Communiquer ou ne pas communiquer les comptes de l’ANOCI comme le veut le Forum Civil membre d’un comité de contrôle des travaux de la dite Agence ? Répondre clairement ou ne pas répondre au rapport du Syndicat des architectes du Sénégal (Synas) ? Voilà le dilemme qui semble déranger nos amis de l’ANOCI.

 Karim Wade et Abdoulaye Baldé sont les gardiens d’un secret qui fait d’eux finalement ses captifs.Ils ne savent peut être pas qu’un secret s’échappe toujours de ses grilles au moment où on s’y attend le moins et, comme une coulée de feu, brûle tout sur son passage. Quand la loi du silence s’évertue à phagocyter le devoir de transparence et imposer le silence de la loi, ce qu’on cache chausse les souliers de l’imposture. Mais, que ces deux là retiennent la leçon du journaliste de renom Marie Huret : « Les empêcheurs de tromper en rond se heurtent souvent à un concert de résistances. Pour eux, qu’importe si la vérité est infamante, si l’honneur du clan est en péril, ils préfèrent savoir. »  C’est en cela que s’attellent le Forum Civil, le Synas et d’autres bonnes volontés: « …ils préfèrent savoir ».

Comment exercer un contrôle satisfaisant de A à Z sur des travaux dirigés par le fils du président lorsqu’on est au Sénégal sous le régime de l’Alternance ? Est-ce que c’est possible avec tous ces samouraïs du pouvoir si véloces lorsqu’il s’agit de défendre vaille que vaille l’idéal qu’ils forgent avec ruses et détermination pour le prince, l’homme « providence », le fils du chef qui « gagne tous ses procès », « qui travaille très bien » et dont « les mains sont propres » ?

Le Forum Civil, invité à participer à un contrôle sur les travaux de l’ANOCI, se voit refuser l’accès aux comptes de la dite structure comme nous le révèle le défenseur chevronné de l’éthique, Mouhamadou Mbodj. Le Synas, Syndicat des Architectes du Sénégal, quant à lui, produit un rapport sur ces mêmes travaux et dans lequel, il relève des manquements et parle, par la voix de Ousseynou Faye, de « saisir le Tribunal Pénal International pour crime économique » en précisant que « les faits sont gros ».

Face à cette situation, devons nous continuer à favoriser une sorte d’indulgence complice en faveur de la mauvaise gestion dans ce pays ? Pourtant, le monsieur, son père l’a présenté comme un grand travailleur. Certains poussent le ridicule jusqu’à nous parler d’une chose dénommée « Génération du concret » pour mieux flatter l’ego de ces boss de l’ANOCI et leur faire rêver, eux qui sont déjà « En route vers le sommet »… « Aveugle pour les fautes, le destin peut être implacable pour les moindres distractions. », nous apprend, avec humilité, Jorge Luis Borges.

Depuis sa création en 1969 à nos jours, l’OCI a tenu plusieurs sommets, presque un sommet tous les trois ans dans l’un de ses 56 pays membres. D’ailleurs notre pays l’a déjà abrité sous le magistère du président Abdou Diouf. Cependant, les préparatifs de celui-ci remportent haut la main le palme du débat sur la non transparence, sur l’amateurisme qu’on cherche à justifier, à toujours justifier, par le caractère urgent des choses à accomplir avant le jour J. C’est honteux ! Ces Etats membres de l’OCI nous observent. Attention ! Nous n’avons pas le droit à l’échec. Les combats de l’OCI, depuis sa création, sont nobles : l’érection de la Palestine en Etat avec des frontières reconnues et respectées par tous (un combat qui connaît une certaine évolution malgré le duo USA-Israel agressif), la résolution du problème Afghan, la création d’un grand marché dans l’espace de ses pays membres, l’assistance médicale, la construction d’écoles et d’universités, d’édifices religieux entre autres… Bien que ses Etats membres ne sont pas exemptes de critiques, l’Islam qui est la religion de référence de cette organisation n’aime pas la fourberie, le flou ; c’est une religion qui prône la bonne gouvernance, la transparence, la justice, la solidarité envers les plus faibles. Ce pays, vu l’Etat de fakir dans lequel vit son peuple, avait, d’ailleurs, d’autres urgences de survies qui devaient mobiliser tout ou une grande partie de ces investissements de prestiges dont la « qualité » vient de réveiller le courroux du Synas. On embellit la corniche à coût de milliards ; à quelques distances de là, dans la banlieue dakaroise, on patauge dans des eaux de pluies stagnantes âgées de plus de 12 mois, la saleté. On vit dans la promiscuité totale et le monde rural a faim, terriblement faim. Quel paradoxe ! J’espère que nos hôtes iront d’eux-mêmes constater cela avant de repartir afin de mieux cerner l’écart qui existe entre les dires, les slogans et la réalité dans ce pays, entre le poignet de nouveaux riches et le reste du peuple qui croupit dans une dèche alarmante. Qu’ils le sachent bien ; la finalité de la mission assignée à l’ANOCI n’est pas une affaire de famille ou d’un tribu. C’est une affaire de toute une nation, de toute une organisation. Avec la détermination affichée par le président de l’Union des magistrats du Sénégal nouvellement élu à lutter pour l’indépendance de la justice, nous osons espérer qu’un jour ou l’autre, certains impunis seront rattrapés par leur passé. Il en va de l’avenir de ce pays aujourd’hui dirigé par des types que le doyen Amath Dansokho, toujours égal à lui-même, qualifie de « trafiquants » qui ne sont intéressés que par l’argent. Je salue le travail du Forum Civil et du Synas. A ce rythme, l’engagement de Abdou Latif Coulibaly, Jacques HAbib Sy, Abdou Aziz Diop et de tous les autres qui luttent pour la transparence finira par attirer l’attention de l’opinion publique nationale et internationale sur les égarements pernicieux à notre nation commis par cette équipe sans pitié pour son peuple. Les médias d’Etats ayant leurs interdits et faisant dans la propagande anesthésiant pour le peuple, tout le monde doit se mettre au travail pour édifier ceux qui ne le sont pas encore sur les tares de ce régime. J’en appelle à la citoyenneté de tous, surtout des jeunes, des élèves et étudiants dans nos foyers, nos villes et villages les plus reculés, à se porter volontaire pour sensibiliser et ainsi, passer de véritables vacances citoyennes, pour que demain, la volonté du peuple puisse remporter la victoire sur les astuces politiciennes de ce parti Etat.

Tafsir Ndické DIEYE Ecrivain Sénégalais Mail : ndickedieye@yahoo.fr