Les hasards et opportunités de la vie professionnelle m'ont conduit à un séjour (en cours) àTunis; cela fait bientôt un peu plus d'une semaine que je suis en Tunisie et je vais y être l'essentiel de l'été. Bref, s'il n'y avait le regret d'avoir laissé mes filles et mon épouse pour plusieurs semaines, c'est avec beaucoup de curiosité que j'ai saisi cette opportunité de mieux "connaître" un pays de la partie septentrionnale du continent. Jusque là, je n'en connaissais que l'aéroport de Tripoli via des transits que j'y fais; c'est extrêmement court et inapproprié pour faire connaissance avec les "frères" du Nord; quant à ceux avec lesquels, je vis en France, ils sont dans une "autre" dimension; ce qui ne m'a jamais empêché d'avoir de très bons contacts avec eux professionnellement ou personnellement.

Première impression à la descente d'avion, et rien qu'en respirant l'air: Tunis et la Tunisie, c'est bien l'Afrique, mais c'est une "autre" Afrique; ce n'est pas l'Europe, mais c'est aussi quelque part une "autre" Europe méditerranéenne. L'histoire et la géographie en attestent. Mais bon, la Tunisie est forcément "unique" et je ne vais certainement pas utiliser le raccourci simpliste, qui consisterait à dire "qui connaît la Tunisie, connaît tout le Maghreb ou tout le proche et moyen Orient"; c'est le plus petit des pays du Magheb; il y a aussi la particularité d'avoir connu, depuis l'indépendance, une "remarquable" "stabilité" politique qu'on pourrait résumer par: "une main de fer dans un gant de velours" avec une bonne dose de paternalisme, de remarquables avancées socio-économiques et aussi des choses nettement moins sympathiques. Mais bon, ça vous forge une personnalité tout ça (en reférence au peuple tunisien).

Et à propos du peuple tunisien, comment le caractériser de prime abord? En sachant que je ne le connais pas dans toute sa diversité; que pour l'instant, mes impressions tunisiennes se limitent à Tunis et environs; qu'il y aura forcément quelque chose de très partiel et de très subjectif dans mes impressions (même au bout de 2mois passés ici):l'impression ici est que la "gentillesse" (et non la mièvrerie) est érigée en art de vivre; l'hospitalité et autres qualités en général reconnues aux sociétés africaines et orientales, ne sont pas de vains mots. Cela ne veut nullement dire que les tunisiens soient tous des saint(e)s. Comme partout, il doit y avoir de tout en matière de comportements humains; mais bon, la première impression que j'ai de "l'âme tunisienne" est très positive. Cela est d'autant plus intéressant que je suis essentiellement en contact avec des représentants jeunes et très bien formés (je ne veux pas dire des "fils de famille") de cette société; mais bon, il y a aussi les impressions laissées par les chauffeurs de taxi rencontrés au quotidien, par les membres du personnel d'un palace local...

Je n'ai même pas eu l'occasion de confirmer quelques craintes ou préjugés qu'un africain et noir comme moi, pourrait avoir en ce qui concerne un séjour dans l'Afrique "blanche"; et il faut d'ailleurs souligner qu'il existe des tunisiens "noirs". Je n'en vois pas des masses certes, et j'ignore tout de leur histoire (même si on peut avoir quelques idées sur la question) et de leur condition sociale dans le pays. Juste avant mon arrivée, j'ai même eu un écho d'un proche me rapportant les propos déçus d'un haut fonctionnaire de la Banque Africaine de Développement (BAD) dont le siège est provisoirement déplacé d'Abidjan sur Tunis; parait-il qu'il est très déçu (lui et ses collègues) de l'accueil reçu ici. Mais bon, les exigences et attentes d'un "haut fonctionnaire international africain", ne sont peut-être pas les mêmes que celles d'un jeune africain vivant en Europe et qui ne s'attend nullement à ce qu'on lui déroule partout, le tapis rouge. On ne vit certainement pas dans les mêmes mondes :-) Bon, j'ai encore quelques semaines à passer ici et je reviendrai donc sur mes "impressions tunisiennes"...