grâce des conditions dans lesquelles Habré, par la Libye, a réussi à intégrer le mouvement et à s' y imposer par la suite. Ce qui est certain c'est que lui et ses compagnons d'armes étaient venus au pouvoir avec pleins de préjugés(pas toujours positifs) et remplis d'un ardent désir de venger leurs parents et leur région. Ils étaient habités par des haines rentrées. En cela, on peut légitimement considérer son régime comme étant une réplique de celui de TOMBALMBAYE. Il faut regarder cette réalité en face. Je pense même que c'est une erreur historique et grave de l'oublier. Avec Habré, nous avons donc vraiment fait l'expérience d'un cercle vicieux. Et il est urgent de mettre un terme à ce cercle infernal. Il faut trouver un mécanisme pour en sortir.
Je ne suis ni pro Habré ni contre notre premier régime. Je voudrais simplement nous inviter à une analyser objective, lucide et critique de notre passé, analyse qui met de côté les passions et les sentiments régressifs. Nous avons souffert à cause des égarements et des fautes politiques de l'époque coloniale et de nos aînés. Leur option politique n'était pas suffisamment prudente et sage. Nos premiers hommes politiques n'étaient pas des visionnaires. Nous devons courageusement repérer ces fautes politiques pour les éviter afin de construire un Tchad viable. Les germes de divisions ont été collectivement semées depuis bien longtemps. Nous ne devons pas faire comme si les massacre et crimes économiques n'avaient aucun lien avec le passé. Nous ne devons pas faire comme s'ils étaient tombés du ciel, comme s'ils s'étaient produits du jour au lendemain. N'est-il pas juste et impératif de prendre ces éléments historiques en compte quand nous parlons de ce jugement historique ? Cette question me paraît substantielle. J'essaierai d'y répondre à ma manière.
Il est important que nous prenions ces éléments historiques en compte pour le bien de notre pays. C'est pourquoi je pense que le procès Habré devrait être l'occasion pour nous de relire notre passé mais en le plaçant (ce procès) sous le signe d'une approche politique du pardon. Je touche là le point nodal de mon article. J'entends par approche politique du pardon un mécanisme politique qui nous permet d'aboutir à un pardon authentique de ceux qui ont fait de nombreux torts au Tchad. Je ne parle pas d'un pardon naïf, stratégique, voire machiavélique qui vise à tromper l'adversaire afin de le prendre au piège et de l'éliminer aussi bien physiquement que sur le plan de dignité humaine. Je ne dis pas non plus qu'il ne faut pas juger Habré. Il est intolérable qu'un individu, fût-il président de la République, en arrive à massacrer son peuple. Il est inadmissible d'ériger les dénis de justices, l'arbitraire, les viols systématiques, l'impunité en système de gouvernement. Mais si je souscris à cette démarche légitime, c'est pour la dépasser et aller plus loin. Oui, nous devons aller plus loin qu'une justice qui doit être à mon avis le premier pas et en tant que tel est nécessaire. Car je suis convaincu qu'il n' y a pas une vraie justice sans vrai pardon tout comme il n'y a pas de vrai pardon sans vraie justice. C'est dire qu'il existe un lien intime, profond, presque religieux entre justice et pardon. En plus de ce lien indéniablement intrinsèque, il convient de souligner aussi les nombreuses responsabilités, surtout nationales, de ces massacres. Qui faut-il honnêtement juger ? C'est vrai qu'il existe un degré de responsabilité dans ces massacres. Mais degré n' annule pas les responsabilités. Bien plus, la plus part des victimes et même des coupables ne sont plus là pour, soit accorder le pardon et recevoir la justice, soit demander le pardon et en recevoir. Toutes ces raisons militent en faveur d'une approche politique du pardon qui me semble plus appropriée qu'une simple justice même si celle-ci est fondamentalement le premier pas de cette judicieuse approche politique qui, si elle est effectivement appliquée, nous permettra de nous réconcilier avec nous-mêmes et de tourner véritablement le dos à notre difficile passé fait de cercle infernal. Du mauvais, du difficile, il est possible de tirer du positif.
Le pardon est essentiellement d'origine religieuse. Les fondements chrétien et islamique qui existent chez nous me permettent de l'affirmer. Mais bien que d'origine religieuse, il peut connaître des formes politique et sociale. Il est par ailleurs une affaire de personne à personne. Il concerne surtout les relations interpersonnelles. Quelqu'un me fait du tort. Il est possible que nous trouvions une démarche rationnelle et raisonnable qui nous conduise au pardon et à la réconciliation. Seulement, le cas Habré ne peut pas s'appliquer dans cette sorte de pardon interpersonnel quand on sait que nous sommes dans la sphère publique où beaucoup de gens sont impliqués. Le pardon est dans ce cas impossible. Il y a comme un blocage si nous devons nous en tenir là. Mais cet obstacle de l'impossible pardon est franchissable par l'approche politique du pardon. Ne pas le franchir reviendrait à avouer notre incapacité à nous pardonner et ainsi à surmonter nos différends qui ont constitué ce passé maléfique. Or je défends ici l'idée selon laquelle aucune société ne peut effectivement et volontairement accepter de vivre sous la domination d'un passé fait de violences, d'arbitraires, de crimes économiques, à moins de se laisser dominer par lui. Le pardon délie constamment les hommes du mal qu'ils ont commis. Sans le pardon qui délie les hommes et les femmes d'un passé honteux et maléfique qui les entrave, l'action commune chez nous sera mise à mal, en quelque sorte paralysée ou même rendue impossible. Le mal, quelle que soit sa gravité, ne doit pas emprisonner l'avenir en enfermant le Tchad dans des haines et les divisions. Si nous refusons de nous pardonner pour nous ouvrir sur l'avenir, nous nous enfermons dans un cercle infernal. Connaissant les réalités de notre pays, ce risque d'enfermement est à prendre au sérieux. C'est une tentation réelle qu'il faut chercher à résoudre mais en bien le comprenant d'abord.
Il faut admettre en effet que le pardon est difficile, surtout quand les membres de nos familles sont tués ou quand ils sont pris dans des pièges que d'autres leur ont tendus. Les assassinats, les massacres et autres torts dont nous étions victimes ont fait naître en nous des frustrations, des déceptions profondes. Beaucoup ne se sont jamais remis de ces torts. Raison pour laquelle je pense que l'une des sanctions qu'on doit infliger surtout au régime Habré serait de prendre particulièrement en compte les enfants nés entre 1982-1990. L'Etat a infligé des torts irréparables à beaucoup d'entre nous, surtout aux enfants nés dans cet intervalle et dont les parents ont été tués. Je parle d'Etat parce que ce que Habré a fait, il l'a fait en tant que chef de l'Etat. Il faut prendre cet argument au sérieux. L'Etat doit donc dédommager ces enfants de manière particulière. Il n'est pas rare de constater que la simple évocation de ce passé, surtout de cette période, réveille chez eux plus que chez tout compatriote de violents sentiments de vengeance. Je me rappelle par exemple qu'à 11 ans, je courais sous les balles de Habré et de ses mercenaires avec mon neveux au dos. Ce neveux continue toujours à me poser des question sur ce qu'il a appelé « ce jour-là». J'en garde aussi un souvenir douloureux. Mais je me dis que ces blessures ne doivent pas nous empêcher d'entreprendre ensemble. Nous devons reconnaître que l'exigence d'un avenir commun doit l'emporter sur le ressentiment, si légitime soit-il. Nous devons continuer à entreprendre ensemble. Ce pardon, comme tout vrai pardon, sera véritablement le seul capable de nous y aider, puisqu'il nous permettra d'éviter d'enfermer telle ou telle catégorie, telle ou telle personne dans leurs actes afin de leur donner une nouvelle chance. Je touche là l'essence même du pardon qui évite d'enfermer autrui dans son mal et l'ouvre à des possibilités nouvelles.
L'exemple sud africain permet de mieux comprendre l'approche politique du pardon que je prône. Certes la Commission Vérité et Réconciliation, sous la houlette des hommes d'exception que sont MANDELA et TUTU, n'est pas un modèle transposable puisque les réalités historiques et politiques ne sont pas les mêmes. Nous pouvons cependant nous en inspirer pour réfléchir sur notre propre pays. D'autre part, le modèle sud africain relève davantage de la thérapie que de l'acte judiciaire. Elle s'apparente au mémoire de deuil qui consiste à accepter la perte, le mal comme irréparable. Mais- et c'est ce point qui m'intéresse-elle est aussi mémoire d'une promesse, celle de ne plus recommencer, celle d'éviter à jamais de se livrer aux pillages, aux massacres et autres viols pour ouvrir sur l'avenir, cet avenir fait de nouvelles possibilités d'une vie fondée sur la justice, le partage plus juste des ressources matérielles, culturelles et spirituelles, de respect intégral des droits de l'homme. Ces différences historiques, culturelles et linguistiques entre notre pays et celui de MANDELA ne doivent pas faire oublier que le fond du problème est fondamentalement le même : l'utilisation arbitraire du pouvoir pour massacrer les faibles et ceux qui ne partagent pas la même vision que soi ; faire germer dans les cours les haines, les divisions. Mieux -et c'est cela l'essentiel- l'Afrique du Sud a su faire un travail de mémoire thérapeutique sur elle- même pour transcender ses haines et rancunes, ses divisions et autres malentendus qui constituaient, à l'arrivée de MANDELA au pouvoir, les risques majeurs d'enfermement. Ce même travail de mémoire nous est nécessaire avec tout ce que nous avons connu. Ce travail ne nous est pas seulement nécessaire et capital. Nous sommes mêmes capables de le faire. Il suffit pour le faire de nous appuyer sur nos valeurs religieuses(notamment l'islam et le christianisme) et humaines. Pourquoi ne pas par exemple constituer de petits groupes dans toues nos villes et villages qui, sous la conduite des hommes moralement irréprochables, parlent franchement de notre passé et proposent des solutions concrètes. Cette proposition est peut-être difficilement réalisable étant donné le peu de moyens dont notre pays dispose. Mais tout est question de volonté politique. Il est possible de trouver un mécanisme politique simple, moins coûteux qui nous permette de dialoguer avec notre passé. Certains pensent par ailleurs que les clivages religieux chez nous sont inconciliables. Je pense plutôt le contraire. Le christianisme et l'islam sont plutôt irréductibles. On ne peut pas et ne doit pas chercher à réduire l'un à l'autre. On doit créer les conditions de possibilité qui permettent à ces deux entités religieuses à se respecter et à mieux vivre, à mieux cohabiter. Ils peuvent nous aider à vivre ensemble dans notre pays. Ils constituent pour nous un avantage certain. La beauté d'un tapis vient de la variété de ses couleurs dit un sage. Nos différences sont une richesse qu'il faut savoir exploiter. Ils ont des valeurs riches qu'il faut prendre au sérieux. L'élément du pardon par exemple qui se retrouve dans l'un et dans l'autre, malgré les nuances d'interprétation, est un acquis pour nous. Le problème c'est de savoir comment utiliser judicieusement cet élément. Le moyen le plus important qui nous permet de repérer cet élément serait le dialogue dont l'un des espaces à N'djamena est le Centre Al-Mouna où les jeunes peuvent, s'ils le veulent, discuter des problèmes sérieux de leur pays. Nous devons encourager ces genres d'initiatives.
Ceci étant dit, nous n'avons pas seulement besoin d'une justice. Nous avons véritablement besoin de justice et de pardon pour transcender une fois pour toutes notre passé. Si nous cherchons simplement à juger Habré pour nous venger des torts qu'il nous a infligés, nous n'aurions pas su tirer profit de ce jugement. Nous pouvons nous satisfaire d'avoir réussi à le juger. Mais rien ne nous garantit que les massacres au Tchad cesseront. Or il serait plus utile de trouver, en plus de ce jugement, quelque chose qui nous permet d'arrêter définitivement ce cercle infernal. Si c'est seulement cette perspective de la justice qui nous habite, nous risquons de rater lamentablement l'occasion historique qui nous est offerte pour nous engager résolument sur la voie du pardon et de la réconciliation. Le pardon est le meilleur chemin qui nous aidera à transcender la culture de la violence qui s'est fortement enracinée dans notre pays.
Tel est à mon avis le but ultime que nous devons atteindre après le jugement de H. Habré : saisir l'occasion que nous donne ce procès pour transcender nos divisions, nos haines, notre passé fait d'injustices de toutes sortes pour bâtir un Tchad plus humain. C'est une question de vie ou de mort. C'est une question vitale.. Nous devons, par ce procès, prendre véritablement conscience que le monde a changé, que les hommes et les femmes sont en train de cultiver une conscience mondiale plus encline, plus sensible sur les violations des droits humains. Ce procès doit être l'occasion pour chaque fille et chaque fils du Tchad de s'interroger personnellement : qu'ai-je fait du Tchad ? Que dois-je faire pour le Tchad ? Que ferai-je pour le Tchad ? Si ce procès permet d'aiguiser la conscience et la sensibilité des compatriotes en ce qui concerne le respect effectif, sur la sacralité de la vie humaine, si ce procès aide chaque compatriote à se dire plus jamais de verser le sang de mes compatriotes, je me dirai que le Tchad a gagné.
MBAIHORNOM NGOTAR
Ecrire une réaction
  Hypocrite..
( 16/11/2005 21:21 )
À Ottawa / Canada

C,est drole on veut tous mettre Aristide en Prison.. il n,a jamais terminé un terme de son manda..
Mais Papa Doc et ait au pouvoir lui et son fils pendant 40ans et a quitté Haiti seché avec des Billions et des billions de Dollars.. persone ne demande sa tete..
Hypocrite.. va
Ecrire une réaction
 
Tchadien ( 16/11/2005 22:51 )
À Birlinghoven / Germany

Un juriste tchadien repond a un article d'un sociologue senegalais plaidant en faveur de Habre et contre son extradition. Un groupe d'intellectuels senegalais, manifestement membres de la confrerie a laquelle Hissein Habre appartient desormais, a tente par de nombreux articles de le "blanchir" evoquant tantot la Sharia qui interdirait a un musulman de livrer son frere musulman a un non musulman...

Desole pour la longueur de ces articles.
----------------------------------------------------------------------
Affaire Hissein Habré :
La réputation et la crédibilité du Sénégal en jeu

J’ai lu hier l’intervention du docteur apollos Deguedbe Nebardoum sur ialtchad.com s’indignant de ce que les intellectuels tchadiens ne réagissaient pas à la campagne de blanchissement de Hissein Habré menée depuis quelques semaines par quelques intellectuels(sic) sénégalais. J’étais tombé sur la réaction de Nebardoum en cherchant, après avoir lu l’article de Amadou Sarr publié sur lequotidien.sn et «kiosqué» par ialtchad, à rassembler les autres articles à la même odeur afin d’en faire une synthèse avant de réagir.

Avant de m’occuper au fond des arguments avancés par monsieur Sarr, je voudrais, en guise de préliminaire, dire quelques mots de cette campagne pro-Habré et de l’attitude des tchadiens :

1) Il est curieux que, pour un problème qui a dépassé les frontières tchadiennes et sénégalaises, le seul support de Hissein Habré vienne du Sénégal. Mais on comprend cette situation quand on sait que le pays de la Teranga est la terre qui a accueilli Habré après sa chute et où il a investi des milliards de francs CFA qui lui ont fait, sans conteste, des obligés. Alors, lorsque monsieur Sarr évoque une campagne anti-Habré qui serait financée par les détracteurs de l’ancien dictateur, je me demande simplement si ce n’est pas la une arme qui pourrait plutôt être utiliser contre lui et les autres personnes de même acabit qui font chorus pour que Hissein Habré demeure impuni. Heureusement que ces «intellectuels» ne représentent qu’eux-mêmes et leurs intérêts cachés et non l’opinion des sénégalais ;

2) Les arguments utilisés par les acteurs de cette campagne sont difficile à classer intellectuellement : tantôt on invoque le panafricanisme, le néocolonialisme, tantôt on s’abrite derrière l’hospitalité et l’islam. Pour nous Tchadiens, pour les victimes de la DDS, pour toute la communauté des défenseurs des droits de l’homme à travers le monde et, je le suppose, pour tout homme sensé, l’affaire Habré est une affaire judicaire, point ! nous pouvons ergoter, discutailler longtemps sur les arguments non juridiques, et nous aurions perdu du temps, de la salive ou de l’encre alors que le problème de fond demeurera : Des êtres humains, beaucoup d’êtres humains ont été tués et on cherche à faire payer ceux qui se sont rendus coupables de ce crime odieux. D’ailleurs, les vrais champions du panafricanisme, ceux qui ont une voix autorisée à l’échelle continentale dont Alpha Oumar Konaré par ailleurs Président de la Commission de l’Union Africaine, se sont ouvertement prononcés pour que monsieur Habré réponde de ses crimes ;

3) Les tchadiens sans distinction vivent encore soit directement soit indirectement les séquelles des bavures du règne de Habré. Pour eux, il ne s’agit pas d’un jeu de l’esprit, un loisir que d’élucubrer sur les péripéties judiciaires de l’Affaire Habré ;

4) Les tchadiens ne se sentent pas seuls concernés par l’affaire Habré, accusé d’actes de torture et de crimes contre l’humanité qui sont des crimes du droit international et, comme tels, doivent interpeller la conscience de toute l’humanité ;

5) De grâce, que l’on arrête de se mettre a la place des tchadiens pour dire si Habré a été un bon homme d’Etat ou pas.

Ces quelques observations préliminaires étant faites, je voudrais maintenant m’atteler plus spécifiquement à décortiquer l’argumentaire de monsieur Amadou Sarr.

Monsieur Sarr s’appuie sur le fait que la justice belge a montré ses limites faces à des accusés plus puissants tels que Ariel Sharon et Georges Walker Bush, respectivement Premier Ministre Israélien et président des Etats-Unis d’Amérique. Il exhibe aussi le fait que l’on s’acharne contre monsieur Habré seul tandis que ses complices aujourd’hui au pouvoir à N’djamena ne sont pas inquiétés. Sarr accuse alors la Belgique de néocolonialisme et invoque le panafricanisme du Sénégal qui est interpellé afin de barrer la route au soi-disant impérialisme juridique de la Belgique, petit Etat européen aux mains rouge du sang de Lumumba et d’autres africains, qui s’érige en donneur de leçons de justice et de droits de l’homme.

Je ne vois pas franchement où se situe le prétendu néocolonialisme puisque la Belgique n’a pas l’intention d’imposer quoi que ce soit sur le Sénégal. Jusque-là, à moins que Monsieur Sarr me fournisse la preuve du contraire, tout se situe dans les procédures reconnues par le droit international : Monsieur Habré est accusé par des victimes belges devant la justice belge et un mandat d’arrêt en bonne et due forme a été émis contre monsieur Habré, lequel mandat a été remis, avec les courtoisies diplomatiques requises, aux autorités sénégalaises, à charge pour elles d’y donner suite ou non. Cela se pratique entre toutes les nations civilisées et ne devient pas du néocolonialisme simplement parce que l’Etat qui demande l’extradition est européen et l’Etat qui abrite la personne à extrader est africain.

Parlant de la compétence de la justice belge pour connaître de l’affaire Habré, je rappellerais à Monsieur Sarr qu’en Droit international, la compétence est essentiellement déterminée par l’un quelconque des principaux éléments suivants : la nationalité (soit le criminel, soit la victime a la nationalité de l’Etat), la territorialité (compétence de l’Etat sur le territoire duquel le crime a été commis), et l’universalité. L’universalité concerne des crimes qui, de par leur ampleur, sont considérés par le droit international comme étant une offense à la communauté de Etats dans son ensemble et obligation est faite à tout Etat où se trouve le criminel soit de le juger, soit de l’extrader vers un autre Etat qui est disposé à le juger (aut debere, aut judicare : extrader ou juger). Ces crimes universels incluent la torture, les crimes de guerres, les crimes contre l’humanité, la piraterie, etc.

Deux au moins des crimes reprochés à monsieur Habré relèvent de la compétence universelle : la torture et les crimes contre l’humanité. Bien sur, la loi belge sur la compétence universelle a été amendée, mais cet amendement est intervenu pendant que la justice était déjà saisie de l’affaire Habré et elle ne peut donc pas rétroagir. Et même si elle devait rétroagir, elle laisse une fenêtre pour le cas où des citoyens belges seraient des victimes. Or, justement, certaines des victimes, tchadiennes au moment des faits, sont présentement des citoyens belges. Le fait qu’elles n’étaient pas belges au moment des faits est d’ailleurs inopérant puisqu’une fois devenues belges, elles ont continué à subir les effets physiques et psychologiques des actes de torture pratiqués sur elles par le régime Habré.

Le fait qu’Hissein Habré seul soit poursuivi tandis que les autres criminels ne soient pas inquiétés ne saurait être un argument pour absoudre monsieur Habré. Il est évident qu’en huit ans de terreurs, de nombreuses personnes ont pu, dans l’ombre de Hissein Habré, se rendre coupables de crimes et d’actes de torture, mais doit on tous les juger en Belgique ? Peut-être que Monsieur Sarr n’en est pas informé, mais il y a des procédures suivant leur cours au Tchad même contre ceux qui, sous Habré, ont commis des actes de tortures. Cette pratique n’est pas différente de ce qui se passe au niveau international avec par exemple le Tribunal Pénal International pour le Rwanda qui ne juge que les plus hauts responsables du génocide de 1994, laissant aux tribunaux nationaux la tâche de s’occuper des subalternes. Et juger Habré en Belgique s’avère être la solution la plus sage vu que les conditions d’un procès équitable ne sont pas réunies au Tchad où la sécurité même de Monsieur Habré ne peut pas assurée. De plus le Sénégal s’est déclaré incompétent pour le juger. Alors, doit-il rester impuni ? Le bon sens me dit que «non» !

Parlant de Monsieur Idriss Deby, sa qualité de Président en exercice le met un peu à l’abris des poursuites pour le moment mais rien ne dit qu’une fois avoir quitté le pouvoir, il n’aura pas à répondre des actes qui lui sont reprochés.

Monsieur Sarr évoque la Charia qui interdirait à un pays musulman de porter atteinte à la sécurité et à la tranquillité de son hôte. Je ne suis pas musulman et, à ce titre, J’attends sur ce point l’intervention d’autres musulmans pour confirmer ou infirmer cette grave affirmation. Je sais au moins que l’islam sanctionne les musulmans qui, sans raisons valables, versent le sang d’autres musulmans. Et les actes reprochés à monsieur Habré ont été commis sur des musulmans et des non-musulmans de manière indiscriminée.

Le fait que Bush et Sharon, par la puissance de leurs Etats arrivent à braver la justice internationale ne doit pas conduire des Etats qui se présentent comme les bons élèves du droit international et des droits de l’homme comme le Sénégal à bafouer le droit et la justice internationale. Je suis convaincu que les dirigeants sénégalais, dans leur sagesse, entendront la voix de la raison et du droit et feront la sourde oreille à cette campagne qui veut qu’on passe purement et simplement une croix sur la vie de 40.000 personnes. Le Sénégal n’en sortira que grandi. La crédibilité du Sénégal comme terre des droits de l’homme et sa réputation de leader africain se jouent dans l’affaire Habré.

Nadjita F. Ngarhodjim, Juriste, N’djamena, Tchad.
nfngarhodjim@francophone.net
Ecrire une réaction

Nombre de messages
:  28
Pages:  1  2 > >> 
 
 
Le site des femmes noires et métissées | Grioo Village | English version