Sommet France-Afrique: De «France-Afrique» à «Afrique-France»
Par FBInfo, samedi 3 décembre 2005 à 14:54 :: Général :: #612 :: rss
Paris le sait bien, il n'y pas de choix. Entre l'Afrique et la France, un chapitre se clôt. Les glissements sémantiques en sont le symbole : encore intitulés «France-Afrique» voici quelques années, ces sommets sont devenus «Afrique-France». Ce n'est plus Paris qui, de sa hauteur, s'adresse à l'Afrique ; c'est, sous le regard de la France, de l'UE et de l'ONU, l'Afrique qui se penche sur ses déchirements, ses difficultés et son avenir.
Les contradictions accumulées pendant la dernière décennie obligent à l'aggiornamento. L'année 1994, marquée par la succession d'Houphouët-Boigny, la dévaluation du franc CFA et la tragédie du Rwanda, fut charnière. Qu'il s'agisse du politique, de l'économique ou du militaire, il y eut bascule. De ce moment, l'histoire entre la France et l'Afrique ne fut plus que celle d'une éprouvante et rude remise à niveau. Côté français, il fallut bien du temps avant qu'administrations et responsables prennent la mesure du changement en cours. Côté africain, il y eut un réel désarroi : longtemps adossés à Paris, nombre de dirigeants de pays francophones éprouvèrent comme un vertige face aux responsabilités qui leur étaient dorénavant pleinement échues.
La page des hésitations et des tâtonnements va être tournée à Bamako. Le thème choisi pour ce sommet, «La jeunesse africaine», a valeur de programme. Désireuses de s'extirper des mythes et de la seule évocation nostalgique du passé, l'Afrique et la France acceptent tout à la fois la remise à plat et l'entrée dans un nouveau monde.
Côté Paris, cela se traduit par des mots qui témoignent de l'acceptation des évolutions. Sur la question coloniale, par exemple, nulle ambiguïté : «53 pays, note-t-on, sont présents à ce sommet. Beaucoup, parmi eux, n'ont pas été des colonies françaises.» Et de rappeler des propos tenus par Jacques Chirac qui évoquait, en 1996 à Brazzaville, «le destin historique de l'Afrique» pour plus tard réaffirmer «l'exigence de porter un regard lucide sur le passé», car, poursuit-on à l'Elysée, il est un fait : «Un certain nombre d'événements qui s'étaient produits sont inacceptables.» Côté Afrique, la page est, en réalité, déjà tournée. Et Paris le sait bien qui dit vouloir désormais appuyer «la volonté de réforme de l'Afrique» en se faisant le chantre du continent auprès des «institutions politiques et financières internationales».
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