Revenu d'une mission hier soir, j'ai eu par mon épouse les échos des derniers développements de la situation au Togo (pays cher à mon coeur même si je n'en suis pas citoyen officiellement); elle m'a parlé de ces images révoltantes, heureusement diffusées par toutes les grandes chaînes de l'hexagone. Ce matin, j'ai pu écouter à la radio un exposé circonstancié de la situation actuelle et j'ai même entendu la position de Bob AKITANI et celle du porte-parole de Faure Gnassingbe.

Et ma colère est grande face:

1. A ces "nègreries" (comme a dit JP FABRE opposant togolais quand il y a eu ce flottement sur un accord signé entre G. OLYMPIO et Faure);Si ce n'est pas malheureux de voir encore une fois de plus des noirs tirer sur d'autres noirs pour une sanglante lutte de pouvoir; et comme j'ai bien et clairement choisi mon camp (ce n'est pas le camp où tout est parfait et où tous sont des saints, mais c'est celui qui selon tout bon sens, est celui du "bien" et du sens de l'histoire, aujourd'hui), comment peut-on accepter que se perpétue de façon héréditaire une des plus guignolesque et infantilisante dictature de cette planète? Je crois qu'il y a le précédent nord-coréen en la matière (régime de fer qui a bien inspiré "Gnass" en termes de culte de la personnalité et autres belles "astuces" de dictateur); ce n'est pas parce que cela a réussi là bas en extrême Orient qu'on va le transposer pour ces bons nègres !!!!

2. Et cela m'amène à condamner fermement l'attitude de Chirac et cie (puisqu'en l'espèce, il faut bien dissocier ce c... du peuple français si peu au fait des réalités du continent en général (si ce n'est de la réalité africaine caricaturée) dont l'attitude ambigue est dénoncée ou relatée par la presse française, tous bords confondus (cf LE FIGARO du jour qui titre "la France a mal à l'Afrique); et puis, il y a un comportement irresponsable, de nos chefs d'Etat de la sous -région, à la tête des institutions telles LA CEDEAO et l'UA. Ce que beaucoup avaient pressenti quand ils bombaient le torse et sommaient Faure de quitter le pouvoir, apparaît au grand jour aujourd'hui. Et puis, il y a un Koffi ANAN à la tête de l'ONU qui aurait mieux fait de se taire et d'attendre la suite des évènements...

N'est-il pas temps que les africains soient laissés face à eux même, pleinement responsables de leurs actes de gestion au quotidien et de leur devenir, sans qu'ils puissent trouver la source de tous leurs maux dans les interventions extérieures??? Afin qu'ils ne soient plus obligés de s'en prendre aux ressortissants des pays désignés comme complices de leurs bourreaux (au moins 8 nigérians tués à Lomé par les militants déchaînés de l'opposition; chasse à tout ce qui a le malheur d'être "blanc"...Quelle tristesse!!!) pour se faire entendre!!!

Enfin, ma vraie question est la suivante: vivant dans le confort de l'Occident et bien "au chaud", éloigné des réalités du terrain mais les ayant vécu de très près dans les années 90, connaissant bien toutes les facettes du régime Eyadéma et tous ces modes opératoires, étant bien conscient que les déchirements internes dans nos Etats sont une catastrophe à tous les niveaux qui sèment morts par millions, réfugiés, épidémies, faim, viol, pratiques occultes des plus inuspportables, enfants-soldats...Tout cela , rien qu'au profit de vils "saigneurs de guerre" et de leurs indignes maîtres externes...Que ferais-je à la place d'un togolais épris de liberté Faudrait-il être prêt à "mettre le feu à la maison" càd être prêt à voir toutes ces horreurs évoquées ci-dessus, voire à assister à la "somalisation" de mon "pays" (dessiné par d'autres que mes ancêtres), faudrait-il s'en prendre aux ressortissants "innocents" des pays complices de mes bourreaux, faudrait-il prendre le risque de faire des ennemis à mort, ceux qui son aujourd'hui mes ami(e)s, mes frères et soeurs et compatriotes, pour espérer pour moi (ou tout au moins pour mes descendants), des lendemains qui "chantent"??? Cruelle équation à mille inconnues.

Par décence, par respect pour la mémoire des morts de tous bords, aussi parce qu'étant éloigné de ce terrain et ayant ressenti dans ma propre chair une belle terreur en entendant les bruits des armes lourdes du feu Gnassingbé en pleine ville, je ne vais pas dire ici ma position; mais elle paraît évidente car ne vaut-il pas mieux "mourrir debout" qu'enterré vivant??? Pour nuancer tout cela, je dirai que j'ai une belle peur de la torture (ma seule vraie crainte) et que tous mes propos de ce jour sont écrits sous le coup d'une vraie colère froide, d'une vraie révolte; même dans le confort de mon bureau éloigné de ce terrain. Que chacun(e) fasse selon ses convictions les plus profondes et le plus important en définitive , c'est "Que Dieu sauve le Togo, que Dieu sauve l'Afrique".