L’administration centrale du ministère congolais des Affaires étrangères et de la Coopération internationale vient d’ouvrir un dossier administratif à charge contre son ambassadeur en France, Jean de Dieu Moleka Liambi, "pour comportement non-conforme aux usages diplomatiques", depuis sa nomination en poste à Paris.

Selon un communiqué de l’administration centrale de ce ministère, il est notamment reproché à l'ambassadeur le détournement des salaires des diplomates et le non-respect des instructions en ce qui concerne la gestion financière.

La même source rapporte que le diplomate s’est permis d’émettre des titres de paiement sans autorisation de l’administration centrale à Kinshasa, ainsi que des chèques sans provision, entraînant un découvert bancaire de l’ordre de 20.000 euros en juillet 2006, chiffre ramené aujourd’hui à 13.000 euros.

Il lui est également reproché un problème récurrent de passeports dont l’ambassadeur a perçu les fonds sans pour autant servir les bénéficiaires.

Deux cents Congolais sont concernés par ce dossier, selon le ministère des Affaires étrangères qui reproche en outre à l’ambassadeur Moleka Liambi, la suppression des tenants-lieux de passeports sans autorisation de Kinshasa, et ce, malgré les reproches qui lui ont été faites auparavant à ce sujet.

Par ailleurs, outre le détournement d’un véhicule neuf de l’ambassade à son profit, et le refus de répondre à l’appel en consultation du ministère à Kinshasa, sur instruction de la haute hiérarchie, M. Moleka Liambi s’est également compromis dans des actes non-conformes aux usages diplomatiques, notamment l’engagement de huit Congolais, anciens de la garde prétorienne de Mobutu, sans papiers de séjour en France, pour s’occuper de la sécurité de l’ambassade à Paris.

Il entretiendrait, par ailleurs, des relations ambiguës avec la diaspora et jouerait un rôle suspect dans l’organisation et le soutien aux manifestations hostiles aux autorités congolaises ne relevant pas de sa mouvance politique.

L’administration centrale du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale reproche enfin à l’ambassadeur Moleka le non-paiement des loyers des diplomates qui reviennent à 165 euros par diplomate et par mois, alors que la chancellerie de l’ambassade réalise en moyenne des recettes mensuelles de l’ordre de 80.000 euros.

La RDC doit renoncer aux "pratiques de mauvaise gestion".

La République démocratique du Congo (RDC) "doit rompre avec ses pratiques de mauvaise gestion" pour éviter que "rien ne change" après les élections, a plaidé samedi à Kinshasa le chef de la Mission de l’ONU en RDC à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre la corruption. "Le Congo doit rompre avec ses pratiques de mauvaise gestion (...). Le Congo devra éviter le piège (d’avoir réalisé) de bonnes élections et après que rien ne change", a déclaré William Swing, chef de la Mission de l’ONU en RDC (Monuc), au cours d’une conférence de presse avec la ministre congolaise de la Fonction publique, Charlotte Twamba, et le président de la Commission de l’éthique et de la lutte contre la corruption (CELC), Pamphile Badu wa Badu. La RDC a organisé en 2006 des élections présidentielle, législatives et provinciales, ses premiers scrutins libres en quarante et un ans. Le pays sort d’une difficile transition politique, lancée en 2003 après une guerre régionale de près de cinq ans. Joseph Kabila, désigné à la tête de l’Etat congolais en 2001 et élu au suffrage universel en 2006, s’est dit déterminé dans son discours d’investiture mercredi à lutter "avec la dernière énergie" contre le "fléau" de la corruption et contre l’impunité. Saluant cet engagement, M. Swing a plaidé pour l’instauration de sanctions pénales plus lourdes contre la corruption qui "tue le développement et sème l’instabilité ". La ministre de la Fonction publique a rappelé que, selon le rapport 2006 de l’organisation anti-corruption Transparency International, la RDC était "classée 6e sur une liste de 163 pays perçus comme les plus corrompus". Elle a appelé "tous les agents de l’Etat à se mobiliser" pour renverser cette tendance. De son côté, le président de la CELC, une des institutions d’appui à la démocratie mise en place pendant la transition, a reconnu n’avoir pas "fait assez" contre la corruption du fait notamment d’une "insuffisance de moyens" mais aussi d’entraves multiples, affirmant par exemple avoir transmis "plusieurs dossiers à l’autorité judiciaire" qui sont restés lettre morte. M. Badu wa Badu a désigné comme principales causes de la corruption "le bas niveau des salaires" dans l’administration publique, où le revenu mensuel moyen est d’environ 40 dollars, et l’impunité dont jouissent ses acteurs. Selon la CELC, les institutions les plus corrompues de la période de la transition sont la présidence et les quatre vice-présidences de RDC (23%), la magistrature (14%) et l’Office des douanes (10%). "S’il faut s’en tenir au discours d’investiture" du président Kabila, "les critères de participation au gouvernement excluent presque tous les prétendants actuels", ironisait samedi Le Grognon, "journal satirique paraissant à l’improviste" .

Augustin Nsonsa