A l’approche de la date fatidique du premier octobre, les provinces à majorité anglophone du Nord Ouest et du Sud Ouest sont sous haute surveillance. Les autorités policières et administratives redoutent une montée en puissance des activistes du SCNC qui réclament l’indépendance de l’ex-Cameroon Occidental.

Le premier octobre prochain, date anniversaire de la réunification entre le Cameroun francophone et anglophone, le SCNC entend manifester pour exiger la séparation des deux entités. Les séparatistes, très minoritaires dans le pays, se disent toutefois sereins et prêts pour la célébration de l’indépendance du mouvement le 1er octobre prochain.

Nos sources signalent un regain de velléités sécuritaires dans certaines villes comme Bamenda et Kumbo, majoritairement acquis aux thèses des indépendantistes anglophones. Les forces de l’ordre rechercheraient des tracts et autres documents susceptibles d’inonder les zones à risques avant le premier octobre, appelant à la mobilisation. Des réunions de crises se tiennent en permanence au Sud-Ouest et surtout au Nord Ouest ou le SCNC est très actif. Mobilisation

Déjà Le 2 mai dernier, pour avoir tenu une réunion interdite, des dizaines de militants du Southern Cameroun National (mouvement sécessionniste) avaient été interpellés dans la province du Nord-Ouest du Cameroun

On se souvient de la même période de l’année dernière où deux militants sécessionnistes avaient été torturés dans les locaux de la gendarmerie de Kumbo. Selon le SCNC, George Shinyuy est décédé dans les locaux de la gendarmerie de Kumbo, où il avait été interpellé le 10 septembre 2005. Selon sa famille, la victime présentait des blessures ouvertes aux pieds et à la tête, témoignant d’actes de torture, avait précisé un représentant de ce mouvement. George Shinyuy et Daniel Fonkoua avaient été interpellés dans le cadre des mesures prises par les autorités pour arrêter les préparatifs des manifestations du 1er octobre, date à laquelle le SCNC voudrait, pour l’énième fois, proclamer l’indépendance du Cameroun anglophone. L’an dernier, la gendarmerie avait durement réprimé une manifestation du SCNC à Kumbo. Le SCNC milite pour que la minorité anglophone du Cameroun bénéficie d’une plus grande autonomie et pour que les deux provinces anglophones, celles du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, accèdent à l’indépendance.

Le 1er octobre 1961, les provinces anglophones avaient obtenu l’indépendance et rejoint les régions francophones dans un État fédéral. En 1972, les institutions fédérales camerounaises ont été remplacées par un État unitaire, dans lequel la communauté francophone est prédominante. Qu’est devenu Daniel Fonkoua, militant des droits de l’homme, membre du SDF et activiste du Southern National Cameroon Council, ce commerçant d’une quarantaine d’années est porté disparu depuis le début de l’année. Pour des raisons liées à son implication dans le mouvement sécessionniste du SCNC, les forces combinées de police et de gendarmerie avaient alors fait irruption à son domicile et l’avaient emmené pour une destination encore inconnue jusqu’à ce jour. Il est porté disparu depuis son arrestation. Daniel Fonkoua est le fils spirituel et collaborateur d’Albert Mukong, grande figure du mouvement anglophone aujourd’hui disparue.

A l’approche du premier octobre, date anniversaire la réunification des deux Cameroun, les forces de l’ordre sont sur les dents. Récemment, ils sont revenus à la charge dans les magasins de Daniel Fonkoua, pour, ont-ils prétendus de source policière, rechercher des documents compromettants et des tracts appelant à l’indépendance de l’ex-Cameroon occidental. Comme à l’accoutumée, ils n’y sont pas allés de main morte, saccageant tout dans les magasins : équipements et installations commerciales.

Si Daniel Fonkoua avait eu la vie sauve après plusieurs semaines de tortures, sa maison fut totalement consumée dans les flammes allumées par les forces de l’ordre qui l’y avait conduits pour une perquisition. Mais cette fois ci, sa famille craint pour sa vie, d’autant plus que certains membres de la famille viennent d’être embastillé à quelques semaines de la date fatidique du premier octobre.

Plusieurs fois arrêté aux cotés de Albert Mukong, ancien directeur du Human Rights Defence Group (Groupe de défense des droits de l’homme) et défenseur des droits humains respecté, Daniel Fonkoua paye ainsi le prix de son activisme et de sa soif de liberté pour toute une communauté prise en otage à cause de la différence de la langue.

Daniel Fonkoua est aujourd’hui considéré comme un prisonnier d’opinion. " Cet homme est détenu uniquement pour avoir pris ouvertement position en faveur du droit à l’autodétermination des provinces anglophones du Cameroun et servi de conseiller au Southern Cameroons National Council (SCNC, Conseil national du Cameroun méridional), qui mène campagne pour l’autodétermination de la minorité anglophone du pays ", a indiqué l’organisation camerounaise de Défense des Droits Humains.