DENVER (AFP) - Une injection quotidienne d'un cocktail de deux antirétroviraux utilisés couramment pour traiter des séropositifs a permis de protéger des macaques rhésus contre une infection par le virus du sida, ont indiqué lundi des chercheurs américains. Bien que très préliminaires, les résultats de cette recherche montrent qu'un traitement préventif avec ces deux antirétroviraux serait possible pour éviter une infection par les contacts sexuels, ont-ils souligné.

Cette expérience a été conduite sur une douzaine de macaques rhésus dont six ont été traités avec du tenovir (TDF) et de l'emtricitabine (FTC).

Cette combinaison a apporté une protection de 100% contre le virus du sida, qui, dans ce cas, était une combinaison des versions humaines et de celle du singe (SHIV), a affirmé le Dr Walid Heneine des Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC), dans une présentation à la 13e Conférence annuelle sur les rétrovirus (CROI).

Tous ces singes ont été exposés rectalement au virus du sida. Cette expérience a été répétée quotidiennement durant quatorze jours sur les deux groupes de macaques, a précisé le Dr Walid, un des co-auteurs de cette recherche.

Les chercheurs ont poursuivi les injections sous-cutanées des deux antirétroviraux (TDF/FTC) aux singes traités pendant un mois après le dernier contact rectal avec le virus du sida.

Alors que les six macaques traités avec le cocktail d'antirétroviraux sont restés exempts du virus, les autres animaux du groupe témoin ont tous été infectés à un moment ou à un autre.

"La combinaison TDF/FTC offre un haut degré de protection contre des contacts répétés avec le virus montrant que la chimio-prophylaxie avec des antirétroviraux est une stratégie efficace pour empêcher la transmission du virus HIV par des contacts sexuels", concluent ces chercheurs.

Ils ont aussi mis en garde contre le fait que les doses d'antirétroviraux utilisées dans cette expérience avec les animaux de laboratoire variaient légèrement de celles prises actuellement par des séropositifs pour réduire leur charge virale.

Mais les études actuellement en cours devraient permettre de savoir si les résultats de l'étude animale peuvent se répéter sur les humains, ont indiqué ces chercheurs. Les CDC ont noté que le Truvada, une version du Tenofovir était très efficace pour contrôler la charge virale chez les personnes déjà infectées, leur permettant de rester en bonne santé.

Commentant les résultats de cette recherche, le Dr. Myron Cohen de l'Université de Caroline du Nord a indiqué, lors d'une conférence de presse, que les personnes sachant avoir un risque élevé d'être infectées pourraient ainsi un jour être en mesure de se protéger en prenant une simple pilule quotidienne.

Dans les pays en développement, les jeunes femmes sont les plus exposées alors que très souvent leur partenaire sexuel refuse d'utiliser des préservatifs.

Le CROI (Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections) réunit jusqu'au 8 février plus de 3.800 chercheurs et médecins mondiaux spécialistes du sida.