Les élections en Afri­que se suivent mais, contrairement à ce que l’on peut penser, elles ne se ressemblent pas. La Répu­blique démocratique du Congo a fait des élections qui seront longtemps citées dans les annales des élec­tions réussies.

Qui aurait cru que telles élec­tions ressembleraient à toutes les autres en ce qui concerne­ l’acceptation des résul­tats? Et pourtant, ces élec­tions les plus transparentes d’Afrique sont autant contes­tées que toutes les autres que ce continent a organisées.

La conclusion qu’on tirerait un peu hâtivement, c’est de dire que les politiciens africains, particulièrement ceux qui se sentent la vocation de prési­dentiables, sont tous les mêmes. Ce qui arriverait à dire que l’on mettrait J.Kabila dans le même sac. La vé­rité est que dans cette af­faire d’élégance et de res­pect du peuple, J.Kabila est une exception qui con­firme la règle.

Il reconnaît sa défaite, mais...

Le candidat mal­heureux JP Bemba a re­connu sa défaite dans un message à la nation. Mais, JP Bemba a indiqué clairement qu’il ne recon­naît pas le verdict rendu par la Cour suprême de justice. Cependant, a-t-il poursuivi, pour ne pas faire sombrer le pays dans un bain de sang, il se ré­sout à poursuivre la lutte dans le cadre d’une oppo­sition forte.

On aurait voulu entendre une oppo­sition constructive. JP Bemba est incapable d’une telle opposition. Il lance un appel pathétique à toutes les forces enga­gées dans la lutte pour le changement démocratique à se joindre à lui. Il a annoncé une prochaine réunion au cours de l­aquelle il déterminera la manière par laquelle sera menée cette opposition. Comme on le voit, JP Bemba s’est proclamé lea­der de l’opposition congolaise. Sera-t-il entendu de cette oreille par le leader de l’Udps et autres Olenghankoy, Z’Ahidi Ngoma, Azarias Ruberwa... ?

L’avenir nous renseignera. JP Bemba n’a même pas eu l’élégance de féliciter le président élu. Manque d’élégance et de modestie également en ce qui concerne le jugement du verdict rendu par la Cour suprême de justice. Heureusement que tout le monde a suivi le procès dans lequel les avocats de JP Bemba n’ont pas été en mesure de produire la preuve des accusations de fraude contre la Cei.

Le leader du Mlc est resté égal à lui-même. Pour, lui, rien ne peut être juste si ce n’est pas en sa faveur. Pour savoir ce qui attend le pays, il suffit de savoir ce que le Mlc a fait dans ce pays depuis qu’il s’est mué en parti politique. Il s’est battu pour tout sauf pour la démocratie.

Une déclaration trompe-l’oeil

Dans une certaine opinion, on demande aux autorités congolaises de continuer à être vigilantes. La dernière déclaration de JP Bemba peut bien être un trompe-l’oeil. Le leader du Mlc risque de l’utiliser comme un alibi dans la mesure où on parle des éléments armés proches du Mlc disséminés dans la ville et qui pourraient semer des troubles dans la capi­tale et dans certains autres coins du pays. JP Bemba déclinera toute responsabi­lité en arguant qu’il avait déjà pris sa décision d’oublier les résultats et de s’engager dans une oppo­sition. Plus grave, ap­prend-on de la même source, les fauteurs des troubles projettent d’utiliser les T.Shirts à effigie de J.Kabila. La population est appelée à dénoncer ces criminels qui sont parmi elle.

Un cadre de référence rétrograde

Ce qui est étonnant dans la situation pré-élec­torale et post-électorale en passant par la période pro­prement électorale, c’est que le challenger de Jo­seph Kabila se soit com­porté, lui et tous ses sui­veurs, comme des fossiles de la politique en Afrique, des politiciens qui n’auraient aucun cadre de référence démocratique. Par contre, ceux qu’on ap­pelle non sans préjugés « politiciens » de 1960, à travers Antoine Gizenga, ont fait plus preuve de mo­dernité que tous les politi­ciens d’occasion tombés avec la dernière pluie des transitions interminables.

Le leader du Mlc a fait des élections que tout le monde voulait démocra­tiques et transparentes, une véritable corrida, une épreuve des nerfs non sans exhibition des biceps et même l’effusion de sang. Ce n’est pas remuer le cou­teau dans la plaie que de rappeler ces faits malheureux.

Augustin Nsonsa