" Privilége du roi"
Par cesfossoyeursdelarepublique, lundi 16 octobre 2006 à 18:09 :: Général :: #1417 :: rss
" Tous les hommes sont mortels"
« Privilège du roi»
« Tous les hommes sont mortels », ce titre de l’un des romans de Simone de Beauvoir publié en 1946 doit habiter nos esprits en ces temps qui courent. 1946, le monde venait de sortir de l’une de ces nuits les plus noires de son histoire à cause de l’aveuglement de certains despotes qui espéraient pouvoir imposer leur dictat au monde entier. A la tête de cette bande de dictateurs se trouvait un certain Führer et chancelier nazi nommé Adolphe Hitler. Il n’aimait pas le marxisme. Tout ce qu’il n’aimait pas devait disparaître selon sa vision des choses. Alors, tout ce qui touchait au Marxisme devait périr. Il n’aimait pas le juif. Dans sa tête de gangster, le nazisme, compris sous l’acceptation hitlérienne, n’avait rien de mal, c’est le juif qui ne devait pas exister. Il aimait la xénophobie. Donc, les peuples qu’il considérait comme inférieurs devaient disparaître ou se mettre à genoux devant lui. C’était le cas des Slaves, des Tsiganes etc. Il aimait l’expansionnisme. Et voilà, en 1942, le Führer avait réussi à annexer une grande partie de l’Europe et de l’Afrique. Le NSDAP, son parti, avait réussi entre 1928 et 1932 à se hisser au sommet de l’Etat Allemand en exploitant la crise de l’époque. En 1944, face à la défaite qui s’annonçait de plus en plus, il avait échappé à l’attentat du groupe d’officier du colonel Von Stauffenberg mais fini par se suicider le 30 avril 1945. Triste fin pour cet homme qui se prenait pour le centre du monde. « Tous les hommes sont mortels » Cette vérité s’est appliquée à ces collègues Benito Mussolini de l’Italie, Antonio de Oliveira Salazar du Portugal, Jozef Klemens Pilsudski de la Pologne.
En Afrique, Sékou Touré, maire de Conakry en 1955, député guinéen à L’Assemblée nationale française en 1956 et vice président du conseil de Guinée en 1957, après avoir mener son pays à l’indépendance avec fierté à l’issue du référendum du 02 septembre 1958, y avait installé un régime policier. Sa politique avait fini par être désastreuse pour la Guinée. Il meurt en 1984. Une mort que son peuple ne pleura point. D’autres leaders qui se prenaient pour des demi-dieux tels que Mobutu Sese Seko, François Duvalier, Baby Doc, Jean–Bedel Bokassa, pour n’en citer que ceux là, connurent tous des fins de règne tristes. « Tous les hommes sont mortels »
Qu’est-ce qui explique le comportement de ces héritiers de T. Larcius (501 av J.C) et de Jules César se proclamant dictateur à vie, un mois avant sa mort en 44 av J.C ? Pourquoi installe-t-on ce type de régime dans un pays ? Est-il normal qu’un homme (ou un groupe d’hommes) se maintient au pouvoir en usant de l’arme de la violence sous toutes ses formes, des institutions de la République, des médias d’Etat comme des instruments de propagande, de l’argent du contribuable comme moyen de corruption et d’achat des consciences, y compris celles de certains guides religieux ou intellectuels ? Cette catégorie d’intellectuels accepte, pour des strapontins, de se rabaisser au rang de véritables griots de la cour, de lèches bottes sans scrupule?
Incapables de trouver des solutions aux crises économiques et sociales et aux antagonismes qui en découlent, ces esprits limités invoquent Staline dans leurs rapports avec tous ceux qui ont des idées contraires aux leurs : « Qui n’est pas avec moi est contre moi. » Et c’est parti pour des jours, des mois, des années de brimades et de privation de liberté. Le peuple est séquestré dans une pensée unique, celle du maître. Tout le monde doit se soumettre et dire en tout moment et en tout lieu « Selon la vision du maître ». Celui qui n’appartient pas au groupe du maître, n’appartient pas à la nation ou ne l’est que de façon virtuelle. Il vote, vivote, vadrouille ou trime pour que ceux du groupe du maître s’habillent bien, mangent bien, dorment bien, voyagent bien, etc. Il trime et n’a point le droit d’user de la critique, cette voie par où, chacun peut participer librement et pleinement, dans un Etat normal, à l’émergence d’un avenir meilleur. Il est confiné dans un rôle dégradant de subordination. Aux élus les merveilles, aux électeurs les mirages !
Le groupe du maître limite et réglemente l’expression de la pensée en utilisant la censure sous ses formes les plus primitives. Des délits dont la majeure partie n’a ni un élément légal fiable, ni un élément matériel palpable, ni un élément intentionnel sérieux, s’accumulent dans leur livre de chevet. C’est le règne de la terreur pour se protéger eux mêmes. Un changement de régime, dans ce genre de situation, correspond chez eux à une descente aux enfers. Ne jamais subir le revers de la médaille ; et pour cela, il faut rester coûte que coûte aux commandes, quitte à le faire en bafouant les droits de l’Homme. Savent-ils que même Staline n’est plus. « Tous les hommes sont mortels. »
Dans la société athénienne du IVe siècle, Socrate fut condamné à boire la ciguë pour avoir refusé de croire à l’idée reçue selon laquelle les astres ont un caractère divin et mystérieux. Anaxagore et Protagoras eux furent condamné à l’exil pour délit d’opinion dans leur volonté d’être maître de leur pensée. Des tribunaux spéciaux appelés tribunaux inquisitoriaux du XIII e siècle, au « privilège du roi » institué par Richelieu en 1629 et délivré par les services du garde des sceaux et sans lequel aucun livre ne pouvait paraître, la volonté de nos leaders d’éloigner des esprits tout ce qui ne vote pas en leur faveur personnelle est sans limite ni pitié.
Hier, j’ai appris que nos honorables députés avaient encore remis ça le 15 juillet 2006, cette fois ci en catimini : leur vote qui ne vote pas pour l’intérêt du peuple qu’ils sont sensés représenter au sein de l’hémicycle. Mais ce n’est pas étonnant si l’on sait que ces derniers sont tous, à l’heure actuelle, des usurpateurs de la volonté du peuple qui les avait juste élus pour un mandat d’une durée de cinq ans. Qu’ont-ils encore fait ? Hé bien je vais vous le dire. Ils ont voté une loi sur la circulation des documents chez nous. Il a fallu que Maître Doudou NDOYE nous révèle son existence lors d’un point de presse tenu le 13 octobre 2006. Maître NDOYE renseigne que « cette loi stipule en son article 17 que « la sortie du territoire national de toutes archives privées est soumise à l’autorisation préalable du Directeur des Archives du Sénégal, après avis du Comité technique permanent du Conseil supérieur des archives lorsqu’elles ont un caractère national ou historique reconnu. » et de préciser que, selon le législateur, « Les archives sont constituées par l’ensemble des documents quels qu’en soient la nature, la forme ou le support matériel, produits ou reçus par une personne physique ou morale dans le cadre de son activité publique ou privée. » - Walfadjri n° 4376 du samedi 14 – dimanche 15 octobre 2006. Sommes nous arrivés à l’ère de la censure d’Etat dans ce pays ? Sont-ils tellement apeurés par leurs difficultés à trouver des solutions aux multiples problèmes du pays au point de vouloir verser dans cette facilité de certains absolutistes qui ordonnent : « Nous ne voulons pas voir entrer ou sortir de notre territoire un document en désaccord avec notre façon de voir et de faire. Alors contrôlez-nous tout. » ?
Au moment où, grâce à la Révolution de l’Internet, le périmètre des échanges ambrasse le globe, comment comprendre cette démarche censurant de nos députés ? Savent-ils que mon peuple n’a pas besoin qu’ils transforment ce pays en un Etat policier avec des lois aussi liberticides? Honorables députés usurpateurs de la volonté du peuple, par décence, cesser vos agissements qui ne vous honorent nullement. Vous nous faites hontes. Vous allez vous pencher sur d’autres lois impopulaires telles que cette loi qui parle de faire revenir le Sénat et celle consacrant l’augmentation de nos députés à 150 etc. De grâce, pensez qu’un jour, nous allons tous mourir et que nous répondront devant Dieu de nos moindres faits et gestes. Aidez, pour une fois, votre leader en rejetant tous ces projets de loi qui risquent encore de gaspiller nos deniers ; faites le pour sauver sa crédibilité et sa côte de popularité en décadence ! Refusez de faire de l’hypocrisie un gagne pain quotidien ! Ce Sénégal, sous perfusion, vous supplie, chers députés usurpateurs de la volonté du peuple, d’être plus regardant sur vos votes de projets de loi. Contrôlez l’action de l’exécutif qui, au lieu de s’occuper à résoudre les problèmes socio-économiques du pays, passe tout son temps à combattre un adversaire politique sorti des rangs du parti de son chef et s’arroge même le droit d’interdire à ce dernier d’appeler son parti Rewmi. Hélas ! Quand un capitaine est maladroit, son navire le ressent. Capitaine Thomas Sankara lui, n’était pas maladroit. Ayons une pensée pieuse pour le repos de son âme et de celle de ses douze collaborateurs en ce jour de 15 octobre date souvenir de leur assassinat en 1987. « Tous les hommes sont mortels. » Pensons-y !
« On ne participe pas à la chasse à l’éléphant en se contentant de regarder passer son cadavre devant sa case. »
Tafsir Ndické Dièye Ecrivain sénégalais Auteur de romans policiers dont : Ces fossoyeurs de la République Editions Mélonic Québec juillet 2005 E-mail : ndickedieye@yahoo.fr
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment.
Ajouter un commentaire