Pétrole africain: La France prend du retard
Par FBInfo, samedi 3 décembre 2005 à 14:42 :: mondafrique :: #611 :: rss
Les sociétés pétrolières américaines et maintenant chinoises taillent des croupières aux compagnies françaises dans l'exploitation du brut africain Sixtine Léon-Dufour Le Figaro.fr
LA «FRANÇAFRIQUE», c'est aussi la diplomatie du pétrole. Quand le président nigérian, Olusegun Obasanjo, à la tête du premier producteur «d'or noir» d'Afrique, a demandé en juin à la France, son deuxième créancier, d'annuler sa dette, les experts se sont mis au travail. Il y a un mois, le Club de Paris effaçait une partie de l'ardoise : 18 milliards de dollars.
Alors que plane la menace d'un troisième choc pétrolier et que l'instabilité perdure au Moyen-Orient, les enjeux sont énormes. Les réserves avérées du continent noir oscillent entre 80 et 100 milliards de barils, soit de 7 à 9% des gisements mondiaux. Elles pourraient être supérieures, certaines zones n'ayant pas encore été exploitées. Conséquence, le brut africain, réputé d'excellente qualité, attise les convoitises. Peu importe, dans ces conditions, si la corruption et le manque de transparence font partie intégrante du «business».
Total, implanté depuis près d'un siècle en Afrique, y reste toujours le premier producteur international d'hydrocarbures. Les réseaux de la «Françafrique» ont aidé. Mais le géant pétrolier français pourrait avoir du souci à se faire. «Dans le cadre de la coopération, la France a toujours aidé le Tchad. Mais quand le gisement de Doba a été découvert (NDLR : et mis en service depuis 2003), ce sont les américains Exxon Mobil et Chevron Texas qui ont remporté la mise. Ce n'est pas Total», ironise un expert.
Une «obsession nationale» pour Pékin
«priorité stratégique». «Ils utilisent, en outre, des arguments extrapétroliers plus solides que la France», Pétrostratégies. explique Pierre Terzian, directeur du magazine spécialisé Ils veulent importer d'Afrique subsaharienne 25% de leur pétrole d'ici dix ans, contre 15% actuellement. La première puissance économique mondiale y met les moyens. Elle prévoit d'investir sur le continent 10 milliards de dollars par an durant la même période. Présents, eux aussi, de longue date, les Américains classent désormais le continent noir au rang de Sous couvert de lutte contre le terrorisme, Washington multiplie les gestes à l'égard de l'Afrique, dans l'espoir, comme au Moyen-Orient, d'y installer à terme des bases militaires pour contrôler la manne énergétique. On sait maintenant que les sols de la Mauritanie mais aussi du Mali et du Niger regorgent de pétrole. Les majors américaines sont là. Elles redoublent d'efforts, avec l'idée de rapprocher ces exploitations de la Libye, redevenue fréquentable.
Mais voilà. Les règles du jeu ont encore changé. Maintenant il faut compter avec un nouveau rival : la Chine. Assurer ses revenus pétroliers est devenu une «obsession nationale» pour Pékin. A la fin de 2003, le pays est devenu le deuxième importateur mondial de brut derrière les Etats-Unis. Le président chinois Hu Jintao, qui fait preuve d'un activisme remarquable depuis le début des années 2000 dans le golfe de Guinée, ne cesse de vanter la «coprospérité sino-africaine». Au nom d'un principe «gagnant-gagnant» très particulier. Pékin n'hésite pas à déverser des milliards sous forme de prêts pour la construction d'infrastructures, de voies ferrées, d'hôpitaux et autres bâtiments officiels sans aucune condition. Sous réserve que la Guinée équatoriale, le Gabon, ou même le Soudan, ces «nouveaux amis», s'engagent à lui livrer «de préférence» leur or noir. Sans vergogne, la Chine marche sur le pré carré de la «Françafrique». Face à cette concurrence, le président Jacques Chirac aura bien besoin du sommet de Bamako pour se repositionner comme le meilleur avocat de l'Afrique.
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