Maître Marie-Thérèse Kinshasa, le 30 Novembre 2006 Nlandu CPRK P9 A Monsieur le Ministre de l’Intérieur Le Général Kalume

S/C de Monsieur le Commandant de la Prison Militaire a Selembao

Excellence Monsieur le Ministre,

Concerne : Fausses accusations mises sur ma personne et complots

                  des Services Spéciaux de Kin Mazières

J’ai l’honneur de saisir votre autorité pour porter la lumière sur mon arrestation.

Le 20 novembre 06, tôt le matin, un pasteur vient chez moi, du nom de Pasteur José Inonga. C’était sans rendez-vous. Mais je l’ai reçu. Il me porte le message suivant : « Le Vice-président BEMBA m’a envoyé un SMS. Que le peuple reste calme, qu’il laisse la C.S.J trancher le Contentieux ». Le message était écrit en lingala. Je lui ai dit que le message était bon.

Toutefois, je m’apprêtais pour aller consulter le dossier à la Cour. Quelques temps après, son téléphone sonna. Il me dira : « C’est le Vice-président qui m’appelle ». Je l’ai vu parler et répondre. Avant de terminer la communication, il ajoutera : « Je suis avec Maître Nlandu, je vais vous la passer. C’est plus tard que je saurais que la personne au bout du fil n’était pas le Vice-président Bemba.

Je prendrais le téléphone, je n’avais pas grand-chose a lui dire sinon ce qui suit : « J’irai à la C.S.J lire la requête (dossier). Je relèverai toute imperfection et préparerai la défense du dossier. Au revoir ». Au bout du fil, l’interlocuteur paraissait taciturne. J’entendrais dire « merci », pas grand chose. J’ai eu un petit doute, la voix ne me semblait pas totalement la sienne. Mais je ne pouvais pas et clairement soupçonner le Pasteur que c’était un coup.

Le Pasteur viendra dans ma voiture. Une deuxième voiture appartenant à la famille de mon chauffeur suivra, conduite par lui-même, nommé Bienvenu.

Arrivés à la C.S.J., la population qui attendait un message viendra vers moi. Une autorité de la Cour me demandera le service de parler à la population pour dégager l’espace de la Cour Suprême. J’annoncerai le numéro du dossier et la date d’audience à la population l’invitant a la discipline pour suivre les débats à la Cour.

Le Pasteur viendra me trouver au Greffe de la Cour pour me dire que le Vice-président veut me recevoir à Ma Campagne à St Luc où nous rencontrerons un émissaire.

Arrivés à St Luc Ma Campagne, ne voyant pas le fameux émissaire du V/P Bemba, je me déplacerai. Dans l’entre-temps, j’apprendrai que les occupants de la deuxième voiture ont été enlevés. Je me mettrai à rechercher les enlevés.

Ce 20 nov. 06, j’appellerai le Colonel RAUS pour savoir si les enlevés étaient à Kin Mazières. Il me dira qu’il est à l’aéroport, qu’il verra ça le matin.

Le 21 nov. 06, je commencerai par l’audience de la Cour où l’affaire RCE009 était appelée. Après plus ou moins 3 heures d’audience, les balles commencèrent à crépiter. Nous avons demandé la suspension de l’audience. Nous avons tous été évacués sous les balles.

Après, je continuerai les recherches. C’est autour de 14 heures que j’arriverai à Kin Mazières. C’est en disant que je cherchais des gens qu’on a enlevés, qu’un des responsables m’a interpellé. On m’interrogera, me menacera et on torturera quelqu’un en ma présence. Toutes sortes d’accusations seront portées contre moi.

Une telle légèreté dans des accusations aussi graves est dangereuse pour l’avenir du Congo, Ce Congo qui est notre aussi. (…) Un opposant n’est pas un ennemi. Et lorsqu’on n’est pas au pouvoir, on n’est pas non plus ennemi.

Les fausses informations concoctées par Kin Mazières ont été diffusées par DIGITAL CONGO. Depuis hier le 20 novembre, une plainte pour diffusion des fausses informations, entendez, la dénonciation calomnieuse, imputations dommageables a été déposée au Parquet Général. Ainsi l’opinion connaîtra la vérité. Tout en condamnant la destruction des partis incendiées de la C.S.J., actes de vandalisme, j’ai prié le Procureur de tout faire pour arrêter les coupables.

Je suis avocat de profession. J’ai eu à défendre tout le monde issu de toutes les couches : veuves, orphelins, hommes d’affaires, civils, militaires, blancs et noirs… Je refuse la violence sous toutes ses formes. C’est pourquoi je n’ai pas voulu participer au gouvernement de la transition issu de la belligérance. Je mène un combat d’idées comme femme politique.

De ce qui précède, Excellence, puisse votre religion être éclairée afin que l’iniquité et l’arbitraire ne prennent pas.

Ma famille est connue pour son combat politique de non-violence. J’y suis inscrite.

Dans l’espoir que la liberté qui se dégage de mon récit plaidera pour moi, je vous prie, devant Dieu, de vous prononcer quant a ce. Je vous remercie d’avance.

Dans l’attente, je vous prie, Excellence, d’agréer mes sentiments distingués.

Maître Marie-Thérèse Nlandu (Dactylographié à partir du manuscrit par sa fille, Belinda Mbala, Le 8 décembre 2006)

C.I. Bâtonnier MUKENDI • Maître DEKOCK BUNZI • CICR • Amnesty International • MONUC • F.N.P.C.