Le vicomte vendéen avait fait de ce slogan choc (+ ses diatribes régulières sur les dangers réels ou phantasmés de l'islamisation de la France) son fonds de commerce. Voici que Sarkosy suit le mouvement. Ses propos "Si certains n'aiment pas la France, qu'ils ne se gênent pas pour la quitter" ne seraient pas polémiques si:

-ils ne venaient pas comme en écho aux propos de Philippe de Villiers

-s'ils ne sortaient pas de la bouche du décidément controversé Sarko qui, n'en est pas à son coup d'essai en matière de formule choc. C'est aussi un homme politique de premier plan, chef du parti de la majorité, peut-être futur président d'un des puissances mondiales et Etat majeur de l'Union européenne

-si leur évidence ne crée pas le malaise quand ils sont ainsi lancés par de telles personnalités et dans un contexte où elles ciblent clairement une partie de la population, jetée en pâture au reste, ou il y a un contexte incontestable de tensions entre populations diverses de l'hexagone, qu'il y a des revendications diverses, légitimes ou non, des un(e)s et des autres....Bref, le contexte est suffisamment tendu et je suppose que tout homme (politique) responsable devrait sérieusement se poser la question du rapport bénéfices/inconvénients pour la nation, du moindre de ses propos. Et pour revenir sur la notion d'évidence de ces propos (qui prennent pourtant un caractère explosif, venant de la bouche de Sarko), c'est un constat qui date des débuts de l'aventure humaine que les "singes évolués" que nous sommes devenus, ne nous gênons pas en général pour quitter les endroits que nous n'aimons pas vraiment, ceux ou nous sentons véritablement mal et/ou en danger. Question de survie ! On peut déduire de cette affirmation que là ou nous nous fixons (toutes choses étant égales par ailleurs), nous nous sentons bien ou relativement à l'aise (ou confiants ou en sécurité) quelles que soient les paroles et actes (affirmant le contraire) que nous pouvons prononcer ou avoir par ailleurs.

Pourrait-on alors soutenir que ça ne fait pas si mal de rappeler, même les évidences en invitant ceux qui se sentent si mal en France (ou ailleurs, dans d'autres contrées) à aller se faire voir (ou pendre) ailleurs

Juste quelques constats pour tenter de répondre à cette question:

1. Qui sont les personnes visées par Sarko, de Villiers et cie? Les étrangers? Les immigrés? Les français d'origine immigrée? Les français de souche? Les "français d'en bas" ou les "français appartenant à l'élite mondialisée" susceptibles de se vendre et d'être à l'aise à peu près partout sur la planète? Cela peut sembler naîf comme question mais des gens qui n'aiment pas la France, en actes ou en paroles, on pourrait en recruter dans tous ces groupes là et alors, la France se viderait d'une partie significatives de ses "forces vives" productives ou non

2. Et puis la question de l'amour appliquée à la patrie est toujours compliquée comme l'amour tout court du reste. Quand l'amour pour la patrie est "sain", on parle de patriotisme; ses dévoiements vont plutôt sur les terrains du nationalisme le plus étriqué au fascisme le plus immonde. Et la frontière entre les deux n'est jamais simple à définir et ne fait jamais consensus. Un fasciste xénophobe se définit toujours comme patriote. Et puis l'amour est un concept terriblement à géométrie variable; il suffit pour s'en convaincre de voir le maquis de nos sentiments amoureux pour nos proches dans le cadre familial ou dans le cadre amoureux, pour apprécier la difficulté de la tâche quand il s'agit de l'amour pour la patrie. L'amour n'est-il pas construction, déconstruction et remise en causes permanentes?. Par ailleurs, la frontière entre l'amour et la haine n'est-elle pas si mince qu'en général les haines les plus tenaces et les plus destructrices, viennent en général des déceptions amoureuses les plus terribles?

3. Ce genre de phrase sorti de la bouche de Sarkosy et cie par du présupposé que nous avons là 2 amoureux transis de la France qui peuvent, de ce fait donner aux autres des leçons...Je dirais simplement que les amours proclamées le plus bruyamment en paroles sont en général les moins fécondes dans les faits. Les victimes des plus belles déceptions amoureuses peuvent en témoigner.

En conclusion, on peu tout dire au nom de l'affranchissement souhaité du "politiquement correct"; puisqu'il parait qu'on étouffe dans l'hexagone sous le poids des non dits et des diktats de mille lobbies de minorités ou d'intérêts particuliers. On peut, encore plus sûrement, raconter beaucoup de bêtises dans cette entreprise là. Ce que d'autres désignent sous les jolis noms de "démagogie" et ou de "populisme". Mais chut, de telles accusations s'inscrivent aussi dans le droit fil des diktats du politiquement correct et laissons Messieurs "de Villiers" et Sarkosy rappeler les grandes évidences et exprimer leurs grandes vérités. On en appréciera dans quelques mois et années, le coût politique et quels gains ils ont pu en tirer personnellement.