Une forte délégation congolaise ; conduite par le ministre de l’Environnement, prend part à la « Conférence internationale sur la gestion durable des forêts de la République démocratique du Congo » qui se clôture ce mardi à Bruxelles.

Initiée par le ministère belge de la coopération, cette conférence a comme enjeu non seulement la consolidation des efforts des parties prenantes dans la ges­tion forestière en RDC mais aussi d’imprimer des mécanismes novateurs dans la gestion durable de ces ressources naturelles et de financement.

Le ministre belge de la Coopé­ration, Armand de Decker, a donné le coup d’envoi, hier lundi 26 février au Palais d’Egmont à Bruxelles, de la « Conférence internationale sur la gestion durab1e des forêts de la Répu­blique démocratique du Congo ». La cérémonie d’ouver­ture a été honorée de la présence de Son Altesse le Prince Philippe de Belgique. Le nouveau minis­tre congolais de 1’Environnement, Conservation de la Nature, Eau et Forêts, Didas Pembe, a con­duit une forte délégation; une soixantaine de membres, compo­sée des experts du ministère de l’Environnement, ceux des insti­tutions publiques de l’Environne­ment ainsi que des acteurs des ONG locales de l’environnement.

Appui garanti de la Belgique

La conférence de Bruxelles est une initiative organisée par le ministère belge de la Coo­pération sous l’organisation de la Coopération technique belge en collaboration avec la Direction générale de la coopération au développement (DGCD), avec l’appui notamment de la Banque mondiale, de la Commission européenne, du ministère fran­çais des Affaires étrangères ainsi que du département international du Royaume-Uni (DFID).

Cette conférence a pour objectif de faire un état des lieux de la gestion des forêts de la RDC, autour de tous les acteurs impliqués dans le secteur fores­tier congolais, mais aussi d’imprimer de nouvelles orientations de bonne gouvernance fores­tière. C’est ainsi que prennent part à cette conférence, outre les officiels de la RDC et les acteurs des ONG de l’environnement, des exploitants forestiers de la RDC ainsi que les bailleurs des fonds et les ONG internationa­les de l’environnement.

Dans son allocution, le ministre belge de la Coopération a souligné l’importance de la fo­rêt de la RDC, indiquant la nécessité de sa préservation au moment où le monde se réchauffe de plus en plus suite aux productions des gaz à effet. Ainsi, selon Armand de Decker, il faut agir maintenant pour la préservation de ce dernier poumon écologique moins menacé du monde et que la communauté internationale doit apporter tout son appui. Tant, les forêts de la RDC, deuxième massif forestier du monde après celui de l’Amazonie, est un capi­tal important dans le cycle de carbone du monde.

En ce qui concerne la Bel­gique, Armand de Decker a dé­claré que Bruxelles est d’accord de participer au Fonds fiduciaire pour la gestion durable des fo­rêts de la RDC. Bien plus, le Royaume de Belgique est dis­posé d’alléger sa dette vis-à-vis de la RDC au prix des actions de maintenance de la forêt notam­ment par le soutien aux gardes des aires protégées qui payent souvent le plus lourd tribut dans le dévouement à protéger les écosystèmes.

Forêts ... contre compensation

Pour sa part, le ministre congolais de l’Environnement, faisant ainsi sa toute première prestation publique, a exprimé la volonté du gouvernement de la RDC de reprendre son rôle cen­tral de partenaire privilégié dans les relations avec les autres Etats du monde notamment en ce qui concerne la gestion de sa riche biodiversité. Pour le ministre de l’Environnement, 1’Etat congolais doit être privilégié et ne pas être substitué, comme c’est le cas présentement, aux ONG de l’en­vironnement. Car, de son point de vue, les ONG ont pour rôle de renforcer l’action de l’Etat et non de le remplacer. Aussi, le premier gardien de l’environnement de la RDC a demandé qu’un finance­ment de plus de 1,5 milliard Usd par an soit accordé à la RDC en guise de compensation à son ef­fort de préservation de ses res­sources forestières. A ce propos, la Société civile, présente à cette conférence, a plutôt exigé une compensation juste de la RDC pour ses efforts de préservation de ses forêts, sources des capi­taux importants en cas de leur exploitation.

Environ 20 millions d’hec­tares de forêts de la RDC sont sans statut c’est-à-dire ne sont ni mises en exploitation ni faisant partie des aires protégées mais plutôt garder intactes. Cette com­pensation, pourrait s’avérer insuf­fisante si on tient compte du fait que 40 millions de Congolais du monde rurale dépendent particu­lièrement des forêts. Et ce sont ces populations qui sont les plus pauvres du pays.

Plus encore, Didas Pembe a attiré l’attention des conférenciers et particulièrement de la communauté internationale sur la nécessité de lutter contre la pau­vreté en RDC afin de préserver sa riche biodiversité. En effet, selon toutes les études réalisées sur l’érosion de la biodiversité en RDC, les causes majeures sont, par ordre d’impact négatif impor­tant, l’agriculture itinérante sur brûlis, la coupe des bois de chauffe, le braconnage, l’exploi­tation artisanale du bois, l’exploi­tation industrielle du bois, etc.

Ces faits sont principale­ment les manifestations de la pauvreté des populations Congo­laises. Celles-ci étant pauvres pratiquent des méthodes culturales grégaires du genre l’agricul­ture itinérante sur brûlis, rasent des milliers d’hectares de forêts pour trouver le bois de chauffe ( environs 45 millions de tonnes par an) afin de satisfaire le be­soin en énergie, le taux d’électri­fication du pays n’étant que de 6%. Et bien entendu, c’est la re­cherche de la survie qui pousse les populations riveraines et les communautés locales à chasser même au sein des aires proté­gées.

Il est attendu que cette conférence de Bruxelles puissent prendre des résolutions devant traduire la volonté autant de la Belgique que de la RDC ainsi que des bailleurs de fonds, des acteurs du secteur privé et de la société civile de gérer durablement les forêts congolaises ; en mettant en oeuvre des stratégies non encore exploitées jusqu’ici.

Amédé Mwarabu K./ Le Potentiel