Le racisme, de par sa définition, traduit le refus de l'acceptation de l'autre, voire sa négation, dans tout ce qu'il peut avoir de spécifique, d'un point de vue culturel, social, ou même confessionnel. Le débat sur le fondement du racisme est loin d'être clos, même s'il ressort le plus souvent que l'ignorance est un facteur récurrent dans la montée et l'affirmation du racisme. Ceci étant, tous les phénomènes qu'on souhaite mettre en exergue ont une dénomination propre, qui découle du contexte qui les a vus naître, ou à défaut, on invente un mot nouveau pour marquer désormais la spécificité. Ainsi fût-il de l'antisémitisme, qui fut crée au lendemain de l'holocauste, pour traduire de manière spécifique les actes perpétrés contre les juifs. Il convient de préciser que étymologiquement, le type sémite est à la fois juif et arabe. De même il existe des gradations dans les phénomènes socioculturels, et à chaque fois on peut s'appuyer sur une expression pour traduire le niveau dans lequel on se situe. Ainsi en est-il de la xénophobie, qui traduit le rejet des étrangers en général, avec une rhétorique sur leur départ de la terre de celui qui est dit xénophobe. Le xénophobe perçoit l'étranger comme un profiteur, qui doit retourner chez lui. On est xénophobe à l'intérieur de son pays, et l'étranger peut très bien être de la même "race" que celui qui lui exprime un sentiment antipathique. Dans un autre ordre d'idée, le chauvin est celui qui croit que n'est meilleur que ce qui est fait chez lui et par ses compatriotes. Le raciste a une dimension plus étendue dans l'espace, et aussi dans la manière. Pour le raciste, le rejet de l'autre peut s'exprimer partout, et même ailleurs que sur son référentiel d'origine. De plus, le racisme s'exprime à l'encontre d'une autre "race", qui est différente de la sienne. Nationalisme, patriotisme, népotisme, chauvinisme, xénophobie, racisme, sont autant de mots qui expriment chacun à leur façon, une préférence ou une aversion exacerbées. Si on évoque les situations historiques subies par les Noirs, on pourrait aussi convenir d'une expression qui traduise le manque de respect et de considération qu'ils ont pu essuyer dans certain contexte. La traite des Esclaves a eu son cortège de mauvais traitements, avec un summum au moment de la promulgation du fameux Code Noir, qui statuait de la condition de l'esclave. L'être humain s'est vu de la sorte assimilé à une valeur mobilière… Les exactions commises plus tard, lors du processus dit de "colonisation" des contrées africaines, furent tout aussi criardes. Sévices corporels pour rentabilité insuffisante dans les plantations coloniales – chair à canon lors de conflits mondiaux pour lesquels les tirailleurs des premiers rangs, enrôlés de force par la métropole, ignoraient tout des tenants et aboutissants de la guerre – répressions sanglantes lorsque les velléités indépendantistes devaient s'affirmer – politique ségrégationniste avec respect inexistant et impossibilité d'accéder aux besoins les plus élémentaires – ingérence et déstabilisation de républiques officiellement souveraines à des fins de géopolitique stratégique durant la guerre froide, etc. Les Noirs ont payé un tribut suffisamment lourd à ce jour, pour justifier qu'on "invente" un terme qui traduise toutes les antipathies qui leur ont été historiquement manifestées, toutes les exploitations dont ils ont souffert. Par ailleurs beaucoup de ces assentiments sont parfois encore palpables à l'heure actuelle, avec une certaine acuité même. A l'évidence, ce mal ne sera exorcisé que s'il est légitimement combattu, et une mise à l'index ne serait que salutaire. C'est dans cette optique qu'un terme devrait voir le jour pour dénoncer plus que jamais ce qui a été fait de regrettable, pour éviter de le perpétuer à souhait, et de le répéter demain. La meilleure réponse aux actes odieux perpétrés par le passé à l'endroit des Noirs est la prévention, et un des moyens d'alerter les jeunes générations serait certainement d'éveiller les esprits, en proclamant que "l'Antinubisme" représente désormais toute attitude qui est produite à des fins de nuire à un Noir. La référence à la Nubie serait judicieuse dans la mesure où elle représente la plus ancienne civilisation Noire connue, avec un mode de vie, un modèle social et une gouvernance affirmés. De plus la prononciation en anglais serait proche de son équivalent en français (antinubian). Une telle reconnaissance ne serait pas chère payer, à côté du sang versé par tous ces Noirs que l'Histoire, dans ses soubresauts, choisit souvent d'oublier.

Au delà de la reconnaissance même d'un terme pour qualifier les exactions subies par les Noirs, la démarche se veut hautement plus globale, avec en toile de fond un respect retrouvé. En effet, on assiste à l'heure actuelle à un rejet "culturel" des jeunes générations pour ce qui aurait pu tenir lieu de modèle pour eux, du simple fait de leur ignorance. Or cette ignorance qui au demeurant a été entretenue lors des différents contacts avec les Occidentaux, résulte des politiques successives d'assimilation voire même de négation culturelle du Noir vis-à-vis de ce qui a existé autrefois chez lui. Et ces politiques destructives sont l'expression même du racisme, du fait qu'un modèle social a voulu être imposé de force, à des sociétés qui en connaissaient pourtant d'autres. Par ailleurs le paternalisme actuel souvent dénoncé dans les rapports entre gouvernants occidentaux et subsahariens apparaît comme la conséquence de ces politiques menées autrefois. Et de toute évidence, le racisme latent a puisé ses racines dans l'essor de la Traite négrière. En effet, on peut se souvenir qu'au 12ème siècle, il a existé un évêque Noir, dont la statuette reste même exposée dans une cathédrale à Magdeburg en Allemagne. A cette époque-là, les rapports entre le Nord et le Sud étaient encore "égalitaires", avec un respect des gens du Sud qui avait conduit à la "sacralisation" d'un des leurs. Le travail de fond est nécessaire non seulement pour les Noirs eux-mêmes, qui vont trouver le moyen de se réconcilier avec leur passé souvent oublié ou travesti, mais aussi pour les Occidentaux chez qui il faudrait exorciser les gènes d'un racisme qui rebondit trop souvent sur les Noirs, les Arabes et ou les Juifs. Le racisme latent a provoqué des clichés récurrents qui présentent souvent le Noir comme un personnage acculturé, qui a faim ou est malade, quand il ne fait pas carrément pas la guerre à son frère de voisin. Et quand on réalise que ces "frères" ont les mêmes ancêtres qui sont partis de la Vallée du Nil, on mesure aussi toute la profondeur néfaste et non moins actuelle des processus d'acculturation et d'assimilation. L'Afrique qui ne sait pas d'où elle vient n'aura que plus de mal à savoir où aller!!!

Le respect retrouvé des Subsahariens débouchera sur un traitement d'égal à égal, avec une considération nouvelle des rapports humains. Le commerce mondial gagnera alors à voir des protagonistes négocier sur un même pied d'égalité, avec des règles de transparence établies, qui ne dérogeraient plus le droit à un individu et sa clique de solder tout le patrimoine national à son seul profit.