Ce que nous voulons! Par Shanda Tonme.

...Nous n’allons ni inventer la lampe à pétrole, ni le moteur à essence. Nous n’allons inventer ni la chasse aux sorcières, ni les fours crématoires. Nous n’allons inventer ni les pelotons d’exécution, ni la prison de Roben Island. Nous n’allons inventer ni le Tribunal de Nuremberg, ni le Tribunal spécial sur le Rwanda, ni les procès de Pétain, de Barbie, de Pinochet ou des époux Rosemberg.

Nous n’allons rien inventer, et ce que nous voulons, c’est d’abord que dans les luttes qui fondent notre dernier espoir d’un lendemain meilleur, la considération des autres pour notre cause, soit égale à celle qu’ils affectent aux luttes partout ailleurs en Ukraine, en Serbie, en Mongolie, en Irak.

Ce que nous voulons, c’est que le jour de nos procès, l’on ne nous prêche point la réconciliation nationale en trompe l’œil comme des bonbons donnés à des gamins pour détourner leur attention des choses réelles. Nous n’avons vu nulle part des traîtres et des corrompus partager le sort des justes et des patriotes. L’Occident a gagné et conservé sa liberté en mettant les traîtres à mort, et en jetant tous les corrompus dans les poubelles infâmes de l’histoire. La France libre n’a pas pardonné à Pétain, ni à Papon. Le peuple juif n’a pas crée un Etat avec ses traîtres. Partout, ceux qui étaient opposés à la cause du peuple et ceux qui par cupidité ou par calcul égoïste ont été d’intelligence avec l’ennemi, ont été mis à mort.

Comment voudrait-on nous prêcher la tolérance et le compromis ici, pendant que l’histoire nous montre clairement ce que les autres peuples ont fait dans la même situation. Ceux qui en Afrique de l’Ouest ont déclaré que l’élection au Togo s’était déroulée dans des bonnes conditions et que le résidu du clan Eyadema avait gagné honnêtement, méritent d’être mis à mort, tout comme ceux qui, tapis en Occident et dans les bureaux somptueux de l’Onu, ont félicité le peuple togolais pour être allé voter ”.

...Ce que nous voulons profondément, c’est que les représentants de ces puissances qui viennent chez nous, disent la vérité, et surtout qu’ils ne s’offusquent pas lorsque nous les interpellons pour corriger leurs erreurs d’appréciation, pour dénoncer leur silence, ou pour critiquer leur démarche. Lorsque des enfants meurent ici et que des ambassadeurs trouvent à blanchir les coupables, nous ne pouvons plus continuer à dire qu’ils sont nos amis ou qu’ils travaillent pour la justice et la paix dans le monde.

Ce que nous voulons, c’est que de petits agents placés dans les ambassades pour s’informer et dire la vérité sur la marche de nos pays, ne se transforment pas en play boys qui dorment dans les boîtes de nuit, font du safari tout le temps, et rédigent des rapports tronqués pour conseiller l’élimination physique des intellectuels honnêtes engagés et des patriotes.

...Ce que nous voulons, c’est que les mêmes principes qui orientent le jugement de ceux qui, ici et là prônent la démocratie, les conduisent à comprendre que nous ne sommes pas libres en Afrique, que nous sommes des otages permanents, que nous sommes gouvernés par des vautours sans foi ni loi, et que à défaut de nous aider à gagner notre liberté et notre indépendance, nous sommes condamnés à suivre Patrice Lumumba. La sortie de crise au Togo ne saurait être une question de négociation, car nulle part dans l’histoire, l’Occident n’a pardonné à un déchet de dictature comme ce fils d’Eyadema. Un gouvernement d’Union nationale suppose que l’on accepte cet enfant de la poubelle comme Président, ce qui équivaudrait à avaliser le complot ourdi contre le peuple togolais et l’humiliation de ce qui reste de nationaliste en Afrique.

Ce que nous voulons, c’est que les grandes puissances qui se réunissent à New York

pour faire le bilan du traité de non-prolifération nucléaire signé à Moscou en 1963, comprennent que les peuples à force de souffrance, n’auront pas le choix et utiliseront la première arme qui sera à leur portée. Les Etats-Unis en utilisant l’arme nucléaire contre le Japon en 1945, n’avait consulté personne. Demain, nous ne consulterons personne sur nos moyens, sur nos voies, et sur nos programmes. Les citoyens qui réclament des armes dans les rues de Lomé aujourd’hui, n’attendent plus rien de l’Occident et de l’Onu. Ils ont été trahis par ceux-là mêmes de qui ils espéraient une compassion et un arbitrage justes. Ainsi trahis de l’extérieur, ils ont été aussi trahis de l’intérieur par la Cedeao, Obasanjo et autres.

Ce que nous voulons, ce n’est pas la guerre contre les Etats unis, ni contre l’Europe, ni contre la France, ni contre le Fmi. Ce que nous voulons, c’est cette liberté et cette démocratie évoquées par Georges Bush, et pour cela, nous payerons le prix annoncé par patrice Lumumba.

Le messager

Le 04-05-2005