CHRONIQUES XALIMA Par : Tafsir Ndické Dièye écrivain sénégalais , dimanche 4 février 200--- Non Sidy Lamine Niass, c’est Wade qui risque de se retirer de la course au grand bonheur de mon peuple.

Mon pays, vitrine de la démocratie en Afrique il fut un temps, a connu, dans son histoire politique plusieurs combines qui ont eu à mettre le peuple devant le fait accompli. Nous pouvons nous souvenir du président Senghor léguant le pouvoir de façon subtile à Abdou Diouf en utilisant la constitution. Mais, avec ces élections présidentielles en perspective, nous risquons de vivre encore de grandes surprises. Wade sait que ses bains de foules d’entant ont cédé leurs places à des « bains de huées » et de brassards rouges. Idy le sait aussi. Wade sait qu’il ne peut pas se prévaloir d’un bilan capable d’orienter le vote des sénégalais en sa faveur. Wade sait aussi que, même ceux à qui, on attribue à tort ou à raison le titre de grands électeurs, la majeure partie d’entre eux lui a tourné le dos. Enfin, il sait aussi que son état major politique actuel n’inspire pas confiance aux votants de ce pays.

Par un sursaut d’orgueil, je pense très sincèrement qu’il n’acceptera pas de se présenter à l’élection présidentielle et d’être battu à plate couture par ses adversaires. Idy, un leader politique ayant eu à assister à la débâcle de Abdou Diouf en 2000 malgré le jeu de Jojo politique de Monsieur Djibo Kâ, sait que le peuple sénégalais fatigué par l’alternance qu’un grand nombre de citoyens considère comme une arête dans la gorge de l’histoire de notre pays, n’acceptera pas de le suivre s’il lui demandait de voter Wade au premier ou au deuxième tour. Ma conviction est que notre très cher président a initié des négociations avec la seule personne capable de lui mettre efficacement les battons dans les roues en cas de confrontations politiques parce que le connaissant assez mais aussi sur qui, il croît pouvoir compter pour se faire pardonner avec sa famille et ses protégés dans un cas de figure où ce dernier serait le quatrième président de la République du Sénégal, pour se frayer une porte de sortie « honorable ». Avec des garanties dans ce sens données par Idy aux guides religieux, si tel était le cas, ce dernier, une fois élu serait dans l’obligation de les respecter.

Non Sidy, je pense que c’est Wade qui risque de se retirer avec ses 82 ans environ de la course et ceci, dès le vote du projet de loi visant suppression de l’article 34 de la constitution source de tant de polémiques ces derniers temps. Si les résultats de la démarche des médiateurs et en premier lieu Serigne Abdou Aziz Sy est le départ du président sous cette formule, tant mieux pour le peuple. Les autres candidats pourront aller aux élections sereinement et que le meilleur gagne.

Wade et son parti ont ceci de spécial ; leurs militants sont comme les membres d’un secte : le gourou indique la direction à suivre et tout le monde s’exécute sans murmure. Si demain il désiste et oriente ses troupes en direction de Idy, une bonne partie, pour ne pas prendre le risque d’être en chômage politique pendant et après les joutes électorales, va se ranger, avec son armada de combat électoral, dernière lui. Certains le feront sans gène en chantant même ses louanges, malgré tout le venin qu’ils ont eu à cracher sur l’homme, d’autres en gardant un semblant de dignité, le regard faussement suffisant. Trop d’encre a coulé dans les retrouvailles Wade Idy, trop de salive aussi. Beaucoup de personnes se sont senties trahies par les mots de Idy après sa dernière audience avec Wade. Ce dernier aussi a surpris, non pas les fins observateurs de la scène politique, mais ces va-t-en guerres si promptes à le défendre quelque soit le malheur auquel il convie son peuple et ses institutions.

Je suis d’avis que de l’encre va encore beaucoup couler. Je suis d’avis que de la salive va encore couler. Je suis d’avis que beaucoup de compagnons du vieux vont tomber en syncope quand le film connaîtra son épilogue. Pour mon peuple, ce qui importe est que des élections transparentes se tiennent à date échue pour lui permettre d’accomplir son devoir citoyen dans les règles de l’art. Qu’au sortir de ses joutes électorales, le meilleur l’emporte avec élégance face à l’esprit de sportivité de ses collègues concurrents. Je souhaite que ce meilleur candidat parce que étant celui qui a engrangé le maximum de voix sur les autres, le soit aussi dans la satisfaction des attentes des sénégalais. Le salut de mon peuple passera immanquablement par des soins intensifs apportés à sa morale.

La politique au Sénégal ne jouit plus d’un environnement propre à cause de la facilité avec laquelle nos acteurs politiques trahissent les convictions qu’ils défendaient la minute d’avant. Le peuple n’étant pas amnésique, je sais qu’il fera une bonne lecture des candidats en liste pour ne pas nous plonger de nouveau dans les labyrinthes du pilotage à vue, ce plat préféré du régime de l’alternance. Je sais que mon peuple saura sortir grandi de ces élections pour flirter avec un nouveau Sénégal plus clément.

« On ne participe pas à la chasse à l’éléphant en se contentant de regarder passer son cadavre devant sa case. »

Tafsir Ndické Dièye Ecrivain Sénégalais Auteur de romans policiers dont : Ces fossoyeurs de la République Editions Mélonic Québec juillet 2005 E-mail : ndickedieye@yahoo.fr